Nabil El Bousaadi Ce sont 17 millions d'électeurs Sri-Lankais qui ont été appelés aux urnes, ce samedi 21 Septembre 2024, pour départager les 38 candidats qui participent à cette nouvelle course à la présidentielle qui, dans les faits, se présente, plutôt, comme étant une véritable course à trois entre le président sortant, le libéral Ranil Wickremesinghe, le chef de l'opposition, Sajith Premadasa et, enfin, Anura Kumara Dissanayake, un fervent militant marxiste. L'issue de cette élection qui déterminera le cours de la reprise du pays après sa pire crise économique et les bouleversements politiques qui en ont résulté, montrera si, après le défaut de paiement de 2022, les Sri-lankais qui, malgré une amélioration significative de l'économie, se battent encore contre des impôts et un coût de la vie élevés, approuvent la restructuration de plus de 17 millions de dollars de la dette locale et étrangère du Sri Lanka qui s'élevait à 83 milliards de dollars telle qu'opérée par le président sortant dans le cadre d'un programme du Fonds monétaire international (FMI). D'une étude faite par le Think Tank LirneAsia, il ressort que le pays est empêtré, depuis 5 ans, dans une grave crise économique du fait non seulement des deux chocs successifs que furent les attentats islamistes de 2019 et la pandémie du Covid mais, surtout, de la gestion catastrophique du pays par le clan Rajapaksa à telle enseigne qu'après avoir compté 3 millions de pauvres en 2022, il en compte, désormais, 7 millions et souffre, aujourd'hui, d'une grave pénurie de produits de première nécessité tels que les médicaments, la nourriture, le gaz et le carburant du fait notamment des emprunts excessifs qui avaient été effectués pour financer des projets qui ne généraient pas de revenus et l'insistance du gouvernement à soutenir la roupie en dépit des faibles réserves monétaires dont il disposait. Contraints de faire la queue pour pouvoir obtenir les produits dont ils avaient grandement besoin, les Sri-lankais n'avaient pas eu d'autre alternative que celle de se soulever contre le pouvoir en place en prenant le contrôle d'importants bâtiments administratifs, mais aussi en s'attaquant à la maison du président, Gotabaya Rajapaska, à son bureau et à celui de son Premier ministre obligeant, ainsi le chef de l'Etat à présenter sa démission et à quitter le pays. Elu par un vote parlementaire en Juillet 2022 pour couvrir le reste du quinquennat du président Rajapaska qui s'est enfui avant d'achever son mandat, Ranil Wickremesinghe qui était le seul membre de son parti au Parlement et qui a hérité d'une économie étranglée par une dette de 46 milliards de dollars contractée essentiellement auprès de la Chine, cherche, désormais, à obtenir un nouveau mandat pour pouvoir renforcer ses acquis, bien qu'il soit accusé, par un grand nombre de sri-lankais d'assumer une grande responsabilité dans la crise économique dans laquelle le pays est toujours plongé. Mais si, au cours de ce scrutin, ce dernier aura face à lui Sajith Premadasa, 57 ans, leader de l'opposition, qui, en s'engageant à arracher des concessions au FMI, visant la révision du code des impôts qui « force les travailleurs à aller chercher un emploi à l'étranger », devrait rallier à lui une grande partie des mécontents, il ne faut pas oublier que le favori de cette élection reste, néanmoins, Anura Kumara Dissanayake, le leader du parti marxiste AKD qui a axé sa campagne électorale sur la promesse de débarrasser le pays de la corruption qui le gangrène depuis des décennies et de soulager les finances des ménages Sri-lankais en réintroduisant de la justice fiscale. Issu d'un milieu populaire et brandissant l'étendard du marxisme, Anura Kumara Dissanayake qui incarne, pour ses nombreux partisans, la promesse d'une véritable alternance politique et du renouvellement d'une classe politique sclérosée, semble disposer de tous les atouts qui lui permettraient de remporter ce scrutin mais attendons pour voir...