Un diagnostic a été élaboré avec comme axes de réflexion : * la réhabilitation urbaine et les infrastructures, * la mise à niveau touristique et culturelle, * la requalification du commerce, de l'artisanat et des services et * le développement social de proximité. La synthèse de ces 4 axes de travail a mis en avant le fait que les actions de mise à niveau de l'ancienne médina doivent s'inscrire dans le cadre d'une démarche globale d'intervention reposant sur : * un cadre physique, * la population, les activités, * une bonne cohésion sociale, * un développement durable, * une bonne gouvernance. De même la synthèse a conduit à des orientations générales qui sont : * le renouveau urbain avec le lancement d'une étude approfondie de renouvellement urbain sur l'ensemble du territoire de l'ancienne médina, * le développement d'activités économiques (requalification et modernisation du commerce, de l'artisanat et des services, circuits touristiques, …), * la mise à niveau des équipements publics (culture, culte, santé, équipements de proximité, enseignement, …), * la mise à niveau des infrastructures (eau et assainissement, électricité et éclairage, transport, télécommunications, …) * et à un découpage du territoire de la médina en 3 séquences (1 : bord de mer – 2 : centre médina – 3 : grands boulevards) Historique Compte tenu de ces orientations, il a été mis en avant qu'il serait souhaitable de : définir un programme d'intervention réaliste et compatible avec les ressources existantes et mobilisables, de viser des actions ciblées, circonscrites géographiquement et maîtrisables financièrement, d'amorcer le processus de mise à niveau par une action portant sur la mise à niveau de la première séquence en développant un circuit historique et culturel Une action prioritaire : le circuit touristique Objectif de cette action : restaurer l'âme de la ville de Casablanca pour une meilleure contribution au développement socio-économique local en mettant en valeur l'image de la médina (un préalable à une modification des pratiques touristiques plus tournées vers le tourisme de séjour), en créant un environnement favorable à l'émergence d'activités économiques afin d'enrichir l'offre touristique et en sécurisant et sauvegardant les constructions et les monuments menaçant ruine. Une action prioritaire composée de 4 volets : * mise à niveau des infrastructures et des équipements, * restauration du bâti, * développement des activités commerciales et artisanales et enfin promouvoir et communiquer sur l'offre touristique. Une dynamique de partenariat pour la réalisation du projet Pour réussir ce grand projet qu'est la réhabilitation de l'ancienne médina, un comité de pilotage présidé par le Wali de Casablanca et un comité d'animation et de communication animé par l'Association de Casablanca Carrières Centrales seront mis en place. (Source : associationcasablancaccma) Les principales actions préconisées Intitulé de l'action Consistance Maitre d'ouvrage Bailleur/Partenaire Coût global * 30 plaques commémoratives; * 2 plaques en marbre présentant le circuit; * 50 plaques en fonts ou similaires portant les noms des rues et placettes. Création des toilettes publics à * Bousmara; * Cote Ahmed Baidaoui; * Arsat Zerktouni. * Construction et aménagement d'une unité pour la prise en charge des toxicomanes Annexe I: * Construction d'une Maison de la culture * Création d'un musée de la marine * Création d'un Musée des arts * Extension du centre de santé Bousmara * Création des centres préscolaires * Création des cantines scolaires * Création d'une salle multimédia et bibliothèque au sein des écoles * Mise en place d'une bibliothèque Associations membres du groupe de réflexion Associations: Bayti, Maroc Aujourd'hui, Al Wahda., Auberges des Jeunes, Amana, Achbal, Sidi Belyout, Ocean Atlantique, Ittihad Salam Arriyadi, Al Ibdaa, Amicale Marocaine des Handicapes, Amicale de l'Ancienne Medina Les projets phares identifiés 1) Edition d'un «Livre» sur la médina (Association Carrières Centrales) 2) Réhabilitation des portes et portails (Commune) 3) Création de la maison des artistes à Bousmara (Commune, Fondation Magma, Fondation CDG) 4) Création d'un centre socio-culturel sur le site de l'ancienne église Buenaventura (en cours de montage) 5) Création d'un atelier de photographie (Commune, Fondation Mains du Monde) 6) Création d'une maison des jeunes (en cours de montage) 7) Lancement a court terme d'une action de solidarité avec les habitants de l'ancienne médina: «Ramadaniyates Al Madina Al Qadima» (Association Casablanca Carrières Centrales) 8) Action «soignons la médina»: ravalement des façades et nettoyage (Fondation Mains du Monde) 9) Aménagement d'un espace pour personnes du 3eme âge (Commune) 10) Réaménagement des places Ouazzane et Jamaa Souk (Commune) Historique Centre du petit royaume des Berghwatas et connu depuis le 6ème siècle la cité d'Anfa fut prospère jusqu'en 1468. Ce fut Sidi Mohammed Ben Abdallah qui lui redonna une nouvelle impulsion vers 1770 en édifiant la médina de Casablanca à l'emplacement de la cité médiévale d'Anfa. C'est la naissance de Dar el Baida qui vient dit-on d'une construction côtière grâce à laquelle les navigateurs reconnaissaient la ville : ce nom signifie maison blanche, Casablanca en est la traduction espagnole du milieu du 19ème siècle. Car le 20 octobre 1780, le sultan octroya à l'Espagne l'exclusivité du commerce et l'exportation libres de vivres pour les navires des îles Canaries. Dés 1880, Casablanca devint la capitale économique du Maroc avec ses banques, ses transitaires, ses bureaux de postes, ses compagnies maritimes, ses consulats,…. A la fin du 19ème siècle, Casablanca constituait le point de passage obligé des puissances européennes qui s'engageront dans des luttes et des tractations d'intérêts. Sa population passa de 6 000 habitants en 1865 à 20 000 au début du 20ème siècle. Mais centre de passage commercial et en l'absence de souks traditionnels la médina de Casablanca ne fut jamais une ville d'artisanat ce qui explique l'absence d'une bourgeoisie qui donna aux médinas de Fès et de Marrakech leur prestige et leur rayonnement. Formant un polygone irrégulier d'une superficie de 47 ha, limitée par ses remparts, la médina forme un quartier essentiellement d'habitat et de petits commerces. Son tracé en fait une médina traditionnelle avec ses rues étroites à largeur variable, démunie d'espaces publics hormis quelques placettes mais avec une forte densité allant jusqu'à 3 000 habitants à l'hectare. Si la médina garde encore quelques édifices publics et religieux ayant un cachet architectural datant du 18ème siècle, ces derniers se trouvent actuellement dans un état de délabrement avancé et la majorité d'entre eux ont subi des transformations tragiques (surélévation, taudification, …). La médina comprend de même un habitat insalubre, sous-équipé avec des constructions menaçant ruine et des noyaux de bidonvillois…, un déficit manifeste en équipement public et social…, une régression en activité commerciale et un manque d'animation touristique et culturelle, … Le Projet de réhabilitation Pour redonner une âme à l'ancienne médina, cœur de Casablanca, où autour de ses murailles s'est bâti la ville moderne, a été édifiée la Grande Mosquée Hassan II et aujourd'hui de grands projets comme la Marina ou l'Avenue Royale sont lancés, il a été décidé de formuler une vision intégrée et partagée par tous les acteurs locaux (pouvoirs publics, société civile, entreprises privées, …) pour se donner les moyens de réhabiliter l'ancienne médina intra muros. Il était une fois «Casablanca» Par Bertrand C. Bellaigue 2010Les seuls Américains «notables» à Casablanca étaient une douzaine de «consuls» et «vice-consuls», avatars des officiers de l'armée de terre ou de la marine qui, sous la direction de Robert Murphy, détaché de l'ambassade américaine auprès du gouvernement de Vichy, furent chargés officiellement en juin 1940, des intérêts britanniques dans le Protectorat. En fait, leur mission principale et secrète était de préparer tactiquement et politiquement le débarquement de novembre 1942. Parmi les copains de mon adolescence, il y avait eu le fils de l'un d'eux, Jerry Wald Mayer, qui tout fier de son état, m'avait conduit un jour en cachette dans le bureau de son père dont les murs étaient couverts d'émetteurs-récepteurs de radiodiffusion. «C'est avec tout cela que mon père communique avec Washington.» Au même moment, une dizaine d'officiers supérieurs et subalternes de la Wermarcht composaient la «Commission d'armistice» chargée de surveiller dans «l'Empire chérifien» ce qui restait des troupes françaises coloniales et de leur armement. C'était pour ces jeunes hommes, images caricaturales de la race allemande, grandes, blondes, jeunes et jouissantes de la nature de véritables vacances au soleil. Et auxquels, ipso facto, il avait été évité de se trouver sur le front russe. Ils venaient se baigner au «Lido», une des piscines «smart» de la côte casablancaise. Le Maroc était demeuré un pays dont les contrôles frontaliers fonctionnaient comme des passoires, les compromissions vichyssoises de la population française n'empêchaient pas parfois les connivences bien qu'elle fût soumise aux autorités du protectorat nommés par le gouvernement de Vichy, depuis l'armistice qui avait sanctionné la défaite de l'armée française en juin 1940. Bien avant l'appel du général De Gaulle, on avait vu arriver après leurs séjours dans les camps de détention de Miranda, en Espagne franquiste, des centaines de jeunes Français qui avaient choisi de quitter la France occupée pour poursuivre la guerre d'une manière ou d'une autre. La Marine anglaise et l'état major londonien du général de Gaulle avaient organisé un service très spécial qui allait chercher à bord de bateaux de pêche ces jeunes dont le but étant de s'engager dans les Forces Françaises libres. Ceux qui n'avaient pas été évacués par ce canal, s'engagèrent dans les troupes françaises rééquipées en 1943 par les Etats-Unis, et participèrent aux débarquements alliés en Italie, Corse et sur la côte d'Azur, en France Il y avait aussi les cafés maures et les hétaïres de «Bousbir», le quartier réservé, déclaré «Off Limits» (zone interdite) aux turbulents jeunes soldats qui, dans les premiers mois de leur arrivée, ne se déplaçaient jamais sans leurs pistolets mitrailleurs «Thompson» avec lesquels il leur arrivait de faire des cartons sur les réverbères de la ville, comme trois décennies plus tard, les miliciens de Beyrouth. Puis, la guerre s'était terminée. Ce qui restait au Maroc de l'armée américaine fut rapatrié. Le temps passa et une autre guerre, celle de Corée survint en 1951. Washington obtint du Sultan de revenir dans ce qui était encore un protectorat ou territoire colonial français. Cinq bases aériennes furent construites pour servir d'escale au bombardier B 52 porteurs de bombes atomiques. Une nouvelle génération de soldats et d'aviateurs fut importée. Le quartier réservé «indigène» de Bousbir leur fut toujours «Off limits» mais depuis la guerre, un bordel de luxe, «le Sphinx» avait été construit à 25km de Casablanca. Ce qui n'avait été qu'un fantasme patriotique en 1942, devint partiellement réalité. Cette grande villa fleurie de bougainvillées, dirigée par Madame Andrée, célébrée par Jacques Brel, devint le havre momentané de centaines de vigoureux jeunes hommes, parfumés à l'after shave, mais sans avoir, disait leur hôtesse, la courtoisie et la délicatesse que « nous témoignaient naguère, nos amis parisiens des beaux quartiers. » Comme le rappelle Marvine Howe, ancienne correspondante du New York Times dans ces années là au Maroc, les nouveaux venus avaient cherché en vain dans les rues de Casablanca le légendaire «Rik's café» dont leur avaient parlé leurs parents et grand parents qui avaient débarqué en Afrique du Nord dans les années mil neuf cent quarante. Jusqu'au jour où, soixante années après le débarquement américain en Afrique du Nord, été inaugurée la réplique du «Rik's Café» qui n'avait plus jamais existé que dans l'imagination des cinéastes de la Warner Brothers' du temps de guerre à Hollywood. Ce faux monument historique avait été réalisé dans un immeuble de la «vieille médina» nommée jadis «Dar el Beida» (La Maison Blanche) où se trouvaient en 1916, face à la mer, le « café du Commerce ». Les premiers pionniers français et européens qui ont tenté leur chance dans un nouveau territoire y venaient boire leur absinthe quotidienne. La résurrection de ce haut lieu mythique avait été imaginée et réalisée par une citoyenne américaine, conseillère commerciale au consulat général des Etats-Unis à Casablanca, Kathy Kriger, désormais connue des habitués sous le surnom de «Madam Kathy.» Son projet, conçu avec la bénédiction des autorités municipales et la contribution financière d'une quarantaine d'actionnaires marocains et américains, avait nécessité un investissement de près d'un million de dollars, grâce auxquels, dans le rôle du pianiste Sam, Lenny Bluett, âgé de 85 ans, fils du cuisinier d'Humphrey Bogart, le Rik's original continuerait à jouer, mais sans Ingrid Bergman, «As time goes by».