Quelle voie pour l'emploi ? Question cruciale. Parce que le niveau de création d'emplois reste insuffisant et que le marché du travail peine à absorber ces masses des sans emplois. Que faire ? Y-a-t-il des alternatives ? La question taraude les décideurs politiques et les opérateurs économiques. Quand on regarde de près, la situation est réellement critique. C'est ce qui justifie, sans doute, aujourd'hui, la tenue des forums sur cette problématique. Les débats fusent et le experts, mesurant la gravité de la situation, proposent de sortir des sentiers battus, de tirer les enseignements des expériences innovantes pour de nouvelles pistes d'amélioration. Au moment où se tient, à Casablanca, la 5ème réunion du Groupe de travail sur les politiques en faveur des PME (issu du Programme MENA-OCDE pour l'investissement), la CGEM tente, de son côté, de sensibiliser les membres du Conseil Economique et Social, nouvellement institué, aux 20 mesures pour développer la création de l'emploi et lutter contre le chômage. Il ya d'abord ce consensus : la création d'emploi est liée au développement de l'entreprise. Cette dernière, clé de voute de l'économie, a besoin d'un contexte favorable, en termes de financement, de compétences humaines et de climat des affaires. Le débat des experts de l'OCDE-MENA, mardi et mercredi à Casablanca, a tenté de mettre en perspective les défis qui attendent les politiques publiques en matière de développement. En dépit d'un taux de croissance d'environ 5% ces dernières années, tous les pays de la région MENA peinent à répondre aux besoins du marché de l'emploi. La crise financière de 2008 a rendu la mission d'assurer un niveau de croissance soutenu plus difficile, explique Anthony O'Sulivan, chef de Division développement du secteur privé, près l'OCDE. D'où la montée du chômage et les gens souffrent longtemps avant de trouver un emploi. La défi donc est d'assurer des emplois stables pour éviter l'émigration et la fuite des cerveaux, a-t-il souligné. L'alternative ? Il n'y en a pas plusieurs : investir dans le secteur privé. Mais auparavant, il est indispensable de procéder à des réformes macroéconomiques et favoriser l'accès au financement. Surtout pour la « Micro entreprise » et la Toute Petite Entreprise -TPE-. Il s'agit, e effet, d'offrir les mêmes conditions de financement que celles dont dispose la PME. Une mission délicate, car à la différence de la PME qui bénéficie d'un cadre réglementaire bien précis, la TPE, quant à elle, est confrontée au problème permanent d'accès au crédit bancaire. Pourtant la TPE pourrait être un des moteurs de développement. Selon Mohamed Maâroufi, DG PlanetFinance Maroc, les entreprises employant moins de 5 personnes représentent plus de 80% des établissements patentés et ne pouvaient cependant accéder aux marchés publics. D'après les chiffres avancés par cet expert, il y a 731.000 entreprises -TPEs formelles- qui ont créé un peu plus d'un million d'emplois. On parle ici d'un secteur qui représente le nerf de la guerre en matière de développement économique et social. Sauf que cette structure est encore ignorée, écartée des modalités classiques de financement. Il y a eu au Maroc, rappelle M. Maârouf, des expériences en matière de microfinance mais sans grande ampleur. La moyenne des crédits accordés est limitée à 6.000 DH alors que les besoins de financement sont beaucoup plus importants. L'absence de cadre légal approprié condamne la TPE à rester dans l'informel. Pour corriger cette situation, les experts suggèrent la création d'un fonds de financement soutenu par la CCG. D'encourager les actions de « Downscalling » des banques et un cadre juridique permettant le plafonnement des taux d'intérêt.