Nabil EL BOUSAADI Bien que de nombreux ministres européens des Affaires étrangères avaient, officiellement, pris leurs distances avec la position américaine sur le conflit qui oppose l'Etat hébreu au Hamas et ses répercussions en Mer Rouge où, en solidarité avec le mouvement de la résistance palestinienne, les insurgés yéménites s'attaquent aux navires marchands qui empruntent le Détroit de Bab Al-Mendeb par lequel passent 70% des importations européennes en provenance d'Asie, l'Union Européenne a décidé, le 22 Janvier, de lancer une opération destinée à protéger ses bateaux en renforçant l'opération anti-Houthis « Prosperity Guardian » lancée, par Washington, en Décembre dernier mais encore loin de rassembler la coalition attendue par les Etats-Unis. Or, même si une vingtaine de pays se sont engagés, à divers degrés, dans cette opération de protection des navires de commerce, ce sont, essentiellement, des bâtiments de guerre américains et britanniques qui, pour le moment, s'attaquent aux cibles terrestres des rebelles Houthis car bien que cette décision soit nécessaire pour la sécurité maritime, elle entraîne des complications logistiques et financières significatives. Ainsi, pour la période comprise entre le 18 décembre et le 7 Janvier 2024, le trafic maritime empruntant le détroit de Bab Al-Mendeb a baissé de près de 60% par rapport à l'année dernière. Mais bien qu'au cours de cette réunion, les chefs des diplomaties de l'UE aient convenu de mobiliser trois bâtiments européens pour abattre les drones et les missiles menaçant les vaisseaux commerciaux occidentaux du fait de leurs liens supposés avec Israël, les diplomates européens se sont, néanmoins, interdits de suivre aveuglément Washington et Londres qui, depuis le 12 Janvier ont ciblé, à plusieurs reprises, les installations militaires des Houthis au Yémen et, si l'on en croit un communiqué du commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom), mené des frappes contre « un missile antinavire houthiste qui était dirigé vers le golfe d'Aden et préparé à être lancé » Ainsi, même si le porte-parole du Conseil national de sécurité américain, John Kirby, a signalé que, pour réduire les capacités militaires des insurgés yéménites protégés par Téhéran, les forces américaines « ont mené avec succès trois frappes d'autodéfense contre des cibles houthis au Yémen », que ces opérations ont visé près d'une trentaine de sites au Yémen dont un important site radar Houthi , que « ces mesures ont été... prises en légitime défense (et qu') elles contribuent à rendre les eaux internationales plus sûres tant pour les navires de guerre que pour la marine marchande », les capacités militaires des Houthis semblent être restées intactes et ces derniers sont non seulement toujours prêts à poursuivre leurs attaques mais ont même promis de continuer à cibler les navires marchands empruntant le détroit de Bab Al-Mendeb. Le commerce international transitant par la mer Rouge étant, désormais, largement hypothéqué par le génocide en cours dans l'enclave Palestinienne de Gaza, il est clair que le détroit de Bab al-Mendeb n'est qu'un nouveau front ouvert dans la guerre à laquelle se livrent, depuis le 7 Octobre dernier, les combattants du mouvement de la résistance palestinienne Hamas et l'Etat hébreu et qu'il pourrait y en avoir d'autres mais attendons pour voir...