La politique migratoire du gouvernement espagnol, le traitement réservé aux immigrés et à leurs membres de famille et les conditions dans lesquelles s'opèrent les processus de convivialité et d'intégration ont été positivement évalués par l'Indice de Politiques d'Intégration des Immigrés (MIPEX). Cet Indice, considéré comme un instrument de mesure des politiques d'intégration dans 31 pays d'Europe et d'Amérique du Nord à travers l'évaluation de 148 indicateurs, place l'Espagne parmi les dix premières nations accueillant une nombreuse main d'œuvre étrangère. Dans ce contexte, il a été constaté qu'elle se situe en troisième place en matière de regroupement familial, 4ème en ce qui concerne la mobilité dans le marché du travail et deuxième quant à la durée de résidence, un indice qui démontre l'application d'un modèle de politique d'immigration qui va dans le sens de la promotion de l'intégration sur la base de l'égalité des droits, des obligations et opportunités. En réalité, l'Indice MIPEX tient en considération le degré d'application de certaines directives, règlements et lois régissant les conditions d'accueil des immigrés, leur accompagnement durant le processus migratoire et la garantie d'accès aux services universels telles la santé et l'éducation. Il analyse la politique officielle en matière d'immigration et non les rapports entre immigrés et employeurs ou immigrés et société. Cependant, cet indice appelle à un certain nombre de réflexions sur l'attitude de l'administration et des employeurs à l'égard des immigrés. D'abord, tous les étrangers démunis de papiers en règle bénéficient pleinement des droits fondamentaux prévus à la Constitution, dont la jouissance de services sociaux. A l'exception du droit au droit au travail, ceux-ci ont accès à la santé publique de base, aux soins primaires, aux prestations sociales accordées aux couches sociales défavorisées et en situation vulnérable, à l'éducation de leurs enfants (tous les cycles de formation y compris l'universitaire), au droit de réunion et de participation sociale. De leur côté, les immigrés en situation légale jouissent pleinement de leurs droits de citoyenneté au même titre que les autochtones ou tout autre étranger communautaire. Ils peuvent exercer sans discrimination dans tout type d'activité grâce au permis de travail comme ils peuvent se déplacer à l'intérieur de l'Union européenne munis seulement de la carte de résidence délivrée par les administrations compétentes. Théoriquement, il n'y a aucune restriction qui limite le droit à la jouissance des droits garantis par la Constitution. Dans la pratique, l'immigré en situation légale est victime d'une discrimination professionnelle de la part de l'entrepreneur qui recourt, en cas de sélection de la main-d'œuvre, à des critères subjectifs. Les immigrés marocains sont, dans ce cas, les grandes victimes de cette approche. Dans ce contexte, les entrepreneurs préfèrent les latino-américains pour des considérations d'ordre culturel, la langue et la religion, et, les européens de l'Est qui sont généralement dotés de hautes qualifications professionnelles. Pourtant, la loi sanctionne toute attitude tendant à transgresser les droits au travail, de l'homme et celui de protestation en cas de conflit. Dans les régions autonomes, le «Cadre des activités de difficile couverture» limite l'accès des immigrés à certaines activités particulièrement celles exigeant une moyenne ou haute qualification. C'est la raison pour laquelle, par exemple, de nombreux marocains rencontrent des difficultés de couvrir les postes vacants de médecin, architecte ou professeur dans ces régions. Les organisationnels de défense de l'homme, contre l'intolérance ou la discrimination ne cessent de dénoncer certaines pratiques au marché du travail qui excluent l'immigré de toute opportunité d'exercer des activités conformes à sa formation et ses habilités. De même, la dernière révision de la loi régissant les conditions de résidence et de travail des étrangers a apporté certaines limitations qui vont dans le sens de durcir davantage le contrôle sur le mouvement des sans papiers et le regroupement familial. Il est cependant judicieux de souligner qu'en dépit de la crise qui sévit en Espagne depuis 2008, les immigrés en chômage bénéficient des mêmes droits que le reste des employés autochtones en termes de prestations. Aucune mesure spéciale n'a été non plus adoptée à l'encontre de ceux qui n'ont pas réussi à réintégrer le marché du travail bien qu'ils aient épuisé tous leurs indemnités de chômage. Des programmes spéciaux élaborés par le ministère du travail et de l'immigration encouragent le retour volontaire des immigrés à leur pays d'origine.