A qui profite la crise déchirante que traverse notre pays, actuellement ? Que menace-t-elle, en particulier ? La réponse n'est pas si complexe, puisqu'on n'ira pas la dénicher plus loin que son nez. L'inégalité sociale est tellement charivarique qu'une minorité de fortunés a conquis quasiment la totalité des ressources nationales. L'oligarchie politique et pécuniaire ne cesse de détenir le pouvoir absolu, aux dépens des franges démunies et moyennes. Cette large souche qui endure à présent, les affres du fossé criard de la vie quotidienne, constitue une grosse entrave du développement. Tant que cette réalité est vécue à des cadences, de plus en plus, âpres, il n'y aurait ni démocratie authentique ni perspective florissante, encore moins stabilité pérenne. Il est vrai que les gouvernants se la coulent douce, au cœur de cette disparité galopante. Il n'en demeure pas moins évident que les gouvernés qui en pâtissent lourdement, en raison de ce système dysfonctionnel, finiront par s'insurger, tôt ou tard, contre cet état injuste. En fait, l'effet du boomerang serait, sans doute, inévitable, en si peu de temps, car cette politique excessivement inégalitaire que mène le pays, est en passe de se retourner sur ses auteurs. « La pression finit toujours par générer l'explosion ! », a-t-on souvent l'habitude de dire en pareille circonstance. Depuis des lustres, l'Etat prônait une façon de gouverner, fondée sur le monopole, la rente et la dépravation, à tel point qu'il se retrouve aujourd'hui dans le guêpier de ses propres choix dévastateurs. Il s'amusait à exerçer une mainmise sur la vie politique, à travers la répression des partis sérieux et « l'incitation » des créatures partisanes soumises à l'usage excessif de l'argent sale. L'affaiblissement systématique du paysage politique de la nation a occasionné, de sitôt l'exclusion de la médiation mobilisatrice des populations, abandonnées à leur sort, en affront direct avec les forces de l'ordre. Pis encore, cette balkanisation irréfléchie des partis politiques honnêtes a créé un climat de non confiance et de désaffection dans les milieux populaires. Au même titre, les institutions du royaume sont méprisées ou du moins mal perçues du fait de la dévalorisation attentionnée, à des fins hégémoniques. L'Etat n'a pas donc intérêt à continuer à préconiser cette formule de boomerang sans peut-être s'en apercevoir. Car, en fin de compte, il ne fait que creuser sa « propre tombe ». Il devrait impérativement lever la main du processus démocratique irréversible, tout en fortifiant les acteurs de la médiation politique, syndicale et de la société civile. La réconciliation avec toutes ces composantes, dans un esprit de respect et de concorde, s'avère un préambule de vive importance pour la relance de l'édification nationale plurielle. Ce fut le cas de la communion unifiée et synchronisée à la veille de la marche verte, par feu Hassan II avec, notamment, le bloc du mouvement national, qui s'inscrit dans ce conglomérat symbiotique du royaume. Le Maroc a grand besoin de réitérer cette alternative démocratique et progressiste collective afin d'arrêter d'hypothéquer l'avenir !