UE : Les nouveaux commissaires se relaient pour couvrir d'éloges le Maroc    A l'ONU, le Maroc a voté le moratoire sur l'application de la peine de mort    Sahara: Le Sénat chilien appuie l'initiative marocaine d'autonomie    L'investissement et la déconcentration administrative au menu du prochain Conseil de gouvernement    Déclarations de patrimoine. La cour des comptes appelle à une réforme urgente    RGPH 2024 : Près de 60% de la population de plus de 15 ans utilise Internet (HCP)    Produits pétroliers : Leila Benali annonce la hausse des capacités de stockage à l'horizon 2030    Abdellatif Jouahri: "Le Maroc sera un des premiers pays au monde à avoir un cadre juridique pour les cryptoactifs"    Transition numérique : Le Maroc et l'Arabie Saoudite signent à Riyad un mémorandum d'entente    Intermédiaires d'assurances : 82 agréments retirés par l'ACAPS en 2023    Transport ferroviaire : le tout premier Paris-Berlin à grande vitesse, nouvelle étape pour l'Europe du train    Mayotte : Bayrou sous le feu des critiques    USA-Chine : Pékin tend la main à Washington pour une coopération    Le Maroc abrite officiellement le Bureau Afrique de la FIFA    Qatar-Maroc 2024 : La Princesse Lalla Hasnaa et Sheikha Sara Bint Hamad Al-Thani président à Doha le « Tbourida Show »    Football : Rafael Louzán élu président de la fédération espagnole de football    Agadir : Découverte macabre liée à la disparition d'un touriste belge disparu depuis novembre    Béni Mellal: arrestation d'un individu faisant l'objet de quatre avis de recherche au niveau national    Akdital : Inauguration de l'hôpital privé de Meknès    OULED EL BLED sort son premier album « Gwer Mgharba » Disponible sur toutes les plateformes de streaming    RGPH : Un Marocain sur quatre utilise l'amazigh au quotidien    Benali: La part des énergies renouvelables a dépassé le cap des 44%    Les militaires espagnols invités à la retenue sur la question du Sahara marocain    La Princesse Lalla Hasnaa et Sheikha Sara bint Hamad al-Thani président à Doha le "tbourida show"    Hakimi et Amrabet dans le onze masculin de l'année, Chebbak dans le onze féminin    Comment le Maroc veut faire des grandes échéances sportives un vecteur de progrès socio-économique    L'OM fixe le prix d'Amine Harit    Match de gala à Marrakech avec la participation de légendes du football africain    Football: Le Maroc accueille la prochaine CAN U17 du 30 mars au 19 avril 2025    Accord Hamas-Fatah sur la formation d'un comité pour administrer Gaza    Pour une littérature pour enfants en Palestine axée sur l'espoir et la solidarité    Valence : Le corps d'un MRE retrouvé plus de 40 jours après les inondations    À Rabat, Chakib Benmoussa présente des chiffres saisissants et détaillés du RGPH 2024    Le Maroc, « un partenaire clé et fiable » de l'Union européenne (Commissaire européenne)    La Banque centrale marocaine réduit son taux directeur à 2,5%    Rupture des accords de défense Franco-Tchadiens    Un musée virtuel trilingue pour préserver l'héritage de la communauté marocaine juive voit le jour    Investissement public : une efficacité remise en question    Essaouira : Le festival Jazz sous l'Arganier accueille le malien Cheikh Tidiane Seck    Le SG de l'ONU prône des systèmes de santé publics et une couverture sanitaire universelle    Le Japon veut faire des énergies renouvelables sa principale source d'énergie d'ici 2040    Morocco plans to reopen embassy in Syria post-Assad    Syrie : Après la chute de Bachar, le Maroc envisage de rouvrir son ambassade    Body discovered in near Agadir may belong to missing Belgian tourist    Le temps qu'il fera ce mardi 17 décembre    Maroc : Amis et proches rendent un vibrant hommage posthume à Nour-Eddine Saïl    Tétouan : Le Festival international des musiciens non voyants portera le nom de Mohamed Ben Hakka    Interview avec Widad Mjama : « Nous œuvrons pour offrir à l'Aïta une portée internationale »    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Une œuvre romanesque sur la résilience et l'isolement
Publié dans Albayane le 11 - 03 - 2024


«L'Hôpital» d'Ahmed Bouanani
Mohamed Nait Youssef
Ahmed Bouanani (1938-2011), cinéaste et écrivain, est une voix importante de la scène culturelle et artistique marocaine et maghrébine. Son roman « L'Hôpital », une œuvre romanesque majeure, est une réflexion profonde sur la condition humaine et le dessein de l'homme où l'auteur plonge le lecteur, par le biais de la fiction et de l'autobiographie, dans un centre psychiatrique. Il s'agit en effet d'une immersion dans l'enfermement, l'isolement. L'Hôpital est-il le fruit d'un séjour de l'auteur à l'hôpital ? «Quand j'avais franchi le grand portail de l'hôpital, je devais être vivant. Du moins le croyais-je puisque je sentais sur ma peau, les odeurs d'une ville que je ne reverrais plus jamais », c'est avec ces mots que le romancier a attaqué son récit. L'œuvre est bel et bien une fiction.
L'espace est un lieu interpellant, enfermé, instable peuplé de folie, de souvenirs, d'angoisse, de rêves, de délires et de fiction. Chaque pensionnaire a sa propre histoire, un passé, mais aussi un numéro. La monotonie hante les lieux. Il y a une absence presque de la notion du temps, de la normalité. Le délire est le maître mot de la situation. Il faut dire aussi que l'espace, l'hôpital, n'a pas assez d'importance pour l'auteur, mais plutôt ce sont les humains, leurs sensations, leurs vécus. Pas de limites à la fois physiques et mentales. Et pourtant, Ahmed Bouanani pénètre dans les tréfonds des personnages, leur psychologie tout en proposant une prose majestueuse, poétique, profonde s'ouvrant sur des univers complexes, incassables, où le pouvoir de la fiction est mis en valeur. De ce monde désespéré naît alors une envie de vivre, de dépasser, de surmonter la vacuité de l'existence et l'exigence de la réalité. L'isolement et la résilience sont deux mots clés dans ce roman où le corps, la santé, la vie et la mort n'ont pas le même sens et temporalité. Publié une première fois au Maroc en 1990, ce roman de 120 pages est une « fable universelle sur l'enfermement et la résistance », comme l'avait mentionné David Ruffel dans en postface. Bouanani décrit cet univers fictif par le truchement d'une métaphore : «C'est un drôle de cimetière, les pensionnaires vivent au dessus des tombes, parmi les ronces, les cactus, les insectes, les reptiles, des coquelicots et des narcisses, ils se déplacent avec un linceul bleu deux pièces, des pantoufles ou des babouches et une ribambelle d'insultes au bout de leurs lèvres gercées et de la bave aux commissures».Une expérience difficile, douloureuse telle que l'auteur l'avait racontée à la première personne du singulier. Prisonnier de l'hôpital, les images, les cauchemars lui viennent, la nuit, à l'esprit. «Prisonnier de l'hôpital ou de mon corps, démuni de tout, même de ma mémoire où pourtant j'avais le pouvoir de pétrir mon argile à volonté dans le sang des astres et des légendes et dans la saveur à goût de mille printemps et de doux hivers des chants et comptines désormais enfouis dans les sillons secrets, je dormais et m'éveillais avec d'affreuses sensations d'inconsistance et d'angoisse ou de déchirement, ne disposant plus de fil logique, et mes chutes dans les frontières du jour et de la nuit répétaient cruellement l'image caricaturale, l'image manquée d'une victoire et d'une liberté », avait-il écrit. De la fiction et de l'étrangeté, les personnages sont fictifs portant des noms tels que O.K., le Pet, le Litron, Argane, le Corsaire, dont chacun invente de faux souvenirs, des délires, des rêveries, des hallucinations et des mensonges. «Je ferme le bouquin et je pense à Blaise Cendrars, je lui dis : « Emmène-moi au bout du monde ! ». Il me prend avec son unique main et nous voguons en pirogue, sous les racines des palétuviers, à travers des jungles, des brouillards [...]. Soudain, au bout de quelques pages, nous accostons à Paris, boulevard Exelmans ».Auteur de deux recueils de poèmes «Les Persiennes et Photogrammes», Ahmed Bouanani livre dans l'hôpital, Editions Verdier, Lagrasse 2012, ses inquiétudes, mais aussi ses réflexions sur la mort, le corps, le temps, la vie, l'étrangeté, la solitude et l'enfermement.


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.