Le Maroc célèbre toujours dans une ferveur renouvelée le souvenir de son mouvement à la suite de l'acte irréfléchi des autorités coloniales en déportant leur Roi légitime. Le peuple marocain soufflera donc ce 20 août la 57ème bougie de cette épopée. L'importance de cet événement réside dans la dimension de sa symbolique : Roi et peuple ont relevé conjointement un défi qui allait être décisif dans le processus qui aboutira à les émanciper de quatre décennies de protectorat qui s'étaient transformées en une colonisation impitoyable. C'est ce vendredi que le Maroc fêtera la cinquante-septième année de sa glorieuse Révolution du Roi et du peuple. Evénement devenu un repère capital dans l'histoire de la Nation et dans celle qui a marqué sa lutte pour l'indépendance. Tout le peuple marocain célèbrera ainsi cette journée qui, plus qu'une date d'anniversaire, a consacré les liens de sacralité entre le Trône et le peuple. Cette épopée n'a été possible que grâce à la mobilisation de tout un peuple derrière son Roi pour le recouvrement de la liberté et de l'indépendance longtemps aliénées au cours de phases historiques marquées par la régression économique et l'indigence culturelle. Une lutte remarquable a été menée depuis cette date sur divers fronts, notamment politique : les représentants du mouvement national aux Nations-Unies en France et au Moyen-Orient (Caire) ont multiplié les démarches auprès des puissances occidentales éprises de liberté fragilisant ainsi la position des extrémistes français. Tournant majeur donc fut ce 20 août 1953. Il devient une date historique à marquer d'une pierre blanche. Sur quelle voie ? Celle d'une libération totale du joug colonial. Rétrospective : Depuis l'établissement du protectorat français au Maroc, le 30 mars 1912, le peuple marocain n'a jamais arrêté sa lutte contre les forces coloniales dans les différentes régions du Royaume, en vue de recouvrer son indépendance et défendre les valeurs sacrées de la Nation. Le Maroc a ainsi connu dès le début des années vingt un mouvement de résistance populaire et de multiples soulèvements des tribus contre la domination étrangère (française et espagnole) notamment au Tafilalet, au Grand Atlas, au Tadla et, surtout au Rif. Un grand nombre de victoires ont été remportées par les vaillants combattants de ces régions. La bataille d'Anoual marquera à jamais les esprits pour avoir démontré qu'un peuple avide de liberté et déterminé est capable de tenir tête aux plus redoutables armées d'occupation. Voire écraser celles-ci comme ce fut le cas pour les partisans d'Abdelkrim face aux forces coloniales espagnoles. A rappeler qu'un grand nombre de victoires ont été remportées, entre 1927 et 1930, par de courageux combattants de Boudnib et de Khénifra. Dans une vaine tentative de briser cette unité du peuple marocain et de semer les germes de la dissension religieuse et ethnique, les autorités coloniales ont promulgué un dahir dit «Berbère» en 1930. Mais les Marocains, par leur attachement indéfectible au Trône et à l'intégrité territoriale de leur pays, ont affronté avec courage et bravoure ce complot, en ravivant la conscience nationale et renforçant l'action patriotique du mouvement nationaliste, qui a défini ses positions claires et résolument tournées vers l'avenir en présentant les revendications de réformes dès 1934. Cette action nationale commençait à peine à se profiler à l'horizon que les autorités coloniales prirent des mesures répressives contre elle. Les victimes de ces atrocités furent nombreuses. Mais cela n'a pas affaibli le mouvement nationaliste qui s'est amplifié pour forcer ce tournant historique décisif. Par l'acte de la présentation du Manifeste de l'Indépendance, le 11 janvier 1944, le Mouvement Nationaliste et le Palais ont démontré leur parfaite entente et le Sultan Mohammed Ben Youssef s'est révélé le meilleur allié des forces vives de la Nation dans la lutte pour l'accession à l'indépendance. Soucieux de veiller à l'unité du Maroc et de démontrer l'attachement de son peuple tout entier, au Nord du Royaume comme au Sud, à son identité nationale et religieuse, Feu SM Mohammed V a entrepris le 9 avril 1947 une visite historique dans la ville de Tanger, défiant par ce geste à la fois symbolique et courageux, le colonisateur et exprimant l'attachement du Maroc, Roi et peuple, à son intégrité territoriale, à ses valeurs et à son identité nationale. Cette visite historique a provoqué des tensions entre le Palais et la Résidence générale et mis à nu la position négationniste des autorités du Protectorat qui s'inscrivaient à contre-courant des aspirations légitimes du Roi et du peuple. Les autorités du Protectorat ont ainsi saisi l'occasion des événements de décembre 1952, suite à l'assassinat du militant syndicaliste tunisien Farhat Hachad, pour jeter les militants et les leaders du mouvement nationaliste dans les geôles ou les condamner à l'exil. Le Souverain dénonça ouvertement cette répression et se heurta à l'arrogance totalitaire du général Guillaume, qui préparait ainsi en catimini avec les chefs de tribus féodaux la déposition du Roi. Ce furent les préparatifs du coup de force d'août 1953, exilant le Roi et les membres de la Famille Royale en Corse d'abord, ensuite à Antsirabé (Madagascar), mais contribuant par la même bêtise à raviver la conscience nationaliste du peuple marocain. Ainsi, animées par un acharnement sans bornes, les autorités coloniales avaient osé, en ce jeudi, et qui plus est, à la veille de l'Aid Al-adha, passer à l'acte en se dressant contre le peuple marocain et son Roi, croyant que par l'exil du Souverain légitime et l'installation à sa place d'une autorité fantoche, elles pouvaient parachever leur domination sur le Maroc. Mais c'était assurément sans prévoir l'attachement et la mobilisation de tout un peuple uni et soudé pour protéger fidèlement son Roi. C'est ainsi que les populations de toutes les régions du Royaume se sont soulevées contre l'occupant et ses desseins ignobles visant à contrôler, voire s'accaparer le pays et porter ainsi atteinte à leur Souverain. Dans toutes les villes et campagnes du Royaume, des émeutes et manifestations ont éclaté et des groupements armés se sont constitués pour faire face contre les forces de l'occupation. Affaibli par une lutte et une résistance armée qui a duré trois années, l'occupant a finalement réalisé qu'il n'aura de répit qu'avec le retour du Sultan, retour qui était déjà synonyme de la fin de l'ère coloniale. Le 16 novembre 1955, Feu SM Mohammed V regagne enfin le Royaume et les Marocains accourent de toutes parts pour fêter avec leur Roi l'indépendance du pays. Calme et serein, Feu SM Mohammed V déclara alors : «Nous sommes sortis du combat mineur pour livrer le combat majeur».