La Fête de l'Humanité célèbre ses 80 ans à la Courneuve du 9 au 12 septembre 2010. La force militante communiste continue donc à porter le flambeau allumé par Marcel Cachin, à Bezons en 1930, quand le journal des communistes français était asphyxié et ses militants réprimés, voués aux gémonies. L'idée originale de Cachin était de faire vivre le journal, par la Fête, la souscription des militants et le soutien des sympathisants. Cette exigence continue aujourd'hui, face aux contraintes financières et aux tentatives de marginalisation de la presse de gauche. 80 ans plus tard, la Fête de l'Huma est toujours imposante et se distingue par sa singularité. Aucun autre journal ne peut se targuer d'un tel record de continuité, de partage ou de la fidélité sans faille de ses lecteurs. Cela propulse la Fête de l'Huma en un fait culturel unique, un produit des traditions communistes et des expériences d'hommes et de femmes de gauche, qui porte en ses germes toutes les frustrations politiques mais aussi tous les espoirs enfouis de ceux qui continuent à rêver d'un autre monde. Expressions de révoltes mais aussi d'attentes et d'aspirations à une vie meilleure, de justice et de liberté. Outre son aspect convivial et culturel, elle est l'espace le plus indiqué pour la confrontation des idées de gauche sur les grands dossiers et les projets de société. C'est la scène où sont bannis les interdits du quotidien et où se produisent tous les rêves latents. C'est un moment privilégié de rassemblement du Parti communiste français (PCF) et de tous ceux qui ont «le cœur à gauche» autour de l'actualité française pour organiser la riposte du «peuple de gauche» contre les attaques ultralibérales de Sarkozy. C'est aussi une opportunité pour les leaders de la gauche plurielle pour tenter, l'espace d'une détente, de faire sauter les blocages qui empêchent de se libérer des carcans politiques afin de libérer les potentialités unitaires. La Fête de l'Huma est aussi un temps de solidarité. La présence de dizaines de stands de journaux « frères et amis » confère à la Fête un aspect d'événement international. Là, également, c'est la continuité de la ligne du PCF qui fait du rassemblement de la Courneuve un lieu de grande solidarité internationale avec les démunis du globe et leurs combats. Une tradition bien ancrée dans la vie et l'histoire glorieuse du PCF, faite de combat et de générosité militante.D'ailleurs l'édition 2010 place, cette année, l'Afrique au centre de ses débats, à l'occasion du cinquantenaire de sa libération du joug colonial. Les quotidiens Al Bayane et Bayane Al Youm, qui s'associent depuis des lustres à cet événement annuel, sont aujourd'hui présents à la Courneuve, avec plus de volonté de raffermir davantage les liens d'amitié et de fraternité avec le porte-voix de la presse française militante. La présente édition spéciale en est l'expression. Mohammed Kaouti Notre contribution Par Driss AISSAOUI Nous avons pensé faire œuvre utile en consacrant ce spécial, qui sera distribué à l'occasion de la légendaire fête de l'Huma, à un sujet qui occupe le débat public au Maroc au sujet du devenir de la presse partisane. Nous avons tenu à croiser différents regards sur cette question afin de marquer une halte de réflexion au milieu de questionnements qui taraudent les esprits et les consciences. Une transition démocratique en marche qui a un besoin vital d'être accompagnée par une presse professionnelle, responsable, militante (porteuse d'une vision et d'un projet de société) et surtout en phase avec les canons de ce noble métier tels qu'ils sont consacrés universellement. A l'aube de l'indépendance du Maroc, la presse partisane a rempli sa mission honorablement en assurant un accompagnement fidèle et dévoué aux questions d'émancipation, de libération de la parole et d'élargissement des espaces des libertés individuelle et collective du pays. Aujourd'hui cette même presse, qui n'a pas su négocier convenablement le virage de sa nécessaire mutation, se trouve mise en équation dans sa survie même. Nous espérons, cependant, que cette modeste contribution puisse apporter son lot d'idées, qui sont celles des femmes et d'hommes qui souhaitent que la presse marocaine de ce début de 21ème siècle, soit au rendez-vous de l'histoire, celui de l'édification d'une société démocratique, solidaire, ouverte et moderne. Les évolutions erratiques qui façonnent le paysage médiatique marocain ne devraient point entraver cette marche, franchement engagée par le pays vers un destin choisi, celui du développement global qui l'éloigne des involutions qui nivèlent par le bas.