La réforme du dispositif national des droits humains par la création de nouvelles institutions, en l'occurrence le « Médiateur» présidée par Abdelaziz Benzakour et la délégation interministérielle des droits de l'Homme, dirigée par Mahjoub El Haiba, suscitent des réactions divergentes au sein des associations des droits de l'Homme. Selon l'AMDH, ces deux institutions agissant dans le cadre de l'actuelle constitution ne traduisent pas réellement les attentes du peuple marocain. Khadija Erriyadi, présidente de l'Association marocaine des Droits de l'Homme (AMDH), indique que la création du Médiateur et de la délégation interministérielle des droits de l'Homme est en deçà des attentes et ne répond pas concrètement aux doléances exprimées par les Marocains. Selon l'AMDH, dans la conjoncture actuelle, cette réforme du dispositif national des droits de l'homme est insuffisante et sans effet réel vu que ces nouvelles institutions sont régies dans le cadre des dispositions de l'actuelle constitution, rejetée par des Marocains. «L'actuelle constitution représente l'obstacle sine qua non à la consolidation des droits de l'homme. De même, Il s'agit des mesures prises individuellement et imposées sans concertation ni implication du peuple marocain», exprime Khadija Erriyadi. Pour elle, ce feuilleton répétitif de remplacer des conseils par d'autres qui n'en finit pas, n'a apporté aucune valeur ajoutée à la situation des droits de l'Homme au Maroc. «Cette série de changements et de réformes a montré ses limites et se retrouve dépassée aujourd'hui», estime-t-elle. Pour ce qui est de l'installation de délégation interministérielle aux droits de l'Homme, la présidente de l'AMDH affirme que cette institution ne représentera pas un interlocuteur valable pour le mouvement des droits de l'homme et les acteurs associatifs au Maroc. «La nomination d'un délégué interministériel sans ministère aura-t-elle la portée escomptée et sera-t-elle efficace ?», S'interroge- t-elle. Et d'ajouter que l'AMDH avait auparavant protesté contre la suppression du ministère des droits de l'Homme. Khadija Erriyadi assure, en outre, que répondre aux revendications du peuple marocain, notamment en matière des droits humains, passent inéluctablement par un dialogue national impliquant toutes les composantes sur la question de la démocratie et le partage des pouvoirs.