Le football marocain est encore une fois frappé par le hooliganisme. Décidément, nos stades ressemblent de plus en plus à des arènes où les actes de violence prennent le dessus sur le sport et le spectacle. Samedi, la fête a été gâchée à Al Hoceima. Le match opposant Chabab Rif au WAC, au stade Mimoune Al-Arsi pour le compte de la 8ème journée du Championnat national de première division de football, a été interrompu à cause des violences. Des incidents ont éclaté après huit minutes seulement de jeu entre les supporters des deux formations qui ont commencé par des jets de pierres dans les gradins, avant que certains fans n'envahissent le terrain. Selon l'arbitre Khalil Rouissi, le match se déroulait dans de bonnes conditions jusqu'à la 8e minute où des échanges de jets de pierres ont éclaté dans les gradins entraînant l'interruption du match pour raisons sécuritaires. De son côté, le conseiller du Chabab Rif Al-Hoceima, Moustafa Dira, chargé de l'organisation du match, a affirmé, lui aussi, que la situation était normale avant que les échanges de jets de pierres n'éclatent entre les supporteurs des deux équipes. Selon lui, la commission organisatrice a entamé dès la matinée la surveillance de l'aspect organisationnel de la rencontre et que le stade ne contenait pas de pierres. Le porte-parole du Wydad, Idriss Slaoui, a affirmé, pour sa part, que le match a débuté dans une ambiance de fair-play, mais, malencontreusement, les fans des deux équipes ont commencé les échanges de jets de pierres avant que certains fans n'envahissent le terrain, cassant le grillage de l'enclos. Selon des sources sécuritaires, certains supporters des deux équipes ont été légèrement blessés et conduits à l'hôpital régional Mohammed V d'Al Hoceima pour recevoir les soins nécessaires. Le sociologue a aussi son avis. Abderrahim Bourkia, chercheur sur le phénomène de supportérisme comme un aspect de la violence, considère qu'un match de football met à l'épreuve l'homogénéité de notre société dans la mesure où les deux équipes apparaissent comme le reflet de la population dont elles sont le porte-étendard. Une population composée de jeunes qui s'identifient aux équipes, aux joueurs et qui sont souvent en proie à de vives inquiétudes ainsi qu'à d'énormes frustrations. Parmi ces jeunes supporters figurent les drogués et les délinquants qui consomment les stupéfiants et qui cherchent à semer le désordre. Parer à un tel phénomène requiert d'abord une implication des agents de la socialisation : famille, école, associations de la société civile. Une semaine avant, des incidents déplorables ont été survenus à la mi-temps du match WAC-OCK au Complexe Mohammed V, ayant nécessité l'intervention des services de l'ordre pour limiter les dégâts. La 6è journée n'est pas sortie de l'auberge, et ce qui s'est déroulé à Marrakech, à l'occasion de la venue du WAC, et à Casablanca, pour le sommet Raja-DHJ, est regrettable. Des scènes qui n'ont rien à voir avec le sport et qu'il faut combattre pour préserver le fair-play et l'éthique. Un phénomène qui fait désordre à un moment où l'on parle de professionnalisme ou de mise à niveau.