Où va l'immobilier à Agadir ? Question que tout le monde soulève devant cette flambée vertigineuse des coûts qui s'élèvent de plus en plus à une cadence effroyable. Des opérations de logement qui, il y a moins d'une décennie, sont mises en vente à des prix abordables sentent le brûlé ces derniers temps, où la spéculation est souveraine, au sein des nouveaux promoteurs immobiliers. Dès lors, les lots et les logements se vendaient non pas aux locaux de l'administration en question mais partout dans les cafés des «semsara», connus pour ce commerce illicite. Tous ces lieux sont dotés désormais des plans de masse qui sont disponibles aux plus offrants. Les négociations vont bon train sans que les responsables concernés ne s'y interposent pour mettre fin à cette machine infernale dont les principaux manipulateurs ne sont autres que des agents influents de ce commerce. Il faut dire que ces mêmes autorités ont ouvert la porte à ces monstres de l'immobilier, il y a quelques années. Ceux-ci, encouragés par l'impassibilité, voire la complicité, attisent encore plus cette ascension des prix sans se soucier du reste. C'est alors qu'une panoplie d'opérateurs immobiliers s'est ruée sur Agadir dont la quasi majorité se mettait à monter ses projets sans même l'aval des services communaux ni la prévision des équipements publics accompagnateurs des séries de logements, notamment au lotissement Hay Mohammedi. Les « sous tables » prolifèrent, parfois même atteignant presque la moitié des prix des domiciles. A ce rythme, on se trouverait, sans doute, avec des agglomérations de milliers de familles sans écoles, dispensaires, espaces verts, terrains de sport, foyers de femmes, complexes culturels…Agadir est donc en train de vivre l'horrible cauchemar de la flambée immobilière à cause d'une politique urbanistique axée sur le profit qui va totalement à l'encontre de la stratégie nationale visant la lutte contre l'insalubrité et l'octroi du logement décent accessible à toutes les souches sociales. Il est maintenant déplorable de constater que les promoteurs immobiliers s'étaient lancés à l'acquisition des terrains à divers endroits de la cité à des prix « symboliques », souvent inappropriés pour monter des immeubles surplombant d'autres bas logements avoisinant. Quelles mesures à prendre pour assurer l'équilibre immobilier et pallier à ces dérives déconcertantes pour permettre aux générations futures d'accéder au droit au logement dans le respect de leur pouvoir d'achat ? Certes, on ne peut contester le fait que toutes les exigences de la vie ont connu des augmentations par rapport au temps révolu où, à titre d'exemple, le prix des logements au quartier Charaf ne dépassait guère 11 millions de centimes (maintenant avec de simples réaménagements, le même logement atteint facilement les 2 millions de dirhams). Cependant, tout esprit civique ne peut tolérer cette débandade immobilière dont pâtissent les masses les plus défavorisées, avec cette spéculation assassine et ce laisser-aller coupable des autorités en connivence avec les nouveaux décideurs privés de l'immobilier. On ne saura jamais comment, demain, les citoyens parviendront à prétendre à des logements à des prix raisonnables, devant cette chevauchée galopante des prix. Sans doute, la solution n'émanera-t-elle nullement des actuelles autorités à multiples niveaux qui ont, malheureusement, contribué à cette situation désastreuse et qui ne sont point prêts à exorciser leurs méfaits. Il est alors impératif d'intervenir dans l'immédiat afin de couper avec ce laxisme, cette complicité et ce crime social dans une ville martyr qui avait subi les caprices des hauts gestionnaires de la région par leur indifférence et leur intéressement. Valoriser la ville ne veut nullement dire exterminer son équité sociale et la confier aux seuls détenteurs de capitaux et aux spéculateurs qui s'amusent à bâtir et vendre à des prix asphyxiants. Valoriser la ville veut dire surtout et avant tout réguler ses espaces habitables de façon à combler ce droit légitime à toutes les couches sociales, en particulier celles aux petits et moyens revenus.