Le discours royal consacré aux modalités de la mise en place de la régionalisation avancée et aux procédures devant assurer une large consultation nationale permettant à l'ensemble des organisations politiques et syndicales et aux acteurs de la société civile de participer à la conception des amendements de la constitution qui seront soumis au suffrage universel, représente d'ores et déjà de l'avis des observateurs de la scène politique marocaine une révolution constitutionnelle annonciatrice d'une ère nouvelle. Au-delà des appréciations conjoncturelles, le discours royal s'inscrit dans une longue tradition qui a façonné l'être marocain le long des siècles et exprimé parfaitement la cohésion nationale et la destinée d'un peuple qui fut de par le passé comme au présent un acteur agissant de l'histoire. Cette solidarité destinale ayant guidé la marche des marocains et des marocaines, comme elle avait permis au passé lointain de sauvegarder le fondement- même de l'être collectif, elle exprime aujourd'hui l'aspiration de la nation entière à consolider les acquis du passé durement conquis et préparer les meilleurs conditions pour l'avènement d'un avenir radieux et une société juste et solidaire. Ce n'est nullement un hasard que l'ensemble des réformes annoncées dans le discours royal soient précédées par la nécessité de hisser les mesures relatives à la mise en valeur de l'identité culturelle plurielle nationale au niveau des fondements et des constances devant être protégés et sauvegardés par la loi suprême sur laquelle le peuple marocain est invité à s'exprimer. En effet, la spécificité marocaine que d'aucun se contente à réduire aux avancées enregistrées en matière de démocratisation en occultant sciemment les énormes sacrifices que les forces du progrès ont consenties de par le passé pour la jeunesse d'aujourd'hui puisse s'exprimer librement, se révèle fondamentalement à travers cette diversité culturelle dont les racines multiples expriment des patrimoines millénaires qui incarnent un bel héritage dont les Marocaines et les Marocains sont les héritiers légitimes à part égale. Le souverain en ayant rappelé la dimension plurielle d'une réelle démocratie ne se limitant guère aux modes de gouvernement devant exprimé solennellement la volonté populaire et qui par essence est appelée à assurer d'une façon équitable les droits socio-économiques et culturels de l'ensemble de la communauté nationale, a tranché en faveur de l'histoire passée et ouvert la voie à un avenir en harmonie avec les aspirations les plus profondes de l'ensemble des couches sociales. Désormais la question culturelle ne se pose plus en termes de revendications à satisfaire mais plutôt en termes de modalités de partage d'un patrimoine collectif devant être sauvegardé et transmis aux générations futures. De la sorte les futurs amendements constitutionnels relatifs à la proclamation et à la promotion de l'ensemble des composantes culturelles de l'identité nationale, tout en s'inscrivant à l'avant-garde des mesures universellement admises permettent ainsi de mettre la culture au cœur du processus du changement social à même d'assurer le développement humain global. La régionalisation, devant contribué largement à l'enracinement de la démocratie locale et au renforcement du contrôle populaire duquel l'assainissement de la gestion publique est tributaire, représente d'autre part une opportunité salutaire permettant la revalorisation des patrimoines culturels régionaux tout en donnant la possibilité concrète aux populations locales de prendre en charge l'institution éducative et de juger les performances aussi bien que les manquements des élus relativement à la mise à niveau de l'école marocaine et la réhabilitation de l'ensemble des institutions de formation. Le tournant historique qui se profile devant la communauté nationale et la jeunesse marocaine permet plus que jamais à l'ensemble des forces vives de la nation d'apporter leur contribution à la concrétisation du projet de société qui s'accorde avec l'évolution des temps modernes et auquel le peuple marocain aspire. Cette aspiration collective à la liberté responsable et à la citoyenneté engagée qui s'articule au profond désir d'assurer le règne du droit et l'établissement de la justice, nécessite une refonte totale des valeurs devant inspirer la conduite individuelle et collective. A cet égard, le rôle de la culture éclairée et l'éducation engagée demeure déterminant afin qu'une culture de vivre en commun puisse s'inspirer de l'amour de la patrie et du dévouement pour les nobles causes. Le glas sonne pour une nouvelle ère qui nécessite le passage historiquement salvateur à une société contractuelle et solidaire reléguant de la sorte les égoïsmes irresponsables et les compromissions suicidaires à un passé révolu à tout jamais. Un grand monarque que la mémoire de tout un peuple a gardé vivante aux moments les plus sombres de l'histoire marocaine, avait initié désormais la glorieuse révolution du Roi et du peuple. Aujourd'hui l'ensemble des marocains se souviennent de cette parole royale ayant exprimé l'esprit de tout un peuple digne, qualifiant l'édification du Maroc indépendant de grand combat qui dépassait de par son ampleur les énormes sacrifices consentis par l'ensemble des marocains et des marocaines pour l'avènement de l'indépendance. Le récent discours du souverain inaugure une autre révolution mettant dans une parfaite symbiose un Roi engagé au côté de son peuple afin que la grandeur du Maroc et son rayonnement puissent susciter la fierté des Marocains d'aujourd'hui et l'admiration de ceux qui vont hérité de ce beau pays. Certes un autre grand combat est engagé qui nécessite sacrifices et dévouement, mais d'ores et déjà la grande émotion suscitée par la parole royale est la meilleure des récompenses pour toutes celles et tous ceux qui n'ont jamais désenchantés portant l'amour de leur pays comme étant leur plus belle parure. Est-il nécessaire de rappeler que la fondation de la première dynastie marocaine qui a perpétué une tradition séculaire libre et farouche ne s'est guère imposée par la brutalité du glaive ni par la soumission d'un peuple ayant depuis la glorieuse bataille des trois rois jusqu'à l'épopée du rif et la fameuse bataille d'Anoual sous l'égide du grand combattant Abdelkrim Khatabi ? Rappelons-nous cette autre sage parole royale qui ne fut nullement une simple figure de style mais plutôt une belle métaphore ayant représenté le peuple marocain comme un lion qui ne peut souffrir de la lourdeur des chaines, mais qui se laisse guidé en toute dignité portant le bel collier de soie, celui qui n'est tenu ni par un dompteur ni par un tyran mais plutôt par un être aimé exprimant l'esprit de puissance émanent d'un peuple guerrier et enchanteur. * Rédacteur en chef de la Revue philosophique «Al Azmina Al Hadita»