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Khalil Hachimi Idrissi : «Ma philosophie s'accommode bien du fait religieux»
Publié dans Albayane le 15 - 08 - 2010

Khalil Hachimi Idrissi, directeur de publication et de rédaction du quotidien «Aujourd'hui Le Maroc» et président de la Fédération marocaine des éditeurs de journaux (FMEJ), nous parle dans cette rubrique ramadanesque, notamment de l'ambiance que procure le mois, de l'organisation de ses journées, ses lectures, son regard sur la programmation TV durant le mois sacré. Les propos.
Al Bayane : Que représente pour vous l'ambiance spirituelle et sociologique que procure le mois sacré du Ramadan ?
Khalil Hachimi Idrissi : C'est une ambiance exceptionnelle. Evidemment, l'aspect spirituel est dominant. C'est un mois tout entier dédié à la religion. Mais c'est, justement, sur le plan sociologique que la magie du Ramadan opère. Changer le rythme de vie de toute une population. Inverser le temps. Modifier les addictions. Faire une substitution de valeurs. Reformuler les plaisirs. Occuper l'espace autrement. Tout cela, en un laps de temps assez court et d'une manière collective, représente à mon sens la puissance du Ramadan. Pour moi personnellement, j'ai toujours été très impressionné par cette transformation sociale radicale et son effet d'entrainement sur les individus. Sinon, j'aime le Ramadan que je pratique avec assiduité par choix car je trouve dans cet exercice une affirmation de l'esprit sur la matière, de la volonté sur les abandons et de la communion sur l'individualisme forcené. Maintenant, je me méfie également de l'hypocrisie institutionnelle que cela peut occasionner. Le Ramadan dans son sens premier et originel est, me semble-t-il, un exercice de dépassement de soi qui ne doit pas être chahuté, perturbé, par des impostures. La fausse dévotion, une figure de la littérature universelle. Le vrai et la pureté des intentions sont parfois oblitérés par des attitudes éthiquement et moralement insuffisantes. Dans le dictionnaire des sens, des significations, qu'est le Coran, la définition de l'hypocrisie est à placer au sommet des perversités. Dire avec la langue ce que l'on ne pense pas avec le cœur met la personne hypocrite en dehors de l'humanité musulmane, si cette personne est musulmane. Je ne parle pas de l'apostasie qui est une rupture nette et unilatérale de contrat, elle est sur une autre échelle. C'est une cohérence ultime, une unité absolue qui fait la puissance de l'islam que d'aucuns, aujourd'hui, dévoient par la bêtise, la haine, le terrorisme, le crime et la violence. Sinon, pour le reste, j'ai une philosophie personnelle qui s'accommode assez bien du fait religieux quand il est dans la mesure, dans la tolérance et dans le respect des autres. Cet œcuménisme culturel fait que je suis un adversaire tenace, loyal et régulier de tous les intégrismes.
Comment vous organisez vos journées durant ce mois ? Les soirées ramadanesques sont propices aux rencontres de tous genres. Avez-vous le souvenir de quelque chose qui vous a marquée durant l'une d'entre elles ?
L'organisation de mes journées est dictée par mes responsabilités professionnelles. Mais je privilégie le travail de nuit, notre métier nous le permet, car les heures utiles et productives dans la journée sont au final assez réduites. Une affaire de gestion de l'énergie. Sinon, pour les soirées, en général, elles se terminent avec le deuxième et dernier repas aux alentours de 23 heures pour laisser le temps à la lecture. J'ai le souvenir d'une soirée de Ramadan magique avec mes parents et mes frères, au début des années soixante. Au cœur de la nuit autour d'un repas silencieux en train, tous, d'écouter religieusement un conte à la radio. Une grande radio en ébénisterie, les haut-parleurs tapissés d'un tissu écru, le bois aux couleurs patinées et douces, et deux gros boutons en nacre qui tirent, par un système filaire caché, une aiguille translucide marquée verticalement en son centre par un trait rouge — un gage de haute précision — , qui indique dans une succession étourdissante de villes des pays exotiques pour nous. Le goût de ce repas frugal se confond, aujourd'hui, dans la mémoire brumeuse, avec la saveur des sons surgissant en douceur de cette imposante radio qui meublait notre vie. Enfin, tout cela, ce n'est peut être que de la nostalgie. Elle modifie tout par affection.
Etes-vous de ceux qui laissent apparaître des sautes d'humeur durant la période du jeûne ? Pourquoi ?
Non, je n'ai pas de sautes d'humeur particulières. N'ayant pas d'addiction particulière, je ne ressens aucun sevrage. Ce qui peut m'énerver d'habitude continue à produire le même effet pendant le mois de Ramadan. La bêtise sous toutes ses formes me gêne énormément. Mais ces derniers temps, je m'énerve peu depuis, peut être, que je me fais moins d'illusions sur l'humanité
Quelle appréciation portez-vous sur la programmation Tv sur les chaînes nationales ? Etes-vous d'accord avec ceux qui estiment que le niveau esthétique et professionnel des sitcoms pêche par son indigence pour ne pas dire sa médiocrité? A qui incombe la responsabilité de cette situation ?
Pour la télévision, je vais être bref et précis pour ne pas participer au jeu de massacre collectif. Il y a trois problèmes à mon avis. Le premier est que l'on fait faire des textes de sitcoms par une ou deux personnes pour plus de 25 épisodes. Décemment, aucun professionnel de l'écriture dramatique ne peut faire cela. Partout ailleurs dans le monde, il y a des comités d'écriture pour cela. Tout ce qui heurte les téléspectateurs vient de cette carence qui ouvre la porte à toutes les improvisations néfastes. Deuxième problème : réaliser des sitcoms est un vrai métier. Pour des raisons que j'ignore, on veut oublier cette règle de base et on laisse la voie ouverte à des gens qui ne maîtrisent pas suffisamment ce genre difficile. Troisième problème: l'humour marocain a du mal à se renouveler. A part quelques exceptions notables d'artistes qui ont de vrais univers aboutis : Hassan El Fad, Hanane Fadili ou quelques jeunes très prometteurs révélés récemment par Yacine Zizi, l'humour marocain reste marqué par les stigmates du sous-développement et l'analphabétisme. Ses codes sont usés. Et il manque, encore une fois, cruellement, de textes. On veut encore continuer à faire rire les gens sur le mépris des ruraux, des faibles, des bonnes, des accents régionaux, des pauvres, des riches, des gros, des maigres, etc. C'est un imaginaire pauvre qui n'a pas encore dépassé l'étape culturelle décisive qui fait que l'humour dans les pays raffinés est l'une des expressions les plus élevées de l'art. Une politesse de l'esprit. Que la télévision publique chargée par la loi, et son cahier de charges, d'élever le goût de la nation vers ce qui est beau, sublime et exaltant fasse, sous la tyrannie de l'audience, la promotion du mauvais goût, pose effectivement problème. Sinon, pour être juste, personne n'est obligé de regarder ces émissions.
Quelles sont vos lectures préférées durant ce mois sacré ?
Vous savez je suis un lecteur professionnel. C'est mon métier de lire. Personne ne peut écrire s'il ne lit pas. J'ai répété cela à des dizaines de jeunes journalistes que j'ai croisés dans ma vie. En général, j'alterne essais et romans pour rester frais. Je viens de finir une année Balzac. Je n'ai fait que cela pendant des mois. Un voyage fabuleux que je souhaite à tous vos lecteurs. Je repartirai bientôt pour un autre voyage, aussi long. Sinon pour le Ramadan, en général, je lis des textes en français sur l'islam. J'adore accéder à la littérature arabe et à la culture musulmane, en diagonale, par la langue française. Je le fais aussi en arabe mais pas assez souvent à mon goût, peut-être par paresse.
Quel regard portez-vous sur le paysage médiatique marocain : presse écrite et audiovisuel ?
Je ne porte pas de regard sur ce paysage. Je le vis de l'intérieur. ll a tout à gagner à être plus modeste. Peu de lecteurs : 300.000 par jour dans le meilleur des jours. Peu de téléspectateurs : deux sur trois sont sur les chaînes étrangères satellitaires. La meilleure vente de livre ne dépasse pas 3 000 exemplaires. Les médias sont sous capitalisés. L'investissement publicitaire est ridicule. La création de valeur est accaparée par les intermédiaires. Les chaînes de télévision sont sur la paille. Les radios souffrent dans le silence. Le secteur médiatique entier fait moins que le chiffre d'affaires de la télévision TF1 en France en une seule année. Franchement, il n'y pas de quoi être fier. C'est un paysage sinistré. Notre pays ne mérite pas cela.
Qu'est-ce qui a changé dans la société marocaine ? Les mécanismes de sociabilité qui ont permis de perpétuer les fondamentaux de la personnalité marocaine fonctionnent-ils toujours ?
Pour défendre la personnalité marocaine, sinon elle va finir par disparaître, il nous faudra, pour faire court, une vie culturelle digne de ce nom. Une télévision à la hauteur des enjeux. Une presse utile, vigoureuse et en bonne santé. Un vrai secteur de l'édition. Et une éducation nationale qui marche et qui produit des «clients» pour la culture. Or nous n'avons rien de tout cela. Il nous faut dans ce domaine aussi de grands travaux. De très grands travaux.


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