Elles étaient plus de 250 Marocaines à Bruxelles, pour faire le point sur la situation de la diaspora féminine et les perspectives d'avenir de cette frange importante appelée à jouer un rôle prépondérant dans le développement des liens avec le pays natal. Cette rencontre a rassemblé des femmes parmi les plus actives et connues pour leur dynamisme et engagement permanent au sein des sociétés européennes, représentant souvent un tissu associatif et des réseaux locaux de défense et de promotion des femmes marocaines dans le Vieux continent. Elles ont été réunies à l'initiative du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger, après deux rencontres « des Marocains d'ici et d'ailleurs » à Marrakech en 2008 et 2009. La rencontre de Bruxelles, samedi et dimanche derniers, s'inscrit dans un agenda programmé de mise en contact des quatre grandes régions de l'émigration marocaine. D'ici à mai 2011, les trois autres ensembles régionaux (pays arabes, Afrique sub-saharienne et Amériques) tiendront des conclaves similaires. A Bruxelles, la diaspora marocaine féminine est venue un peu de partout en Europe (Espagne, Italie, France, Pays-Bas, Belgique, Allemagne, Suisse, Finlande, Roumanie, Irlande et Royaume-Uni). Plusieurs experts internationaux ont pris part à ces assises qui se veulent un point de rencontre, un espace de partage d'expériences et de savoir-faire, pour faire évoluer la place qu'occupe la Marocaine sur le champ politique et socio-culturel de l'Europe. Une dizaine de parlementaires marocaines ont fait également l déplacement pour apporter des éclairages sur ce Maroc qui bouge et qui fait plusieurs adeptes et sympathisants parmi les décideurs européens. A signaler également la présence en force d'ONG féminines opérant au Maroc qui ont tenu à contribuer aux échanges d'idées et à la formulation de propositions concrètes qui puissent faire avancer la lutte des Marocaines, au pays et en Europe. Il faudra également noter une forte présence des medias marocains à ces rencontres de Bruxelles, de tous les segments (presse écrite, audiovisuel, agence et presse on-line étant représentés). A écouter les interventions, en séance d'ouverture, comme lors de la première plénière, marquée notamment par les visions d'experts européens de l'immigration (sociologues, anthropologues, leaders du lobbying, etc. l'on situe l'ampleur des défis à relever, le chemin à parcourir et l'impérieuse nécessité d'agir sur le terrain. D'ailleurs les trois ateliers qui ont été mis en place, et qui ont travaillé en même temps, sont placés sous le signe de l'action. «Agir contre la discrimination», «Agir pour l'égalité» et «Femmes et citoyenneté» sont les intitulés des trois ateliers de débat qui se sont déroulés tout le long des journées de samedi et dimanche. Ces trois problématiques phares, sciemment mises en relief par le CCME, exigent, selon lui, une «mise à jour et une réflexion communes». L'ouverture de cette première rencontre des Marocaines d'Europe, samedi, a été présidée par Mina Rhouch, un médecin de Séville et membre du groupe de travail « Approche genre et nouvelles générations» et a été marquée par deux interventions de grande valeur. La première a été faite par Mme Joëlle Milquet, Vice-Première ministre et ministre de l'Emploi et de l'égalité des chances au sein du gouvernement belge. En « amoureuse du Maroc », l'intervenante, qui a également la casquette de chargée de la politique de migration et d'asile, a centré son intervention sur deux phénomènes qui marquent la vie belge et européenne : l'égalité des chances dans l'emploi et la lutte contre les violences à l'encontre de la femme. Menouar Alem, ambassadeur permanent du Maroc auprès de l'Union européenne, a, pour sa part, fait l'historique des acquis de la femme marocaine et situé les futurs enjeux. Parmi les experts étrangers qui ont jeté un faisceau de lumière sur les trois problématiques, il faudra signaler Marco Martiniello, directeur du Centre d'études de l'ethnicité et des migrations (CEDEM-Belgique)Brigitte Triems, présidente du Lobby européen des femmes (Belgique), Anne Gaspard, directrice exécutive d'Equinet (Belgique), Marit Flo Jorgensen, directrice des programmes du Réseau euro-méditerranéen des droits de l'homme (Danemark) et Marie-Claire Foblets, professeur d'anthropologie et de droit à l'Université de Louvain., Les trois ateliers ont pratiquement travaillé pendant plus d'une dizaine d'heures chacun. Et si le premier a traité de la problématique de la discrimination dans les pays européens et des moyens d'action à mettre en œuvre pour faire évoluer les politiques publiques européennes de lutte contre ces discriminations à l'encontre des femmes migrantes, les débats dans les deux autres ateliers ont été focalisés sur les meilleurs manières d'appliquer l'existant des lois et de faire avancer les acquis de sorte à réduire les inégalités criantes, notamment celles qui ne tolèrent plus aucune tergiversation. Il faudra également relever le haut niveau des débats par lesquels la crème de l'immigration marocaine féminine a tenu à marquer ces assises voulues pour être une belle transition vers une nette amélioration des droits et des avancées, sur le plan politique, économique et socioculturel. Signalons, enfin, qu'un vibrant hommage a été rendu, samedi soir, à Khiti Benhachem, une journaliste et productrice belgo-marocaine, qui a marqué la scène médiatique belge pendant près de trois décennies. Cette soirée de gala, à laquelle ont pris part plusieurs responsables belges, parmi lesquelles Fadila Laanan, ministre de la Culture, de l'Audiovisuel, de la Santé et de l'Egalité des chances et M. Robert Stéphane, ancien administrateur général de la RTBF, a été un moment de grande émotion pour récompenser, moralement, une Marocaine qui a émergé et qui a donné un sens à l'intégration dans les sociétés européennes, tout en gardant intactes ses racines. Elle a reçu des cadeaux symboliques (surtout des livres) de la part du président du CCME, Driss El Yazami, de l'ambassadeur Menouar Alem et de Leïla Shahid, la Déléguée générale de Palestine auprès de l'Union européenne, qui était l'invitée d'honneur de cette rencontre de la diaspora marocaine d'Europe. La soirée de gala a été clôturée par la signature d'une convention-cadre entre le CCME et l'Université catholique de Louvain, par Driss Yazami et Brigitte Maréchal, représentant M. le Recteur Bruno Delvaux.