Le président sud-africain Jacob Zuma effectue à partir de mardi une visite officielle en Chine pour renforcer la coopération entre la première économie d'Afrique et le géant asiatique, en passe de devenir l'un des principaux investisseurs sur le continent. Le président Zuma rencontrera au cours de sa visite du 24 au 26 août le Premier ministre Wen Jiabao et visitera l'exposition universelle de Shanghai. Les relations commerciales entre la Chine et le pays économiquement le plus développé du continent africain ont connu un essor ininterrompu depuis 1998 et, l'an dernier, les exportations de l'Afrique du Sud vers la Chine ont dépassé celles vers les Etats-Unis. «Les statistiques sur le commerce avec la Chine montrent que les relations commerciales peuvent encore prendre plus d'ampleur», a indiqué le ministère sud-africain des Affaires étrangères, avant la visite du président Zuma. Le commerce entre les deux pays a augmenté l'année dernière de 2% à 119,7 milliards de rands (16,3 milliards de dollars, 12,9 milliards d'euros), dopé par la demande chinoise de matières premières. Pékin a également effectué une série de gros investissements en Afrique du Sud, après avoir injecté 5,5 milliards de dollars dans la Standard Bank il y a près de trois ans. En mai, les compagnies chinoises ont passé un accord pour construire en Afrique du Sud une usine de ciment pour un coût de 217 millions de dollars et ont investi 877 millions de dollars (715 millions d'euros) pour prendre le contrôle (51%) d'une petite société minière sud-africaine Wesizwe et ouvrir une nouvelle mine de platine dans le pays, Un an après l'élection de Jacob Zuma à la présidence, ce voyage complète sa tournée dans les pays émergents, les Bric (Brésil, Russie, Inde et Chine) où il a cherché des partenaires économiques. L'Afrique du Sud aimerait figurer parmi les Bric bien que son économie soit loin de connaître la même envolée. «L'Afrique du Sud tente de consolider ses relations avec les autres pays émergents. C'est une stratégie pour lui permettre de renforcer ses liens avec les grands pays émergents, regroupés sous l'appellation de club des Bric», relève Martyn Davies, directeur du cabinet de consultants Frontier Advisory. «En tant que première économie du continent africain, l'Afrique du Sud boxe au-dessus de sa catégorie quand elle arrive sur le terrain de puissances économiques telles que celles du G8. D'où la nécessité de collaborer avec d'autres pays émergents et non d'entrer en compétition avec eux», ajoute Davies. Les entreprises chinoises, quant à elles, sont implantées dans toute l'Afrique, participant à de vastes projets de développement d'infrastructures, rachetant des affaires en difficulté et apportant une aide aux pays en conflit. Le plus important investissement chinois concerne une raffinerie de pétrole au Nigeria (23 milliards de dollars) mais la Chine aide aussi des petits pays comme la Zambie, soutenant son secteur minier. La course chinoise à l'implantation en Afrique est parfois comparée à une nouvelle colonisation du continent, avec une séparation floue entre aide et investissements. La Chine est aussi critiquée pour son soutien à des régimes autoritaires comme ceux du Soudan et du Zimbabwe ou pour son manque de respect des règles de sécurité au travail, comme le fait un rapport récent du cabinet américain McKinsey qui souligne parallèlement le «rôle dynamique» de la Chine en Afrique.