Force est de constater que la corrélation entre la conjoncture sociale et le réel de l'écrivain et de son écriture est plus que tangible. N'est-ce pas que l'imaginaire de l'écrivain n'est autre que le fruit de son entourage. «Les étoiles de Sidi Moumen», dernière œuvre de Mahi Binebine parue chez les éditions le Fennec n'est que la preuve supplémentaire de cette conjonction étroite des domaines des sciences humaines. Terrorisme et fanatisme : ce sont des thèmes qui ont investi la littérature autant mondiale que marocaine et reviennent comme leitmotiv dans diverses fictions. Les attentats du 11 septembre aux Etats-Unis comme les déflagrations du 16 mai à Casablanca se sont invités dans la littérature. Ces thèmes comme celui des années de Plomb, pendant une certaine époque, ne cessent de ranimer l'appétence des écrivains. Au Maroc, trois romans se sont focalisés sur le quartier de Sidi Moumen : Celui de Leila Alami, l'écrivain marocaine installée aux Etats-Unis, un autre de Youssef Amine Alami toujours en cours de réalisation et enfin «Les Etoiles de Sidi Moumen» de Mahi Binebine paru début 2010. Dans ce roman, l'auteur évoque la question des Kamikazes et de leur fabrication. La thèse avancée par l'auteur Mahi Binebine est coutumière, relayée plusieurs fois autant par des intellectuels, des analystes et la presse à l'échelle internationale. Des gamins qui vivent dans une décharge au quartier déshérité Sidi Moumen, l'un des endroits les plus pourris de la métropole, dont les habitats prennent la forme des sépulcres qui sentent la charogne et où la violence est tellement standardisée qu'elle ne paraît le moindre surprendre. Somme toute, une sorte d'ossuaire où les vivants sont enterrés dès la naissance mais qui continuent tant bien que mal à espérer. Seulement, faute de mieux, les mômes de Sidi Moumen se voient sombrer petit à petit dans le fanatisme et deviennent un appât facile à l'endoctrinement religieux jusqu'à ce qu'ils étreignent la mort. Sans cautionner les actes terroristes ni vouloir faire le plaidoyer du terrorisme, Mahi Binebine refuse de s'adonner au jeu du réquisitoire gratuit et populiste sans argument des kamikazes. Pour lui, il est aussi essentiel d'analyser les raisons pour mieux en juger les conséquences. Une doctrine qu'on ne peut entièrement partager avec l'écrivain : Ben Laden ou Ayman Dawahiri d'Al Qaïda sont issus des familles très aisées ou encore l'un des kamikazes des attentats du 16 mai à Casablanca qui est résidant du quartier Gauthier, l'un des plus huppés de la mégapole. Comme quoi les prêcheurs du fanatisme ne pêchent pas que dans les eaux troubles. Il s'agit, néanmoins, d'une fiction subjuguante sur un drame qui nous a tous secoué, encore plus les familles des victimes que des kamikaze à tout jamais secoué par cet épisode de notre histoire.