Le Premier ministre irakien Nouri al-Maliki a fait, samedi dernier, un pas important vers sa reconduction en obtenant la levée du veto à sa candidature par les radicaux chiites, au moment où le laïc Iyad Allawi, son rival, dit craindre une «guerre civile». «Le mouvement sadriste ne s'oppose pas à ce que Nouri al-Maliki soit reconduit pour un second mandat mais nous avons des réserves», a affirmé le porte-parole du mouvement de Moqtada Sadr, Salah al-Obeidi. «S'il nous donne des garanties suffisantes notamment sur les arrestations de sadristes alors nous ne bloquerons pas sa candidature pour un deuxième mandat», a-t-il dit. Ce virage du mouvement sadriste, qui affichait jusqu'alors son opposition à une reconduction de Nouri al-Maliki, est intervenu après des discussions entre les deux formations il y a 48 heures, a confié le conseiller du Premier ministre, Ali al-Moussawi. «Nous saluons», a-t-il dit, «la position du mouvement sadriste qui est en droite ligne avec les aspirations de nombreux Irakiens, notamment ceux qui ont voté en faveur de l'Alliance pour l'Etat de droit (AED)», conduite par le chef du gouvernement. Le conseiller de Nouri al-Maliki a indiqué qu'une commission officielle «allait accélérer la libération des personnes détenues sans jugement car le gouvernement n'est pas satisfait des lenteurs de la justice sur ce dossier». Les Sadristes reprochent au Premier ministre, qui avait lancé en 2008 une campagne militaire contre l'armée du Mahdi, de maintenir en prison plus de 2.000 de leurs partisans. Les sadristes avaient enregistré un bon score aux législatives du 7 mars: ils avaient obtenu 39 sièges sur les 325 du nouveau Parlement, devenant alors des acteurs incontournables pour la formation d'un gouvernement. Ce tournant survient après un accord signé le 4 mai, pour unir les deux listes chiites, l'AED et l'Alliance Nationale Irakienne (ANI), qui regroupe les partis religieux chiites, dont le mouvement de Moqtaba al-Sadr. Selon Ali al-Moussawi, le compromis avec les Sadristes «ouvre la voie à un accord avec d'autres partis et permet de progresser vers l'ébauche du futur gouvernement». «Tout semble indiquer que nous nous dirigeons vers une escalade de la violence», a déclaré au journal espagnol El Mundo, l'ancien Premier ministre irakien Iyad Allawi, alors que Nouri al-Maliki a des chances de prendre la tête du troisième gouvernement élu depuis la chute de Saddam Hussein en 2003. «Nous n'en sommes qu'au début, mais si la violence continue, nous nous dirigeons vers la guerre civile», a-t-il ajouté, en référence aux derniers épisodes de violences. Le 10 mai, plus de 100 personnes ont été tuées dans près de 60 attentats à travers le pays. Vendredi, 25 personnes ont encore trouvé la mort dans un double attentat à Tal Afar (nord). La dernière attaque est survenue après un communiqué du nouveau «ministre de la Guerre» de l'Etat islamique en Irak, ombrelle de plusieurs organisations chapeautée par Al-Qaïda. Il annonçait le lancement d'une campagne militaire, après la mort des deux chefs du réseau tués fin avril dans un raid irako-américain. Face à cela, Iyad Allawi a affirmé qu'«il faut former un gouvernement le plus rapidement possible parce qu'on ne peut pas permettre que cette situation se prolonge». La liste laïque de l'ancien Premier ministre est arrivée en tête des législatives du 7 mars avec 91 sièges, contre 89 pour celle du Premier ministre Nouri al-Maliki et 70 à l'ANI. Dans le même temps à Ryad, le prince Turki al-Fayçal, l'une des personnalités en vue en Arabie saoudite même s'il n'occupe pas de poste officiel, a accusé Nouri al-Maliki, d'avoir «usurpé» le résultat des élections législatives. «En conséquence, nous avons plus de violences et une guerre civile potentielle», a-t-il ajouté.