Stellantis, le groupe aux quatorze marques, vient de publier, jeudi 28 juillet, un bénéfice net de 8 milliards d'euros pour le premier semestre, en progression de 34% sur un an. Dans un marché automobile fortement perturbé par les pénuries de puces électroniques, le groupe, né de la fusion entre le Français PSA et l'Italo-Américain Fiat-Chrysler, a enregistré une baisse de ses ventes au niveau mondial, ce qui ne l'a pas empêché d'atteindre un niveau de rentabilité exceptionnel. Stellantis, quatrième acteur automobile mondial, a enregistré un chiffre d'affaires en hausse de 17%, à 88 milliards d'euros, avec une marge opérationnelle à 14,1%, jamais atteinte auparavant dans le secteur. Le groupe a pourtant vu ses ventes baisser de 7%, avec un total de 2,9 millions de véhicules écoulés à travers le monde, sur un marché automobile fortement ralenti par les pénuries de composants électroniques. À noter que les ventes ont été affectées, notamment, par l'effondrement du marché européen, où celles de la nouvelle Peugeot 308, du Fiat Scudo et de la DS4 «sont plus que contrastées par l'impact des pénuries de semi-conducteurs», a précisé Stellantis. Pour l'économiste Flavien Neuvy, directeur de l'observatoire Cetelem, il y a plusieurs éléments qui expliquent les bons résultats de Stellantis : «D'abord un élément plus stratégique de long terme : il faut rappeler que Carlos Tavarès, quand il a pris les rênes de Stellantis, a affiché comme objectif d'opérer une montée en gamme progressive des ventes et de vendre des véhicules plus chers, qui rapportent plus. Ça, c'est le premier élément. Une stratégie qui porte ses fruits, aujourd'hui. Et puis, malgré la pénurie de composants qui a impacté aussi Stellantis, l'entreprise a vendu beaucoup de véhicules, plutôt haut de gamme, qui sont plus chers et permettent de réaliser des marges bénéficiaires plus importantes». Des modèles qui roulent Sur tous les marchés, le groupe a privilégié la production des modèles les plus rentables, dont les véhicules 100% électriques comme la nouvelle Fiat 500 ou la Peugeot e-208. Ces modèles ont vu leurs ventes bondir de 50%, avec 136.000 unités écoulées. Rappelons aussi que Stellantis est très bien positionnée en Amérique du Nord, aux Etats-Unis avec sa marque Jeep, qui, là aussi, marche très bien et rapporte beaucoup. C'est le deuxième élément qui explique la bonne santé du groupe. «Les ventes de voitures électriques progressent aussi de 50% chez Stellantis sur le premier semestre. Le groupe a pris le virage de l'électrique, mais il y est obligé comme tous les groupes automobiles, puisqu'on rappelle qu'en Europe, la vente des voitures thermiques sera interdite à partir de 2035. Et là aussi, ça contribue à améliorer le chiffre d'affaires puisqu'il faut rappeler que les véhicules électriques sont beaucoup plus chers que les voitures thermiques. Donc, forcément, cela gonfle le chiffre d'affaires de l'entreprise», résume l'économiste. Pour rappel, Stellantis avait déjà enregistré, en 2021, d'énormes profits pour sa première année d'existence, avec 13,4 milliards d'euros de bénéfice net. Le groupe entend doubler son chiffre d'affaires (152 milliards d'euros en 2021), d'ici à 2030, en profitant de l'électrification du marché et de gains de productivité. Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO