Nabil EL BOUSAADI La nouvelle tant attendue par les Sri-Lankais est tombée ce jeudi : le président Gotabaya Rajapaska a démissionné. Intervenu trois mois après le début des manifestations, le départ du chef de l'Etat que les sri lankais rendent responsable de la sévère crise qui a frappé l'île où l'inflation a atteint 70% et qui a subi de graves pénuries de nourritures, pourrait ramener un peu de calme dans un pays en proie à une profonde détresse économique et sociale du moment qu'à cette annonce les manifestants ont décidé de quitter les bâtiments publics qu'ils occupaient tout en « continuant la lutte ». Au pouvoir depuis 2019, le président Gotabaya Rajapaska, dont la famille est très influente, depuis des décennies, dans les sphères politiques, a pris des mesures désastreuses dont l'interdiction de l'importation des produits chimiques phytosanitaires qui a eu pour conséquence de baisser drastiquement la production agricole du Sri-Lanka. Ainsi, le pays souffre de pénuries généralisées, les prix des produits de première nécessité ont augmenté de 54,6% en une année selon la Banque centrale et la monnaie nationale se serait dépréciée de près de 50% de sa valeur depuis mars. Cette situation, aggravée par ce passage forcé à l'agriculture 100% bio, en Avril 2021, qui avait causé un effondrement de la production avant d'être annulé six mois plus tard a été, bien entendu, amplifiée par la guerre en Ukraine à telle enseigne que, d'après un rapport du «Programme alimentaire Mondial » (PAM), « 86% des familles mangent moins ou sautent des repas entiers» et que les écoles et les services gouvernementaux non essentiels ont été fermés jusqu'à nouvel ordre. Les autres difficultés auxquelles avait eu à faire face le gouvernement ont trait notamment à son incapacité à financer les importations essentielles pour nourrir les 22 millions de Sri-Lankais et à rembourser une dette extérieure qui a atteint 51 milliards de dollars. En ajoutant à cela le fait que le pays qui n'a presque plus de réserve d'essence n'avait pas d'autre choix que celui de fermer certains établissements administratifs et scolaires afin de réduire les déplacements de la population, le moins que l'on puisse dire c'est que le Sri Lanka va tellement mal que son président s'est trouvé contraint de s'enfuir. C'est ainsi qu'il avait quitté sa résidence, samedi 9 juillet, dès que celle-ci avait été prise d'assaut par les manifestants. Et si, après une première tentative de fuite avortée, le président déchu a pu prendre, le mercredi 13 juillet, un avion pour Malé, la capitale de l'archipel des Maldives, il a été conspué à son arrivée à l'aéroport si bien qu'après avoir passé une nuit dans un hôtel de la ville, il s'est envolé le lendemain pour Singapour d'où il a envoyé son mail de démission. A la suite de cette démission, le Premier ministre du Sri Lanka, Ranil Wickremesinghe, a été investi, président par intérim et prêté serment, le vendredi 14 Juillet, devant le président de la Cour Suprême conformément à la Constitution du pays. Aussi, comme le prévoit la Constitution, le Parlement se réunira mercredi pour élire, parmi les députés, celui qui succèdera à Gotabaya Rajapaksa et qui assumera les fonctions de Président de la république jusqu'à la fin du mandat du président déchu qui devait intervenir en Novembre 2024. La désignation du successeur de l'ancien président Gotabaya Rajapaksa va-t-elle mettre un terme aux violentes manifestations qui secouent le pays depuis plus de trois mois et qui, d'après le principal hôpital de Colombo se seraient soldées par la mort de trois personnes et 52 blessés ? Attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI