Journée d'études du GPPS sur La Samir M'Barek Tafsi Photos Redouane Moussa Le groupe parlementaire du Parti du Progrès et du Socialisme a organisé, mercredi 18 octobre au siège du Parlement à Rabat, une journée d'étude en collaboration avec ses partenaires, le Front national pour la sauvegarde de la raffinerie et la commission préparatoire du forum économique du progrès sous le thème : « l'importance de la stratégie de l'industrie du raffinage du pétrole dans le renforcement de la sécurité énergétique et le traitement des dysfonctionnements du marché des hydrocarbures au Maroc ». Cette action s'inscrit dans le cadre de la poursuite de son plaidoyer pour la remise en service de la raffinerie de pétrole de la SAMIR (société anonyme marocaine de l'industrie du raffinage), cet ex-fleuron de l'industrie marocaine à l'arrêt depuis 2015 et sans visibilité, et du refus de céder au désespoir devant l'indifférence et la négligence non innocentes du gouvernement. Dans ce sens, le président du groupe du progrès et du socialisme, Rachid Hamouni a tenu a rappeler avoir présenté, entre autres, deux propositions de loi du PPS pour la reprise par l'Etat de la SAMIR et le retrait des hydrocarbures de la liste des produits dont les prix sont libéralisés. Les deux propositions de loi visent notamment la régulation des prix des carburants et le transfert des avoirs de la SAMIR à l'Etat dans le but ultime de contribuer au renforcement de la sécurité énergétique nationale et la protection des consommateurs et des entreprises contre les augmentations exorbitantes des prix des carburants. Le PPS propose pour ce faire la cession des avoirs de la SAMIR à l'Etat et de confier la gestion de ce dossier au ministère de l'économie et des finances pour entamer la reprise de la production de la raffinerie. Benabdallah : Le statu quo sur le dossier de La SAMIR ne sert que les intérêts de ceux qui tirent profit de Prenant la parole, le Secrétaire Général du PPS, Mohammed Nabil Benabdallah, a souligné que la résolution du problème de la SAMIR requiert une plus grande volonté politique (comme en 1959) et un engagement plus clair du gouvernement pour remettre en service cet ex-fleuron de l'industrie marocaine pour le bien du pays et le renforcement de sa sécurité énergétique. Ce qui n'est pas le cas à présent. L'indifférence et la négligence manifestées à l'égard du dossier de La SAMIR ne servent en fait que les intérêts de ceux qui tirent profit de ce statu quo, à savoir les sociétés à qui la libéralisation du marché des hydrocarbures a été une aubaine. Celles-ci contrôlent l'importation, les circuits de distribution et imposent leurs prix aux stations-service, comme le dira un représentant de la Fédération nationale des propriétaires, commerçants et gérants des stations-service au Maroc, qui s'est plaint de leur diktat. Une telle attitude comporte évidemment beaucoup de risques pour la sécurité énergétique du Maroc, qui compte sur l'importation pour subvenir à ses besoins. Ce qui n'était pas toujours le cas, avant la privatisation de la SAMIR en 1997, qui jouait un rôle important dans la régularisation et la stabilisation des prix au niveau national. En 1959, la SAMIR est créé par l'Etat marocain pour répondre à une volonté politique d'émancipation de l'économie nationale au lendemain de l'indépendance du pays. En août 2015, la SAMIR suspend une grande partie de ses activités et est dans une situation financière critique. Depuis lors elle est à l'arrêt et la liquidation judiciaire de la société est annoncée en 2016. Selon le SG du PPS, la relance de la SAMIR est à même de renforcer les capacités de raffinage et de stockage des hydrocarbures au Maroc et de limiter la cupidité et le diktat des importateurs au niveau national. Zakaria Sidki : porter la part des énergies renouvelables à plus de 52 % d'ici 2030 Intervenant au nom du ministère de la transition énergétique et du développement durable, le directeur des hydrocarbures, Zakaria Sidki, a souligné que l'industrie du raffinage du pétrole a toujours joué un rôle stratégique dans la sécurité énergétique du Maroc. Revenant sur l'histoire de La SAMIR, il a précisé que la société créée en 1959 a été nationalisée en 1973 et que 30 % de son capital a été introduit en bourses en 1996. Juste avant son arrêt, les besoins du Maroc en produits pétroliers ont été assurés à hauteur de 50 % en 2014 par la SAMIR. Et à partir du 1er décembre 2015, les prix des produits pétroliers liquides sont libéralisés. Depuis lors, 16 sociétés de distribution des hydrocarbures opèrent dans le secteur, alors que le nombre des stations-services tournait autour de 180 unités par an. A présent, le secteur des hydrocarbures compte 35 sociétés de distribution, 29 sociétés importatrices des produits pétroliers liquides et 3200 stations-services. Abordant la nouvelle stratégie adoptée pour le renforcement de la sécurité énergétique du pays, il a fait savoir que les nouveaux projets d'investissement doivent respecter les principes de l'efficacité énergétique, intégrer l'obligation de respecter l'efficacité énergétique au niveau des dépenses publiques et des programmes bénéficiant d'aides de l'Etat, structurer et développer les métiers liés à l'efficacité énergétique, placer l'efficacité énergétique au cœur des préoccupations des professionnels et des citoyens, renforcer les capacités financières et institutionnelles et évaluer les programmes d'efficacité énergétique. La stratégie adoptée vise à porter la part des énergies renouvelables à plus de 52% d'ici 2030, à accélérer le développement des énergies renouvelables afin de renforcer la souveraineté énergétique du Maroc, réduire les coûts énergétiques et se positionner dans une économie neutre en carbone dans les décennies à venir, à valoriser les utilisations des énergies renouvelables, notamment dans les domaines du dessalement de l'eau de mer et de l'hydrogène vert et de ses usages et à élaborer une « offre Maroc » pratique et incitatif pour la filière hydrogène vert, comprenant un cadre réglementaire et institutionnel, et un plan pour les infrastructures nécessaires. Mohamed Benmoussa : L'opération de privatisation de La Samir est mal partie depuis le début Abordant la liquidation de la SAMIR, Mohamed Benmoussa, expert économique et président de la commission préparatoire du Forum économique du progrès, a estimé que l'opération de privatisation de la société est mal partie dès le début et que c'est ce qui explique une grande partie des difficultés que la société allait connaitre avant son arrêt. Selon lui, la SAMIR est victime de la mauvaise gestion et de la négligence des pouvoirs publics, qui n'ont rien prévu pour s'assurer du respect du cahier des charges par l'acquéreur de la société. Bien avant cette phase, la procédure de privatisation en 1997 de la SAMIR, qui faisait partie de la liste des unités non privatisables, s'est déroulée de manière non transparente et le transfert des actifs à l'acquéreur a été réalisé de manière directe. Le groupe privé a acquis 100% du capital, alors que l'Etat a cédé toutes ses parts, au lieu d'en garder une partie pour pouvoir siéger au conseil d'administration de la société et accompagner de l'intérieur la société. Livré à lui-même, le nouveau patron de la société n'a pas jugé utile de respecter le cahier des charges, qui lui imposait notamment de moderniser les outils de production. Et il a fallu attendre les inondations de 2002 à Mohammedia et l'incendie qui s'est déclarée dans la société pour se rendre compte des défaillances que connait la gestion de la société en violation flagrante du cahier des charges. Selon l'expert, qui connait bien le dossier de La Samir, trois noms (Al Amoudi, Ba Amer et Saidi) sont responsables de la falsification des bilans d'activité et des données. Ensemble, ces trois personnes avaient induit tout le monde en erreur, dont en premier l'Administration des douanes, les banques et la banque centrale qui a échoué tout simplement dans le contrôle de ces dérapages, qui ont entrainé la faillite de la société. Il a également relevé un certain nombre d'erreurs et de défaillances au niveau de la gestion par le syndic désigné et qui expliquent en partie le rejet de toutes les propositions d'acquisition de la société. Il a toutefois estimé nécessaire pour l'Etat de reprendre tous les actifs de La SAMIR pour lui permettre de redémarrer ses activités dans le but ultime de contribuer à la sécurité énergétique du pays tout en limitant notamment la mainmise totale des importateurs et des distributeurs d'hydrocarbures sur le marché national. El Yamani : Relancer La Samir pour renforcer la sécurité énergétique nationale C'est également ce que soutient le président du front national pour la sauvegarde de la Samir et secrétaire général du Syndicat national des industries du pétrole et gaz, Houcine El Yamani, qui a recommandé notamment la relance du raffinage du pétrole à La SAMIR tout en les développant à travers la construction du complexe des industries pétrochimiques afin de contribuer à l'amélioration de la sécurité énergétique et à la baisse des prix. Au terme d'une analyse de la situation du marché des hydrocarbures à l'interne et à l'international, il a notamment appelé au renforcement du rôle d l'Etat dans la fixation des prix, la planification, la production et le contrôle de l'énergie. Dans ce cadre, l'Etat se doit d'agit pour établir la souveraineté dans toutes ses manifestations et réduire la dépendance du pays à l'égard de l'extérieur et échapper au chantage et aux pressions des lobbies économiques dans le secteur. Il s'est également prononcé pour la révision des lois en la matière et leur compilation dans un code de l'énergie ainsi que pour la création d'une agence nationale de l'énergie pour veiller sur le bonne marche du secteur et le contrôler, codifier et encourager les investissements. En l'état actuel des choses, il est également recommandé à l'Etat d'accélérer la diversification du mix énergétique en œuvrant pour l'augmentation de la part des énergies renouvelables et en s'appropriant les clés de leurs industries. Il importe aussi de continuer d'encourager les investissements dans l'exploration et l'extraction du pétrole et du gaz naturel et de développer le réseau national de gaz naturel et de la relier à l'Europe et à l'Afrique ainsi qu'aux points de déchargement des navires flottants. Après un échange riche et fructueux entre l'assistance et les conférenciers, le modérateur de cette rencontre, Salah El Ouadie, président du mouvement Damir, très impliqué dans la recherche de solutions à la problématique énergétique au Maroc, a affirmé que l'affaire de la Samir et des hydrocarbures le préoccupe au plus haut point. Il a indiqué que Damir estime que les règles les plus élémentaires de la démocratie, de la transparence et de la reddition des comptes, ont été bafouées dans les deux cas d'espèce. Le mouvement rappelle-t-on avait également appelé le gouvernement à ouvrir le débat au sujet des deux propositions de loi relatives au transfert des actifs de La SAMIR à l'Etat et à la régulation des prix des hydrocarbures. Une foule nombreuse a participé à cette rencontre.