Migration des compétences médicales et infirmières Ouardirhi Abdelaziz Certains pays riches d'Europe dont l'Allemagne, le Royaume-Unis, la France, la Suisse mais aussi et d'Amérique, dont les USA, le Canada, sont en train de recruter massivement des médecins et des infirmières, infirmiers, aides-soignantes. Le Maroc est parmi les pays sur lesquels s'est porté le choix de ces pays, dont le seul objectif est de recruter le plus grand nombre de professionnels de santé, tous les moyens sont bons pour arriver à leur fin. Selon le rapport du magazine British Medical Journal. La migration des médecins (entre 300 à 400) chaque année et des cadres de la santé à l'étranger coûterait au Maroc entre 0,10 et 0,25% du produit intérieur brut (PIB). Autrement dit, une perte qui oscille entre de 1,1 milliard de dirhams à 2,767 milliards de dirhams. Mais pas que. Choix cornélien, mais ........ La crise sanitaire liée à la pandémie Covid qui a touché de plein fouet en 2020 plusieurs pays Européen dont la France, l'Italie, l'Allemagne, la Belgique, la Suisse, la Hollande, l'Angleterre, a révélé au grand jour l'état de nombreux hôpitaux qui manquaient parfois de matériel, de médicaments, de lits de réanimations. Mais cette crise sanitaire a surtout permis pour la première fois de mettre en lumière une pénurie de personnel médical et de soignants; qui jusque-là était inapparente, imperceptible. Face à cette soudaine pénurie critique de médecins, d'infirmières, d'infirmiers, plusieurs centres hospitaliers Européens, ont cherché toutes les vois possibles pour compenser le manque de professionnels de santé dont pâtissent leurs différentes structures sanitaires. Il n'y a avait pas d'autres choix possibles pour les gestionnaires de ces établissements de soins de santé, dont l'objectif est avant tout d'assurer la viabilité et la continuité des services et prestations de soins de santé aux populations, et dans le cas contraire n'avoir d'autre choix que de procéder à la fermetures de nombreux services hospitaliers, faute de ressources humaines qualifiées. Un véritable dilemme, un choix cornélien. La solutions que ces pays (Allemagne – France – Belgique-Holland- Luxembourg-Suisse.... ) ont choisi, celle pour laquelle ils ont pratiquement opté pour pallier au manque d'infirmières et infirmiers, à la pénurie de personnel médical, consiste à faire appel aux médecins d'autres pays, à recruter massivement des soignants d'Afrique et d'Asie. Des conditions attrayantes Dans le même ordre, d'autres pays tels les Etats-Unis, le Canada, le Royaume-Uni, trois pays puissants, riches, mais qui se placent malgré tous leurs moyens financiers en tête des pays qui manquent cruellement de personnel de santé (médecins – infirmiers), et qui tentent eux aussi de recruter comme jamais à l'étranger et n'hésitent pas à lancer des campagnes de recrutement à destination des pays africains, articulèrent le Maroc dont les medcins, les infirmiers et infirmiers sont très appréciés et sollicité. En tant qu'enseignant au sein des instituts de formation des professions de santé, j'ai eu l'occasion d'assister à quelques réunions organisés par des bureaux de recrutements Canadiens et Allemands, qui cherchaient de potentiels candidats médecins et infirmiers qualifiés, intéressés par le travail à l'étranger. Tout a été pensé, étudié, analysé pour séduire et convaincre les candidats retenus. Des salaires compétitifs, une carrière gratifiante, croissance professionnelle, formation continue, élargir ses compétences, des indemnités, meilleur qualité de vie, scolarisation des enfants, aide au logement ..... Le gouvernement britannique a par exemple lancé un « visa de santé et de soins » en 2020, avec frais réduits et traitement rapide des demandes. Le Canada a assoupli ses exigences linguistiques pour la résidence permanente et accéléré le processus de reconnaissance des qualifications des infirmières formées à l'étranger. L'Allemagne autorise les médecins formés à l'étranger à accéder directement à des postes de médecin assistant. Le Maroc perd ses professionnels de santé qualifiés Dans ces courses effrénées pour avoir le plus grand nombre de médecins et d'infirmiers qui iront travailler dans ces pays du nord, des professionnels de santé formés au Maroc dans d'excellents facultés de médecine Marocaines, et dans des centres hospitaliers universitaires connus et reconnus au niveau national, régional, continental et international pour la grande qualité de leur enseignement, de leur formation. Un immense travail entreprise depuis des décennies, et plus exactement depuis le début des années 60, car la premier faculté de médecine a vu le jour n 1962 à Rabat, et la second en 1975 à Casablanca. Un énorme travail a été entrepris, ces facultés et toutes les autres, font des efforts constants pour former des médecins compétents afin de se structurer au niveau des standards internationaux, pour offrir aux citoyens Marocains des soins de qualité dans un contexte de besoins en santé immenses des populations. Au bout du compte, ces jeunes médecins Marocains finissent par aller travail dans des pays étrangers au lieu de servir leur pays. Le Maroc, qui perd chaque année entre 300 à 400 médecins, voir même plus, et ce au moment où notre pays connaît un déficit global de plusieurs dizaines de milliers de professionnels de santé partis exercer à l'étranger. Il en est de même pour les infirmiers et infirmiers, des professionnels de santé formés à bonne école avec bac + 3, détenteurs des licences et Bac + 5 pour les masters en soins infirmiers, tous sont chevronnés, et qualifiés, mais hélas une richesse humaine que nous perdons et qu'il est difficile de remplacer. Le problème qui me préoccupe le plus, c'est le manque de médecins dont pâtit notre pays. Interpellé au Parlement sur la pénurie des professionnels de santé, le ministre de la Santé et de la protection sociale Khaled Ait Taleb, avait dit que le manque de médecins est estimé à 32.000 et celui des infirmiers à 67.000, des chiffres qui se passent de tout commentaire. Au sujet de l'exode massif des médecins et infirmiers, le ministre avait répondu avec flegme que le gouvernement ne peut pas l'arrêter. Une question éthique Il ne fait aucun doute, que la méthode utilisée par les pays du nord , qui consiste ni plus ni moins à vider les hôpitaux, les structures de soins de santé de leurs compétences, est une approche qui soulève de nombreuses questions sur l'éthique de toutes ces campagnes de recrutement via les réseaux sociaux et sur l'écho qu'elles reçoivent, au moment où notre pays entreprend une profonde réforme sanitaire. Une réforme destinée à assurer à tous les citoyens Marocains une couverture sanitaire universelle, un meilleur et équitable accès aux soins de santé, dans des établissent hospitaliers adaptés, modernes, bien équipés. Ce qui obligatoirement nécessite des ressources humaines qualifiées en nombre suffisants. C'est le cas surtout pour les nouveaux CHU, comme celui d'Ibn Sina Rabat, Agadir , Laayoune, Tanger, Fès, ou les hôpitaux régionaux, pectoraux, les hôpitaux psychiatriques. Ce qui est difficile à concevoir avec tous ces départs qui se comptent en milliers, une véritable hémorragie qui vide chaque année un pu plus nos infrastructures sanitaires de nos compétences médicales et infirmiers, ce qui à terme finira par fragiliser encore plus notre système de santé. La réaction du comité international des infirmiers (CII) Face à la pénurie mondiale de millions d'infirmières, certains pays à revenu élevé continuent de combler les lacunes en matière de personnel en recrutant activement des infirmières dans des pays vulnérables déjà confrontés à de graves pénuries de main-d'œuvre dans le secteur de la santé. Malgré des codes éthiques communs et des appels à freiner cette pratique, le recrutement agressif d'infirmières se développe, avec des preuves évidentes d'impacts néfastes exacerbant des inégalités de santé profondément enracinées dans le monde entier. Lors de l'Assemblée mondiale de la santé de cette année, les groupes nationaux d'infirmières et les responsables des soins de santé ont envoyé un message sans équivoque : la crise mondiale de la migration des infirmières s'intensifie rapidement et prive les systèmes de santé les plus fragiles du monde d'une expertise et d'une couverture infirmières vitales. Cette crise s'inscrit dans le contexte d'une urgence sanitaire mondiale alimentée par un sous-investissement chronique dans la formation et la fidélisation des travailleurs de la santé dans le monde entier. Une action rapide et résolue est désespérément nécessaire pour protéger et retenir les effectifs infirmiers, en endiguant la vague de migration des infirmières en provenance des pays qui souffrent d'un grave déficit en personnel de santé et dont les infrastructures sanitaires sont affaiblies. En conclusion, je ne puis cacher ma rage face à ce qui se passe, ce qui se trame, car je connais très bien ce que signifie la formation d'un médecin, celle d'une infirmière, d'une sage-femme, tous les sacrifices et l'investissent que tout cela nécessite. Au bout du compte, un individu vient au Maroc, et se met à négocier pour bénéficier de tout ce labour à moindre coût, sans être inquiète le moindre du monde. Ce qui est choquant dans cette histoire de recrutent massif, de ce siphonage, de ce hold up des médecins, infirmières, infirmiers, aides-soignantes Marocains, c'est l'attitude et les agissements sans état d'âme de tous ces recruteurs sans scrupule, ni conscience venus au Maroc pour emmener le plus possible de professionnels de santé, sans se soucier des conséquences et effets néfastes, dévastateurs auxquels nous seront confrontés, car qu'on le veuille ou non à court et moyen terme, tous ces départ , se traduiront par une déstabilisation de notre systèmes de santé . Voilà tout est dit.