L'entraîneur de l'équipe nationale marocaine de futsal, Hicham Dguig, a livré une interview au site officiel de la FIFA, dans laquelle il parle de la Coupe du Monde à venir, en Ouzbékistan. « Le fait d'avoir évolué au poste de meneur, qui est tactiquement le plus important dans ce sport comme dans tous les sports de salle tels le basket, le volley ou le handball, permet d'avoir une approche du jeu en perpétuelle évolution car vous êtes le lien entre le parquet et le coach », confie le sélectionneur de 52 ans au micro de la FIFA. « Et cette approche vous oblige d'une certaine manière à avoir un amour plus développé pour la discipline. » Sous sa houlette, le Maroc s'est qualifié pour la première fois de son histoire à la Coupe du Monde de Futsal de la FIFATM, en 2012. Une qualification qui a posé les jalons de la « Dguig touch ». Quatre ans plus tard, le natif de Kénitra a débarqué avec ses hommes à Johannesburg pour sa première Coupe d'Afrique des Nations de Futsal de la CAF. Un tournoi qui a signé les prémices de la suprématie marocaine sur le continent africain, avec un succès en finale à la clé, 3-2 face à l'Egypte. « Je n'ai que deux maîtres-mots : le travail et la persévérance. C'est ce qui me guide et qui me motive à longueur de journée. Mais mes débuts furent délicats, j'étais encore un jeune sélectionneur », admet Dguig. « J'ai appris à maîtriser certains aspects de la vie de tournoi sur le tas. Puis, en 2020, à domicile, c'était la confirmation et en 2024 la consécration [avec un troisième sacre de rang. » Des exploits qui font du tacticien marocain un exemple à suivre et dont la ténacité et la longévité sont saluées par ses pairs : « Hicham est le meilleur entraîneur du Maroc, de l'Afrique et même au-delà », a déclaré Walid Regragui, le sélectionneur du Maroc, à propos de son aîné. Au mois de septembre, c'est un nouveau défi auquel le triple champion d'Afrique devra faire face : la Coupe du Monde de Futsal de la FIFA, Ouzbékistan 2024TM. « On a hâte d'y être, nous avons des arguments à faire valoir et un statut de champion continental à défendre. Il va falloir bien se préparer afin d'être prêts le jour J. » La Coupe du Monde est donc au cœur de l'entretien que le Marocain a accordé à la FIFA. Dans cette interview, il revient aussi sur le nouveau titre de champion d'Afrique obtenu le 21 avril dernier par ses hommes, après un succès 5-1 sur l'Angola en finale, et sur le développement du futsal dans son pays natal. FIFA : Cela fait 14 ans que vous êtes à la tête de la sélection du Maroc. Quel regard portez-vous sur le développement du futsal dans votre pays ? Hicham Dguig : « Je n'ai pas été pleinement sélectionneur durant ces 14 années. Les cinq premières années, avant la prise en charge de notre section par la Fédération Royale Marocaine, on effectuait quelques stages occasionnels en vue d'un match amical ou d'une compétition. Je dirais que la bascule a eu lieu après notre premier titre de champion d'Afrique en 2016. Nous sommes devenus plus professionnels. Nous avons enchaîné les matches internationaux pour maintenir notre niveau. On ne s'est pas reposés sur nos lauriers, c'est le plus important. On a abattu un travail colossal afin de construire une structure solide. » Pour la troisième fois consécutive, vous avez remporté la Coupe d'Afrique des Nations de Futsal. Quel est votre secret ? « Le travail, tout simplement. À l'époque où j'étais international marocain, c'était l'Egypte qui dominait le continent. J'ai toujours su qu'en tant que Marocain, on pouvait faire mieux, car nous avons un talent inné pour cette discipline. Lorsque j'ai rangé mes baskets, je suis devenu instructeur FIFA, une mission qui m'a beaucoup aidé. À travers mes tournées en Afrique, j'ai pu réunir des ingrédients qui ont construit le tacticien que je suis aujourd'hui, et cela m'a aidé à établir une vision bien claire pour développer l'équipe nationale. » À quel moment du tournoi vous êtes-vous dit que le trophée serait une nouvelle fois pour vous ? « Dès le début ! J'avais entièrement confiance dans les capacités de mon groupe. Le seul doute que j'ai pu avoir était sur le plan psychologique, car on évoluait à domicile, devant notre public. Je me suis posé la question : comment les garçons allaient gérer cette charge émotionnelle ? J'avais prévenu mes joueurs avant le tournoi, je leur avais dit que nous étions notre premier adversaire. On peut voir les erreurs qu'on a commises lors de la première mi-temps de notre entrée en lice en compétition face à l'Angola où nous avons gagné 5-2. Des erreurs dues à des sautes de concentration, finalement on s'en sort bien. » « On a été une équipe à réaction, car tout au long de la CAN de futsal, nous n'avons pas encaissé le moindre but lors de nos deuxièmes mi-temps. Au niveau technico-tactique, nous étions les meilleurs car on était mieux préparés que les autres sélections. » Le Maroc a d'ailleurs raflé tous les trophées individuels de la CAN. Le prix du meilleur joueur est revenu à Bilal Bakkali, celui de meilleur buteur à Soufian Charraoui et celui du meilleur gardien à Abdelkrim Anbia. Comment expliquez-vous cette réussite ? « Notre méthode, notre système de jeu repose sur le collectif. Nous n'avons pas de poste dédié à tel ou tel joueur, d'ailleurs nous évoluons sans pivot de formation. Par contre, tous les membres de l'équipe peuvent jouer en pivot. Notre jeu se base sur la rotation et la décentralisation : tout le monde attaque, tout le monde défend. C'est pour cela que les joueurs sont toujours récompensés par un prix. » Lors du dernier Mondial de futsal, le Maroc a été battu de justesse en quart de finale par le Brésil 1-0. Quelles leçons avez-vous tiré de cette élimination ? « Le Brésil est l'une des plus grandes nations de futsal de la planète, avec cinq titres de champion de monde. Il y avait cet obstacle psychologique, ils étaient plus expérimentés que nous, car c'était notre premier quart de finale. Désormais, nous sommes plus aguerris psychologiquement et on veut aller le plus loin possible. » Que peut-on espérer des Lions de l'Atlas pour cette Coupe du Monde de Futsal 2024 ? « Vu le plateau des sélections qui sera présenté à cette Coupe du Monde, on peut s'attendre à une grande opposition. On n'aura pas le temps de tergiverser, on va vite entrer dans le vif du sujet. Du point de vue du marketing, des structures, du niveau de jeu, la Coupe du Monde de Futsal n'a rien à envier à sa consœur du gazon. Je suis sûr que l'Ouzbékistan nous prépare une belle fête et nous avons hâte d'y participer. Ça va être un Mondial exceptionnel. » Cette édition 2024 va marquer votre quatrième participation à une Coupe du Monde. Cela vous inspire quoi ? « C'est mon record. Je suis fier d'être le premier tacticien à avoir qualifié sur le terrain la même sélection quatre fois de suite à un Mondial. C'est une grande satisfaction. Mon parcours à la tête du Maroc n'aurait pas pu se faire sans la confiance de la Fédération, du groupe qui m'entoure, sans oublier la politique sportive impulsée par Mohammed VI, le Roi du Maroc, grâce à laquelle nous pouvons jouir de bonnes installations et mener à bien notre mission. » Vous êtes l'un des grands artisans du développement du futsal au Maroc. Comment avez-vous accueilli la nouvelle de la « naissance » de la petite dernière des compétitions FIFA : la Coupe du Monde Féminine de Futsal qui aura lieu en 2025 ? « Je ne peux expliquer ma joie lorsque j'ai appris cette nouvelle. Il y a quelques années, j'étais à l'initiative de la création du pôle futsal au Maroc. Nous avons créé toutes les catégories d'âge chez les garçons pour cette section. Puis, nous avons mis en place la même chose pour les filles. Il était très important de suivre l'évolution de nos joueuses de près. Je me languis déjà de voir les prestations des footballeuses lors de cette Coupe du Monde Féminine qui écrira les plus belles pages de l'histoire de la FIFA. J'en suis sûr. »