Depuis le retour des talibans afghans au pouvoir en Septembre 2021, les tensions ne cessent de croître entre l'Afghanistan et le Pakistan voisin. En cause cet « héritage britannique empoisonné » ayant pour nom « Ligne Durand » constitué par cette frontière poreuse qui sépare les deux pays et qui est, très souvent, le théâtre de violentes escarmouches. Ainsi, aux dires du porte-parole du gouvernement afghan, Zabihullah Mujahid, « les appareils pakistanais » qui ont « bombardé » le territoire afghan, dimanche dernier vers 3 h (22 h GMT), ont fait « six morts dans la province de Paktika » et causé la mort de « deux femmes dans la province de Khost ». Mais, si l'on en croit les autorités pakistanaises, ces attaques ne sont rien d'autre qu'une riposte à celles qui, deux jours auparavant, avaient visé leur pays à partir du territoire afghan territoire pakistanais et que le nouveau président pakistanais Asif Ali Zardari, avait qualifié de « terroriste » dans la mesure où les responsables sont des éléments armés des Talibans pakistanais appartenant au « Tehreek-e-Taliban Pakistan » (TTP). Cette « agression » à laquelle Islamabad a promis de répondre « avec fermeté… quels qu'en soient l'auteur et le pays d'où il vient » s'était soldée par la mort de sept soldats pakistanais au nord-ouest du pays, dans le district du Waziristan du Nord frontalier de l'Afghanistan. Mais, en niant que des groupes armés pakistanais aient pu trouver refuge en Afghanistan, alors même que depuis 2022, c'est par milliers que les membres du TTP ont lancé, à partir du territoire afghan, une « campagne soutenue » d'attaques contre les forces de l'ordre pakistanaises et qu'en Avril 2022, des tirs de l'armée pakistanaise contre l'Est de l'Afghanistan avaient fait une cinquantaine de morts et poussé Islamabad à exiger de Kaboul « des mesures sévères » contre les militants qui attaquent son territoire. Aussi, en condamnant « fermement » ces attaques qui sont une « violation de la souveraineté » de son pays, le porte-parole du gouvernement afghan a assuré, qu'il ne permettrait à personne d'utiliser l'Afghanistan pour lancer des attaques contre ses voisin alors même que les Nations-Unies ont confirmé que le TTP reçoit un « soutien significatif » de la part du régime afghan même si ce dernier, niant toute implication, a déclaré que ces attaques « pourraient avoir des conséquences que le Pakistan ne serait pas capable de contrôler ». Après avoir annoncé qu'en protestant contre les frappes qui ont visé son territoire, le ministère afghan des Affaires étrangères a convoqué le chargé d'affaires du Pakistan en Afghanistan, le porte-parole du gouvernement de Kaboul a tenu à préciser que « le peuple du Pakistan et le nouveau gouvernement civil ne devraient pas laisser quelques généraux poursuivre des politiques erronées (…) qui portent atteinte aux relations des deux pays musulmans voisins, avec de telles actions éhontées ». Tout laisse entendre que ces frappes mortelles, qui ont été qualifiées différemment par les deux protagonistes, sont là pour durer mais attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI