A qui profite la crise plurielle que traverse notre pays, actuellement ? Que menace-t-elle, en particulier ? La réponse n'est pas si complexe, puisqu'on n'ira pas la dénicher plus loin que son nez. L'inégalité sociale est tellement charivarique qu'une minorité de fortunés conquière quasiment la totalité de la ressource nationale. L'oligarchie politique et pécuniaire ne cesse de détenir le pouvoir absolu, aux dépens des classes démunies et moyennes. Cette large couche qui endure à présent, les affres du fossé criard de la vie quotidienne, constitue une grosse entrave du développement. Tant que cette réalité est vécue à des cadencesde plus en plus, âpres et soutenues, il n'y aurait ni démocratie avérée ni perspective certaine, encore moins stabilité pérenne. Il est vrai que le gouvernant se la coule douce, au cœur de cette disparité galopante. En revanche, les gouvernés qui se décuplent, au fil du temps, en raison de ce système autocratique, finiront par conspuer, tôt ou tard, cet état cynique. En fait, l'effet du boomerang serait, sans doute, inéluctable, en si peu de temps car la politique excessivement inégalitaire que mène le pays, finirait par se retourner également sur ses auteurs. La pression finit toujours par générer l'explosion, a-t-on souvent l'habitude de dire en pareille circonstance. Depuis des lustres, l'Etat prônait une façon de gouverner, fondée sur le monopole, la rente et la dépravation, à tel point qu'il se retrouve aujourd'hui dans le guêpier de ses propres choix dévastateurs. Il faisait le vide autour de lui en exerçant une mainmise sur la vie politique, à travers la répression sur les partis sérieux ou encore la manipulation des créatures partisanes à son bon vouloir. L'affaiblissement systématique du paysage politique de la nation a affecté la médiation mobilisatrice des populations, abandonnées à leur sort, en affront direct avec les forces de l'ordre. Pis encore, cette balkanisation despotique des partis politiques honnêtes a créé un climat de non confiance et de désaffection dans les milieux populaires. Au même titre, les institutions du royaume sont méprisées ou du moins mal perçues, du fait de la dévalorisation attentionnées, pour des fins hégémoniques. L'Etat n'a pas donc intérêt à continuer à faire usage de cette formule de boomerang sans peut-être s'en apercevoir, car, en fin de compte, il ne fait que creuser sa propre tombe. Il devrait lever la main du processus démocratique irréversible, tout en fortifiant les acteurs de la médiation politique, syndicale et de la société civile. La réconciliation avec toutes ces composantes, dans un esprit de respect et concorde, s'avère un préambule de vive importance pour la relance de l'édification nationale. Le cas de la communion unifiée, synchronisée à la veille de la marche verte, par feu Hassan II avec, notamment, le bloc du mouvement national, s'inscrit dans ce conglomérat symbiotique du royaume. Le Maroc a grand besoin de réitérer ce nouvel enjeu collectif afin d'arrêter d'hypothéquer l'avenir.