Dix ans, c'est peu, mais à l'échelle de la Fédération de l'énergie, ce fut une période intense, pleine d'actions et de réflexions, sous la houlette de son président Moulay Abdellah Alaoui. La création de cette fédération en 2001 ne semblait pas si évidente. Pourtant, elle est venu à un moment délicat, où le Maroc allait subir de plein fouet le «choc pétrolier», avec un baril de pétrole qui franchit la barre psychologique des 18 dollars. Un prix qui allait doubler en moins de cinq ans, avant d'atteindre le sommet fatidique à 145 dollars le baril en 2008. On apprend beaucoup de choses dans le livre de Moulay Abdellah Alaoui «10 ans de réflexions sur les choix énergétiques». Dans cette compilation d'articles de presse et de documents de synthèses des différents débats organisés par la fédération, durant cette décennie des années 2000. Probablement, Moulay Abdellah Alaoui, en homme de prospective, s'est inspiré de ce que disait Confucius : «celui qui ne prévoit pas les choses lointaines s'expose à des malheurs prochains». Et c'est en considération de ses qualités humaines mais aussi professionnelles –il était successivement patron de Mobil Oil Maroc, conseiller du ministre de l'énergie, président du Groupement des pétroliers du Maroc- qu'un grand hommage lui a été rendu, lundi 24 janvier, lors de la cérémonie de présentation de son livre. Un événement d'importance pour la profession, surtout que cette fédération regroupe les «Market leaders», depuis le raffinage de pétrole, jusqu'au transport et la distribution de gaz et pétrole, en passant par la production de l'énergie électrique et autres acteurs des énergies renouvelables. Tous les professionnels ont tenu à être présents à cette soirée d'hommage, y compris la ministre de l'Energie, des mines, de l'eau et de l'environnement, Mme Amina Benkhadra. Les enjeux énergétiques Autrefois membre de cette fédération en sa qualité de responsable de l'ONHYM, Mme. Benkhadra, qui a préfacé le livre de M. Alaoui, a qualifié cet ouvrage de «source de référence», compte tenu de «la qualité et l'expertise des auteurs des papiers publiés», pour qui veut «comprendre les problématiques et les enjeux énergétiques dans le monde et au Maroc». Aujourd'hui, le Maroc entre dans une dynamique nouvelle d'essor économique et social, inscrite dans le cadre du développement durable soucieux de la protection de l'environnement et de la préservation des ressources, écrit la ministre. Aujourd'hui, grâce à la mise en place de la nouvelle politique énergétique, les énergies renouvelables connaissent, souligne Mme Benkhadra, «une montée en puissance formidable avec l'exploitation optimisée de nos énormes potentiels en énergies solaire, éolienne et hydraulique dans la production de l'électricité, qui en 2020, devront représenter 42% de la puissance électrique totale installée et 25% de l'énergie électrique nette appelée». Un vaste chantier est devant nous et toutes les options restent ouvertes pour réussir ce défi énergétique. Reste maintenant la question du financement. Le secteur a englouti pas moins de 700 milliards DH, durant cette décennie, fait remarquer le n° 2 du groupe Attijariwafa bank, Boubker Jai. C'est dire toute l'importance et l'épaisseur des investissements nécessaires au développement du secteur de l'énergie au Maroc. Au-delà de l'effort de compensation, qui représente déjà pas moins de 25 milliards DH, prélevés dans le budget général de l'Etat, le Maroc, à travers l'ONE et MASEN (pour le plan solaire) devrait consacrer quelque 20 milliards de dollars pour le projet solaire de Ouarzazate et la centrale thermique de Safi. Sans doute, le royaume a échappé à la «malédiction du pétrole». Dépourvu de sources pétrolières, le Maroc, dans sa quête de sécurisation de ses approvisionnements et de réduction de sa vulnérabilité énergétique, est désormais devenu un champ d'expérimentation de projets novateurs et terre d'accueil des investissements de grande importance dans le secteur énergétique. Cela n'empêche pas de poursuivre l'effort de prospection. Car nombre de spécialistes sont convaincus que le sol marocain ne peut être dépourvu de gaz et de pétrole! En attendant, le Maroc a ouvert la voie vers un avenir rassurant, propre et sécurisé. Cela signifie-t-il pour autant que l'avenir énergétique, au plan mondial, sera moins difficile. Rien n'est jamais sûr.