« Nouveau plan d'incitation pour l'automobile » L'Italie a annoncé la semaine dernière 950 millions d'euros d'incitations financières en 2024 pour renouveler son parc automobile, sur fond de controverse avec le groupe Stellantis qui reproche au gouvernement de négliger l'électrique. Le ministre des Entreprises Adolfo Urso a présenté à Rome, devant les industriels et les partenaires sociaux, un nouveau « plan d'incitation pour l'automobile » axé sur trois priorités: mettre les voitures polluantes au rebut, aider les foyers modestes à changer de véhicule et « soutenir la production » en Italie. « Nous devons absolument changer de trajectoire par rapport aux années passées », a déclaré Urso lors de cette table ronde, selon un communiqué. « Si la tendance n'évolue pas cette année, malgré les énormes ressources que nous consacrons, nous réserverons les futures ressources du fonds automobile au soutien à notre filière et à l'aide à l'implantation de nouvelles usines dans notre pays », a-t-il prévenu. Dans un document détaillant ces mesures, le ministère souligne que le parc automobile italien est l'un des plus vétustes d'Europe. Il prévoit des aides à l'achat de véhicules neufs électriques ou hybrides ainsi qu'à l'installation de bornes de recharge. Le plan comporte une prime à la casse proportionnelle à la classe environnementale du véhicule. La subvention maximale pour la mise au rebut d'un véhicule jusqu'à Euro 2 passera cette année de 5000 à 13.750 euros. Le gouvernement de Giorgia Meloni et la direction du groupe Stellantis (marques Peugeot, Citroën, Fiat, Alfa Romeo, Chrysler, Maserati, Lancia) ont récemment échangé des critiques par voie de presse. Meloni a accusé le constructeur automobile de privilégier les intérêts de la France depuis la fusion de PSA avec Fiat-Chrysler en 2021, tandis que Stellantis reproche à Rome de tourner le dos à l'électrique. Stellantis a fabriqué quelque 685.000 véhicules en Italie en 2022, contre 678.000 en France. Dans le magazine français Challenges paru jeudi, le patron du groupe, Carlos Tavares, a fustigé « l'opposition franche » à la transition à l'électrique en Italie. « Nous sommes désormais pris en tenailles. Nous fabriquons des voitures électriques en Italie. Mais le gouvernement ne soutient pas la vente de ces véhicules », a-t-il regretté. « Nous ne sommes pas des jouets dans les combats politiques en Europe » Stellantis entend porter sa production en Italie à un million d'unités en 2030, alors que la production automobile du pays est passée d'un million de véhicules en 2017 à moins de 700.000 en 2022. Urso a martelé jeudi que le gouvernement entendait ramener la production italienne à un million d'unités par an, quitte à faire entrer en Italie un second constructeur automobile. « La production dans notre pays a beaucoup diminué ces dernières années, malgré les incitations [financières] qui sont allées en majorité, jusqu'à 80%, à des voitures produites dans des usines étrangères, y compris celles de Stellantis », a-t-il assuré. « Si Tavares ou d'autres pensent que l'Italie devrait faire comme la France, qui a récemment augmenté ses droits de vote dans Stellantis, qu'ils nous le demandent », a commenté Urso devant la presse à l'issue de la table ronde. « S'ils veulent une participation active, nous pouvons toujours en discuter, s'ils pensent que c'est nécessaire – comme l'a fait la France pour défendre les intérêts des citoyens français et de l'industrie au sein de cette multinationale -, qu'ils nous le demandent et nous pouvons raisonner », a-t-il relevé. Il réagissait ainsi à une interview publiée jeudi dernier par l'agence Bloomberg, dans laquelle Tavares estimait que l'Italie devrait faire davantage pour protéger les emplois dans l'automobile au lieu de chercher des boucs émissaires et s'en prendre à Stellantis. L'Etat français a porté fin janvier ses droits de vote dans Stellantis à 9,6% tout en conservant une part de 6,1% du capital, alors que l'Etat italien n'est pas présent dans son capital.