Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) était vendredi au centre des soupçons, au lendemain de l'enlèvement de cinq Français et deux Africains dans le nord minier du Niger, même s'il n'y a encore eu aucune revendication. Les personnes kidnappées tôt jeudi matin à Arlit (1.000 km au nord-est de Niamey) sont un employé du groupe nucléaire français Areva et son épouse, tous deux Français, et cinq collaborateurs - dont un Togolais et un Malgache - de Satom. Cette filiale du groupe de bâtiment et travaux publics Vinci opère comme sous-traitant d'Areva sur ce site d'extraction d'uranium. «On s'imagine qu'il s'agit sinon des mêmes groupes (que pour d'autres enlèvements, ndlr), au moins de la mouvance Aqmi», a déclaré le ministre français des Affaires étrangères Bernard Kouchner. Le Quai d'Orsay a toutefois souligné n'avoir reçu ni «revendication» ni «demande de rançon», et ne pouvoir tirer de «conclusions définitives» sur l'identité des assaillants. Une source sécuritaire nigérienne a visé aussi Aqmi, auteur par le passé de plusieurs enlèvements d'Occidentaux dans la vaste bande sahélo-saharienne. «Parmi les ravisseurs, il y aurait un élément du groupe d'Abdelhamid Abou Zeïd, les autres agissant sur commande», a indiqué cette source, selon laquelle Abou Zeïd aurait commandité l'enlèvement. L'Algérien Abdelhamid Abou Zeïd est à la tête de la cellule d'Aqmi qui avait détenu l'otage français de 78 ans Michel Germaneau, dont l'exécution avait été annoncée le 25 juillet. Après un raid franco-mauritanien pour tenter de le libérer, Aqmi avait lancé des menaces contre les intérêts français en France et dans la région. Bernard Kouchner a également avancé que les ravisseurs «peuvent être des Touareg» qui vendent ensuite leurs otages à «des terroristes». Jeudi, Niamey a affirmé que les membres du «groupe armé» parlaient «majoritairement» arabe et tamachek, langue des Touaregs vivant dans la région. La dernière rébellion touareg, qui réclamait notamment une plus juste répartition des revenus miniers, remonte à 2007-2009. Un responsable touareg, Boutali Tchewiren, président de l'Association Alhak-Nakal (Droit au territoire) et ancien porte-parole rebelle, a rejeté une «grave accusation» contre son «peuple». Les autorités nigériennes et françaises ont assuré de leur mobilisation et de leur coopération face aux ravisseurs, qui ont mené une action audacieuse et apparemment bien préparée, puisqu'ils ont surpris les victimes à leur domicile. «L'armée nigérienne est déployée pour rechercher les otages et voir si on ne peut pas les empêcher de quitter le territoire nigérien, s'ils s'y trouvent toujours», selon la source sécuritaire. Le groupe pourrait faire route vers le Mali voisin, selon certaines hypothèses. Les Français travaillant pour des entreprises françaises dans le nord du Niger étaient vendredi en cours de rapatriement vers la capitale nigérienne ou la France. «Quatorze salariés» d'Areva sont rentrés en France dans la matinée en provenance de Niamey, a précisé une porte-parole du groupe. «Une autre dizaine» est attendue dans la soirée à Paris. Pour le groupe nucléaire, le Niger est un pays stratégique. Présent depuis 40 ans, il y emploie quelque 2.500 personnes, dont jusqu'à ces dernières heures une cinquantaine d'expatriés. Il extrait de ses deux gisements voisins d'Arlit et d'Akokan la moitié de sa production d'uranium. Le groupe espère également mettre en service fin 2013, toujours dans le nord du pays, la future mine géante d'uranium d'Imouraren. Pays parmi les plus pauvres du monde, le Niger est le troisième producteur mondial d'uranium.