Deux journées de travail et de débats prometteuses. Dimanche, au moment où nous mettions sous presse, d'aucuns annonçaient que le dixième congrès de l'Union marocaine du travail (UMT) a réussi à tous les niveaux et à tous les points de vue. La formule du consensus était à l'esprit des congressistes et a été suivie lors des différents débats pour adopter le rapport général et les rapports des commissions du congrès. C'est une étape de transition, dit-on sur place. La même formule du consensus devait être également adoptée lors de la constitution de la commission des candidatures, nous indiquait Amal El Omari, jeune cadre et active militante de l'UMT, dimanche en début d'après-midi. Et ce, au moment où les travaux du congrès se poursuivaient d'arrache-pied pour adopter notamment les rapports des commissions, l'élection de la commission administrative, le rapport de la commission des candidatures pour les instances dirigeantes de l'UMT et la mise au point de la déclaration finale du congrès. Eu égard à ce programme surchargé et l'importance des points à débattre, tout portait à croire que les travaux de ce dixième congrès n'allaient être achevés que tardivement dans la nuit de dimanche à lundi. Des militants sur place n'écartaient pas que le congrès n'allait pas clore ses travaux avant la journée de lundi. Ce congrès, le dixième depuis la création de l'Union marocaine du travail, le20 mars 1955, en plein mouvement de libération par une élite de militants ouvriers, a ouvert ses travaux samedi dernier à 10 heures à Casablanca. La cérémonie d'ouverture était grandiose. Une vitalité fantastique et un accueil chaleureux et exceptionnel ont été réservés aux délégations représentant les organisations syndicales arabes, africaines et internationales, les leaders politiques, les représentants des ONgs nationales et autres personnalités. La grande salle était on ne peut plus archicomble. Cette ouverture était clairement centrée sur le consensus, la promotion de l'action syndicale, l'attachement aux principes de l'unité syndicale, de la démocratie et de l'indépendance. Le tout était mis au point par les commissions sectorielles, les unions régionales et les autres instances de l'UMT avant la tenue de ces assises, indiquent des militants sur place. Dans une allocution prononcée lors de la séance d'ouverture de ce congrès, tenu sous le signe de «la fidélité à l'identité et aux principes de l'UMT : base de notre lutte pour la démocratie et la justice sociale», le coordinateur général du secrétariat national de l'UMT, Miloud Moukhariq a appelé à «l'amélioration de la centrale, au dépassement des points de faiblesse, à la promotion organisée et programmée de l'action syndicale afin d'accompagner les développements et les changements en cascade». Avec ces assises, l'UMT, qui compte 26 fédérations, 42 unions locales et régionales et 9 syndicats nationaux professionnels, franchit une nouvelle étape sur la voie de la promotion de l'action syndicale, l'organisation syndicale et la défense de la classe ouvrière. L'ère du «Zaïm» est désormais révolue. Elle a cédé le pas à celle de la démocratie, l'ouverture et une nouvelle configuration de l'organisation syndicale. B. Amenzou Coulisses du congrès de l'UMT L'intégrité territoriale fortement présente Durant les deux jours du congrès, plusieurs fois des slogans ont été scandés par les militants de l'Union marocaine du travail, lors des travaux des différentes commissions et au cours des débats autour du rapport général. Ces slogans scandés par l'ensemble des congressistes véhiculaient des messages pour la défense de l'intégrité territoriale du Royaume et la souveraineté du pays. Les militants ont ainsi réitéré leur mobilisation constante pour faire échouer toutes les manœuvres visant la cause nationale. Les militants de l'UMT étaient aussi unanimes à condamner toutes les tentatives fallacieuses et désespérées des ennemis du Maroc et ont confirmé leur attachement à l'intégrité territoriale du Royaume. Hommages aux anciens militants En marge des travaux du congrès et des débats au sein des différentes commissions lors de la journée de dimanche, des hommages ont été rendus à des anciens militants de l'Union marocaine du travail (UMT). Il s'agit des anciens militants des villes de Laâyoune et d'Oujda, entre autres. Ces hommages ont été rendus à ces adhérents de l'UMT en signe de reconnaissance aux sacrifices qu'ils ont consentis pour défendre la classe ouvrière, la promotion de l'action syndicale, son indépendance, en plus de leur fidélité à cette première centrale syndicale du Royaume. 1712 congressistes Environ 1300 congressistes étaient attendus au dixième congrès de l'Union marocaine du travail (UMT). C'est le nombre qui a été d'ailleurs annoncé par les responsables de la première centrale syndicale au Maroc lors des préparatifs pour ces assises. Mais, finalement ce sont 1732 congressistes qui étaient présents (avec badges) lors de la séance d'ouverture des travaux de ce congrès, en plus bien entendu des invités. Sur les 1732, 20 personnes n'avaient aucun lien avec l'UMT, selon des sources concordantes. Elles ont pu accéder au lieu du congrès et ont pu avoir des badges des autres congressistes, notamment absents. Finalement, le nombre des congressistes a été arrêté à 1712. Hébergement des congressistes Les congressistes en provenance des autres villes du pays étaient installés aux complexes résidentiels de l'Office national de l'électricité (ONE) à Mohammedia, Casablanca et au siège de l'Union marocaine du travail sur le boulevard des FAR, en plus de certaines résidences appartenant à des banques, dont des cadres et des employés sont des militants de l'UMT. Des difficultés d'organisation ont été soulevées lors de l'installation des congressistes au départ. Chose qu'expliquent des organisateurs par le fait que le nombre des invités était élevé, en plus du fait que la centrale n'a pas organisé de congrès de cette taille depuis quinze ans. C'est-à-dire, des militants âgés de plus de trente ans n'ont jamais assisté à des assises de leur centrale syndicale. Interventions des congressistes Selon le programme mis en place par les organisateurs, chaque militant doit formuler par écrit une demande d'intervention et préciser les questions qu'il va soulever. L'intervention était limitée dans le temps à pas moins de sept minutes. Cette règle a été violée par certains militants lors des débats autour du rapport général. Ce qui a suscité la colère des autres militants qui pointaient du doigt un certain «courant» qui projetait d'accéder à des postes de responsabilités au sein de la hiérarchie de la centrale de feu Mahjoub Benseddik. De même, lors des discussions au sein des commissions, les termes de la «gauche» et de «progressiste» ont gêné des militants d'Al Adl Oualihssane, notamment lors de la réunion de la commission des relations avec la société civile, les forces politiques et les institutions représentatives. B. Amenzou Miloudi Moukharik : «Notre action sera focalisée sur l'amélioration des conditions sociales des travailleurs» La participation de plusieurs délégations venant de l'Asie, l'Afrique, l'Europe, sans omettre les organisations internationales, témoigne du grand rayonnement dont l'UMT jouit à l'échelle mondiale. Cela confirme la crédibilité de notre syndicat et ses valeurs authentiques que nous partageons avec tous les organismes internationaux. En fait, notre crédo est que l'action syndicale doit être menée en toute indépendance de l'Etat, gouvernement et patronat. Cette présence massive des délégations étrangères est en elle-même un témoignage du rôle avant-gardiste que nous remplissons au niveau international, via notre diplomatie syndicale, qui est indépendante du gouvernement. Je précise qu'après le congrès, notre action sera focalisée sur l'amélioration des conditions sociales des travailleurs, l'amélioration des salaires, la réforme du régime des salaires et l'ouverture des négociations sectorielles avec tous les secteurs afin de conclure des conventions collectives… Ils ont dit... Palestine : Manuel Abdelâal, PGFTU «Des pressions sur le mouvement syndical» Nous sommes fiers de prendre part au 10e Congrès de l'UMT. Nous sommes également venus pour témoigner de notre fraternité, voire notre amitié envers nos confrères marocains. En fait, ce Congrès témoigne aussi de la détermination de la classe des travailleurs à poursuivre sa lutte. Ainsi, nous leur souhaitons plein succès. Il est à souligner, qu'actuellement, et ce, dans le monde entier, il y a des pressions sur tous les mouvements syndicaux pour les affaiblir. Mais, si les mouvements syndicaux s'unissent, et les travailleurs se solidarisent et se rassemblent autour des syndicats, certainement, ces mouvements auront leur mot à dire. Le but étant de faire triompher les valeurs de l'action syndicale et aussi protéger les acquis des travailleurs. France : Courbe Jean François, CGT «Nous sommes ravis qu'un processus de construction eut lieu». C'est un grand plaisir pour nous d'avoir été invité aujourd'hui à ce Congrès. Nous entretenons des relations depuis de nombreuses années avec l'UMT. Et nous sommes ravis qu'un processus de construction d'un Congrès, avec des débats au niveau de toutes les sections et toutes les régions ont pu avoir lieu. Et qu'aujourd'hui l'UMT puisse démocratiquement définir ses orientations, son plan de travail pour les années futures. Nous espérons à l'UMT une grande réussite pour la défense des intérêts des travailleurs. Egypte : Ahmed Aâtif, USTE,«Un grand apport aux forces syndicales dans les pays arabes» Vraiment, on félicite l'UMT de ce congrès. La grande présence des syndicalistes indique que le mouvement syndical s au Maroc se porte encore bien. Nous participons à ce Congrès pour la simple raison que le Maroc a une grande histoire en matière de la lutte syndicale. En plus, le Maroc a été toujours d'un grand apport aux diverses forces syndicales dans les pays arabes. Je dois préciser que les syndicats dans le monde entier sont exposés à de grands défis, notamment par les changements économiques et la vague des privatisations devant lesquelles plusieurs Etats ont dû plier l'échine. Notre devoir est de mettre main dans la main pour dépasser ces obstacles et rendre justice à tous les travailleurs du monde arabe. Ahmed Mohamed Lokmane, OATn«Le dialogue social au Maroc est d'un haut niveau» Au nom de l'organisation arabe du travail, je félicite l'UMT de l'organisation de ce Congrès. Il faut reconnaître que cette organisation a une grande présence dans les organes de l'(OAT). Nous sommes venus pour présenter nos condoléances aux syndicalistes de l'UMT, suite au décès du feu Mahjoub Benseddik. Toutefois, il faut souligner que l'équipe dirigeante de l'UMT est souvent rénovés. La preuve, l'organisation de ce congrès dans un temps record. L'expérience syndicale au Maroc est d'une manière générale, riche. Le dialogue social au Maroc est d'un haut niveau dans la région du Maghreb. Je précise que nous allons organiser le premier Congrès régional autour du dialogue social, avec la participation du ministère de l'emploi, et l'organisation internationale du travail entre autres. Irak : Hadi Ali Lafta, CFIW,«Une étape importante» Nous considérons que ce congrès sera une étape importante pour faire un bilan de l'action syndicale, et par conséquent, réunir les diverses sections syndicales afin de défendre les intérêts et droits des travailleurs. Nous souhaitons de tous nos cœurs, réussite et succès pour le congrès pour toutes les classes des travailleurs au Maroc. Syrie : Ghazi Douir, GFTU «L'UMT constitue une valeur ajoutée aux syndicats arabes» Nous sommes venus pour participer à ce Congrès, en tant que représentant de la classe des travailleurs syriens. Ainsi, nous souhaitons tout le succès pour le déroulement des travaux de ce Congrès. En fait, Les organes syndicaux au Maroc, notamment l'UMT, constituent un grand soutien à la classe des travailleurs. Qui plus est, l'UMT, constitue une valeur ajoutée, voire une force à l'action syndicale au niveau du monde arabe, vu le rôle qu'elle remplit au sein du Conseil de l'union internationale des travailleurs arabes. Belgique : Phillipe Van Muycder, secrétaire général de FGTB. «Entretenir des bonnes relations avec l'UMT» C'est tout le début du Congrès, donc c'est un peu difficile de tirer les conclusions. Mais ce que je peux dire au nom de l'organisation du syndicat socialiste belge (FGTB), c'est que j'ai pris connaissance de la note de présentation du Congrès, et je ferais deux commentaires. D'abord elle est extrêmement bien élaborée, elle devrait permettre des travaux intéressants, et ensuite je suis frappé par le fait que les problèmes se posent, en quelques sortes, avec des nuances différentes d'un pays à l'autre. Aussi, les mêmes problèmes qui se posent en Belgique, se posent ici au Maroc. J'imagine qu'on va pouvoir entretenir des bonnes relations avec l'UMT. Irak : Jaber Tarche, président du CFIW;«Un grand soutien pour les travailleurs irakiens» J'étais vraiment ému de la présence de ce grand rassemblement des travailleurs. Ce qui m'a également frappé c'est leur solidarité avec les travailleurs irakiens, et aussi palestiniens. En tant qu'arabe, j'espère que les organisations syndicales se solidarisent encore plus au niveau des pays arabes. Je souhaite aussi que les pays arabes soutiennent et élargissent les libertés syndicales comme c'est le cas au Maroc. Soudan : Bakkr Seddiki, Union des travailleurs soudanais«Tirer les leçons en matière de planification» Nous avons participé à ce Congrès, vu les relations syndicales étroites qui nous lient avec l'UMT. Nous sommes venus à ce Congrès pour voir de près la nouvelle étape qu'avait inaugurée notre partenaire syndical et tirer les leçons, notamment en matière de planification, et de la mise en place de nouveaux mécanismes de gestion. Nous espérons que les travailleurs soudanais et marocains, et tous les travailleurs du monde arabe mettent la main dans la main pour faire face à tous les défis. Le Congrès a été bien organisé, on a pu constater cela lors de la séance d'ouverture. Je souhaite un avenir plein de succès pour l'UMT. Propos recueillis par Khalid Darfaf