Les nouvelles autorités, désormais, au pouvoir au Niger, au Mali et au Burkina-Faso ont «tourné le dos» aussi bien à la France, qui fut leur ancienne puissance colonisatrice mais qui avait continué, à piller, sans vergogne, leurs ressources minières, plusieurs décennies après leur avoir octroyé l'«indépendance», qu'à la Communauté Economique des Etats d'Afrique de l'Ouest qui, en trahissant ses principes fondateurs, est restée inféodée à l'Elysée, et ne les a pas soutenus dans leur lutte contre les groupes djihadistes affiliés à Al-Qaida et à Daesh qui, en les frappant régulièrement ont fait des milliers de morts et des millions de déplacés. En reprochant, en outre, à la CEDEAO d'avoir condamné leur arrivée aux commandes de leurs pays respectifs et menacé d'attaquer militairement le Niger si les nouvelles autorités de Niamey ne restituent pas le pouvoir au Président déchu Mohamed Bazoum, les juntes au pouvoir, dans les trois pays précités, désormais regroupées au sein de l'Alliance des Etats du Sahel (AES), ont franchi une nouvelle étape dans leur rapprochement en décidant, à l'issue d'une réunion tenue par leurs chefs d'Etat-major, à Niamey, au Niger, ce mercredi 6 mars 2024, la création d'une force militaire conjointe pour faire face aux jihadistes qui sèment la terreur dans la région depuis plusieurs années. Or, bien que les contours et les effectifs de cette nouvelle force militaire n'ont pas encore été divulgués, le chef des armées du Niger, le général Moussa Salaou Barmou, a indiqué, dans un communiqué, qu'en conjuguant leurs efforts, le Niger, le Mali et le Burkina-Faso, qui ont déjà «élaboré un concept opérationnel (qui leur) permettra d'atteindre les objectifs en matière de défense et de sécurité (parviendront) à créer les conditions d'une sécurité partagée». Il convient de rappeler, également, qu'après avoir levé, le 24 Février dernier, les lourdes sanctions qu'elle avait imposé au Niger pour l'obliger à libérer le président destitué, Mohamed Bazoum, la CEDEAO a finalement appelé à la «réconciliation» et tendu la main aux nouvelles autorités militaires des trois pays précités mais ces dernières ont tenu à lui signifier que leur décision de se retirer de cette organisation régionale est «irréversible » et qu'ils appartiennent, désormais, à l'«Alliance des Etats du Sahel» (AES). Mais, en considérant, par ailleurs, comme l'a rappelé, le nouvel homme fort du Niger, le général Abdourahamane Tiani, que «la monnaie est un signe de souveraineté», ces Etats se sont «engagés dans un processus de recouvrement de (leur) souveraineté totale» et, à ce titre, entendent «sortir de la colonisation», de manière définitive, en quittant, très prochainement, le franc CFA, commun à la majorité des pays francophones de l'Afrique de l'Ouest, car « il n'est plus question qu'ils soient la vache à lait de la France». Est-ce à dire qu'après avoir colonisé, pendant des siècles, de larges pans du continent noir, et continué à diriger, depuis Paris, de nombreux Etats africains après leur indépendance en y plaçant des dirigeants de son choix, la France serait en train de s'en faire expulser comme un vulgaire malfrat ? Triste constat s'il en est, mais attendons pour voir... Nabil El Bousaadi