C'est la première fois, depuis 52 ans, que le Secrétaire général de l'Organisation des Nations-Unies, s'est appuyé sur l'article 99 de sa Charte pour provoquer une réunion extraordinaire du Conseil de Sécurité en invoquant la « mise en danger du maintien de la paix et la sécurité internationales » et la crainte d'un « effondrement de l'ordre public dans la bande de Gaza ». Aussi, en considérant que l'assaut perpétré, par le Hamas, le 7 Octobre dernier, et les crimes auxquels il a donné lieu, ne justifient, en aucun cas, la « punition collective » infligée aux Palestiniens par l'Etat hébreu car bien que « les tirs indiscriminés de roquettes du Hamas vers Israël et l'utilisation de civils comme boucliers humains soient des violations du droit de la guerre, cela n'absout pas Israël de ses propres violations », le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a invité le Conseil de Sécurité, ce vendredi 8 décembre 2023, à se prononcer sur une nouvelle résolution demandant un « cessez-le-feu humanitaire immédiat ». Mais, comme il fallait s'y attendre, les Etats-Unis y ont opposé leur véto en affirmant que cette initiative « planterait les graines d'une future guerre » au motif qu'à leurs yeux, le Hamas n'a « aucun désir d'une paix durable ». Aussi, en évoquant l'éventualité d'une poursuite des négociations, pendant ce week-end en espérant pouvoir éviter « une objection » de la part de l'un ou l'autre des membres permanents du Conseil de Sécurité de l'ONU, l'ambassadeur français, Nicolas de Rivière, a déclaré que « la dernière chose, dont le Conseil a besoin aujourd'hui, est une nouvelle confrontation et un nouvel échec ». Rappelons, également, que si du 7 Octobre à ce jour, quatre projets de résolution ont été rejetés par le Conseil de sécurité soit du fait de l'insuffisance des voix soit à cause des vétos russe, chinois ou américain, ce n'est qu'à la mi-novembre que le Conseil de sécurité était parvenu à adopter une résolution appelant à des « pauses » et à la mise en place de « couloirs humanitaires » mais non pas à l'instauration d'un « cessez-le-feu » ou même à une « trêve ». Mais en reconnaissant, néanmoins, que leur soutien indéfectible à Israël qui, pour « détruire le Hamas » a déjà fait 17.000 morts civils, nuit considérablement à leur image, les Etats-Unis essaient d'amener leur allié israélien à tempérer son ardeur. Aussi, avant de faire jouer le véto de Washington, le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a, pour la première fois, critiqué publiquement l'Etat hébreu en déclarant qu'un « fossé sépare les intentions déclarées » du gouvernement israélien de « protéger les civils » et « le nombre de victimes ». Peine perdue si l'on en croit Bushra Khalidi, avocate d'Oxfam, l'une des dix ONG qui ont tenu une conférence de presse commune, ce vendredi, qui a déclaré que la bande de Gaza a vécu une nouvelle journée « d'apocalypse » ou encore Alexandra Saieh, de « Save the children », qui a affirmé qu'après 62 jours de siège, « ceux qui ont survécu aux bombardements courent, désormais, le risque imminent de mourir de faim et de maladie » et que plusieurs enfants ont été « amputés sans anesthésie » alors qu'Isabelle Defourny, la présidente de MSF-France, a déclaré, de son côté, que l'hôpital Al-Aqsa, au centre de Gaza, a reçu, ce mercredi, « plus de morts que de blessés » après un « carnage indiscriminé » de l'armée israélienne. Qu'adviendra-t-il après que « Médecins sans frontières » ait considéré, dans un communiqué, que « l'inaction du Conseil de sécurité des Nations-Unies et les vétos de ses Etats membres, notamment les Etats-Unis, les rendent complices du massacre en cours » dans la bande de Gaza ? Attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI