Nabil El Bousaadi La date choisie, par l'Iran, pour conclure un accord de coopération stratégique avec la Russie, n'est pas anodine dès lors qu'elle coïncide avec l'imminence du retour, ce 20 janvier 2025, de Donald Trump à la Maison Blanche car c'est bien ce dernier qui, en faisant sortir, en Août 2018, les Etats-Unis du Join Compréhensive Plan of Action (JCPoA) dit « Accord de Vienne » encadrant le programme nucléaire iranien en contrepartie de la levée des sanctions initialement imposées à Téhéran, avait permis leur reconduction. L'accord historique officialisant les relations stratégiques entre Moscou et Téhéran qui a été signé, ce vendredi, au Kremlin, entre le président russe Vladimir Poutine et son homologue iranien Massoud Pezeshkian, remplace celui qui portait sur « les principes fondamentaux de la coopération entre la Russie et l'Iran », que les deux pays avaient signé en 2001. En consolidant leur statut de partenaires stratégiques, cet accord va permettre aux deux pays de renforcer leurs liens en établissant un cadre juridique pour une coopération bilatérale à long terme dans les domaines de la défense, la lutte contre le terrorisme, l'énergie, les finances, les transports, l'industrie, l'agriculture, la science, la technologie et la culture. En ouvrant, ainsi, la voie à une coopération, à long terme, entre les deux pays, dans une multitude de secteurs, cet accord de partenariat stratégique va permettre aux deux pays de contourner les sanctions multiformes que Donald Trump va, incontestablement, tenter d'infliger, encore une fois, à Téhéran Pour le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov, cet accord qui n'est « dirigé contre personne » même si les occidentaux ont toujours défendu l'idée que « la Russie, l'Iran, la Chine et la Corée du Nord préparent quelque chose contre quelqu'un », va permettre à Moscou et à Téhéran d'« assurer une capacité de défense fiable ». Aussi, pour le président iranien Massoud Pezeshkian, cet accord de partenariat stratégique global, qui était attendu depuis longtemps, ouvre un « nouveau chapitre » dans les relations entre les deux pays car en permettant, à Moscou et à Téhéran, de renforcer l'ensemble de leurs relations et de leurs liens, il leur ouvrira la voie à « une coopération étendue dans les domaines des routes, de l'éducation, du commerce et d'autres domaines » et leur permettra, par la même occasion, de neutraliser les « sanctions et l'extrémisme des Etats-Unis et des pays occidentaux » arrimés au char américain. Et si, par ailleurs, c'est pour contrecarrer et servir de contrepoids à l'influence de Washington, que Moscou, Téhéran et Pékin qui sont soumis à des sanctions internationales sont devenus, ces dernières années, des alliés proches du fait même de leur confrontation avec l'Occident, l'accord signé, ce vendredi, entre Moscou et Téhéran est, comme l'a rappelé, le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, un pas menant à « la création d'un monde plus juste et équilibré » franchi par deux pays qui sont « conscients de leur responsabilité historique ». Il convient de préciser, par ailleurs, que bien qu'il prévoit des échanges « dans le domaine des utilisations pacifiques de l'énergie atomique » et un soutien mutuel face à des « menaces sécuritaires », cet accord en 47 points n'indique, à aucun moment, que les pays signataires s'apporteront une assistance militaire si l'un d'eux venait à être agressé comme l'avait prévu l'accord similaire conclu entre Moscou et Pyongyang lorsqu'il avait évoqué une « aide militaire immédiate » en cas d'agression armée d'un pays tiers. Interrogé, avant même la signature de cet accord, le chef de la diplomatie iranienne avait précisé que celui-ci ne vise pas à « créer une alliance militaire » similaire à celle qui avait été scellée entre la Russie et la Corée du Nord et qui a permis à des soldats nord-coréens de participer aux côtés des troupes russes en Ukraine. A quoi s'attendre quand, après avoir été tous les deux soumis à de lourdes sanctions internationales, la Russie et l'Iran ont opéré, ces derniers temps, un rapprochement accéléré, et qu'en décembre dernier, ils ont essuyé un échec commun et une perte d'influence avec la chute de Bachar al-Assad qui était leur allié commun ? Attendons pour voir...