L'année a été une longue descente aux enfers pour Tiger Woods, dont les révélations sur ses aventures extra-conjugales puis son divorce ont eu des répercussions jusque sur les parcours de golf, où il n'a rien gagné et a perdu son rang de N.1 mondial. L'Américain a commencé 2010 dans une clinique spécialisée dans le traitement de l'addiction sexuelle, après le grand déballage médiatique de ses multiples infidélités conjugales. Abandonné par des gros sponsors, Woods avait mis sa carrière entre parenthèses et avait disparu des écrans publicitaires. Il termine son «annus horribilis» en homme divorcé -son ex femme Elin Nordegren a la garde de ses enfants Charlie (20 mois) et Sam Alexis (3 ans)- et en golfeur sans repères mais, dit-il, «infiniment plus heureux». «Il y a un an, j'étais à terre, en colère, malheureux de la personne que j'étais, je faisais des choses que la morale réprouve, confiait-il récemment. Mais je suis sorti du tunnel, je vois plus clair. Je sais qui je suis, où je veux aller. Ma vie a un équilibre désormais.» Durant ces douze mois, la vie du premier sportif à atteindre un milliard de dollars de revenus (selon le magazine Forbes) a été une saga ponctuée d'échecs. Longtemps muet après l'accident de voiture de novembre 2009 qui avait mis le feu aux poudres, le «Tigre», 35 ans, a fini par admettre qu'il n'était pas un agneau dans son mariage, en faisant des aveux à la télévision en février. Dans son esprit, il n'avait plus qu'à laisser parler ses clubs pour reprendre le fil de sa légende, déjà garnie de 14 titres du Grand Chelem. Il n'en fut rien. Son premier tournoi, le célèbre Masters, se solda par une 4e place mais rien ne vint ensuite étayer l'hypothèse d'une renaissance. De déception (cut manqué à Quail Hollow) en blessure (abandon au Players Championship avec un problème au cou), Woods n'était que l'ombre de lui-même. Il se piqua de modifier son swing sous la houlette d'un nouvel entraîneur, Sean Foley, après le départ en mai de Hank Haney, son coach depuis 2004. Mais au lieu de se pâmer devant ses coups de golf, le public se gargarisait de blagues sur d'autres types de prouesses physiques, alimenté par les bons mots d'humoristes et de vedettes de talk shows. Fin juin, un rare rayon de soleil: il termine 4e de l'US Open. Mais fin juillet, il touche le fond à Akron (Ohio) en bouclant le plus vilain tournoi de sa carrière, à une ahurissante 78e place, à 30 coups du vainqueur ! Le magazine Sports Illustrated évalue alors que ses revenus de parrainage ont baissé de 22 millions de dollars en un an. Beaucoup plus que les 164 dollars d'amende acquittés après ce fameux accident de voiture... En août, l'annonce officielle de son divorce ne le libéra pas vraiment d'un poids. Il se rate au Championnat de la PGA (28e), le dernier Grand Chelem de la saison, et pour la première fois de sa carrière ne se qualifie pas pour la dernière manche des play-offs du circuit PGA. Sa sélection pour la Ryder Cup lui met un peu de baume au coeur mais en octobre les Etats-Unis s'inclinent de justesse face à l'Europe. Et le 1er novembre, le couperet qui menaçait déjà depuis quelques mois finit par tomber: son règne de 281 semaines consécutives comme N.1 mondial prend fin. L'Anglais Lee Westwood, qui n'a encore jamais gagné un Majeur, le remplace. Son bilan est sans appel: pour la première fois en 14 ans de carrière professionnelle, Woods finit une année sans victoire. Il a terminé seulement trois fois dans les dix premiers (en 15 tournois) et a même bouclé sa saison en perdant un tournoi au profit de sa fondation alors qu'il menait de 4 coups avant le dernier tour. «On ne reste N.1 que si l'on gagne», dit-il. Ce sera sa mission pour 2011.