L'expression «Dégage !» a encore retenti sur la scène du festival Timitar d'Agadir. Des voix rauques des flots humains vociféraient à tue-tête sur l'immense esplanade de cette 17ème édition de l'événement festif dont le slogan : «Les artistes Amazighs accueillent la musique du monde !», dérogeait au principe habituel de bienvenue du cérémonial. Lors de la soirée inaugurale, ce flux en colère huait cette fois, celui qui fut même l'instigateur de la festivité, alors qu'il était encore «apolitique». Face à la conspuation criarde qui fusait de toutes parts, le chef de l'Exécutif s'éclipsa sans demander son reste. Il savait bien évident que sa présence dans l'ambiance de fête, ne serait nullement tolérée devant la persistance de la hausse des prix et la flambée explosive de la pompe. On se demanderait si cet «indésirable public» se fait assister par des conseillers alertes qui le mettraient bien à l'abri de tels pétrins avec les masses déchaînées ! Il devrait bien se rendre compte que ces concitoyens qui viennent se divertir aux mélodies suaves de Tabaâmrante, ne veulent plus de celui qui mène la politique de passivité criante à leur égard, au moment même où le Nord du Royaume gémit sous les incendies meurtriers des forêts, à cause des ravages caniculaires. Aujourd'hui, «dégage !», s'érige en mot d'ordre de toutes les rebellions contre tout gouvernant qui faillit à sa mission, encore plus celui censé tâter le pouls de tous les gouvernés et s'ingénier à faire face à tous les maux qui s'abattent sur la société, dans le civisme le plus absolu. «Dégage !», arboré à pleins poumons, dans les espaces en hystérie, demeure une expression de refus, de rejet et de négation dont font usage tous ceux qui se sentent usurpés, désabusés et rudoyés par les démissions exaspérantes des responsables en constante léthargie. On dit «dégage !» aux mafieux de tout acabit, sur terre comme en mer, qui gangrènent l'économie marocaine, aux impunités dont bénéficient les rentiers et les malfrats intouchables qui minent le tissu sociétal, aux scélérats insoucieux qui pillent les biens de tous genres, aux faussaires des élections qui dénaturent les cartes politiques par le biais de la connivence et l'argent sale, aux fossoyeurs de démocratie fragile d'une nation en pleine gestation, aux corrupteurs qui ne font qu' affecter la moralité et la solvabilité de valeurs, aux arnaqueurs voraces de toutes les hautes sphère féodales et oligarchiques, aux obscurantistes et fascistes qui déstabilisent la modération nationale éclairée... A tous ceux-là qui jouissent du laxisme déconcertant, qui causent la fracture sociale et hypothèquent le dessein national, conforté par l'unicité et la communion, le «petit peuple» de la Nation profère haut et fort : «Dégage !».