Nabil El Bousaadi A l'approche du référendum du 14 Octobre prochain, que le Premier ministre travailliste australien, Anthony Albanese, s'était engagé, lors de sa campagne électorale de 2019, à organiser en réponse aux réclamations faites par les populations autochtones, le 26 mai 2017 par le biais de la « déclaration d'Uluru », des milliers d'aborigènes ont battu, ce dimanche, le pavé des rues de Melbourne, Canberra, Pert, Brisbane, Darwin, Hobart et Alice Springs pour une « Walk for yes » (marche pour le oui). Mais, si, lors de cette consultation, les électeurs australiens vont être appelés à dire « oui » ou « non » à la reconnaissance constitutionnelle des populations autochtones à travers la création d'un organe consultatif, il faudrait signaler, néanmoins, que, d'après des sondages effectués récemment, 60% des électeurs seraient opposés à cette réforme dont l'approbation requiert non seulement l'obtention de la majorité dans toute l'Australie mais aussi une majorité dans au moins quatre des six Etats mais qui, tout en visant à conférer des « privilèges spéciaux » aux populations autochtones, serait entourée d'ambiguïtés. Il était clairement mentionné dans la déclaration présentée par les populations autochtones et à laquelle le gouvernement de l'époque n'avait pas donné suite, que ces dernières voulaient « des réformes constitutionnelles conférant un pouvoir à (leur) peuple et la place qui (leur) est due dans (leur) propre pays ». Elles avaient, également, déclaré, dans ce document, que quand elles « pourront gérer (leur) destinée, (leurs) enfants s'épanouiront. Ils marcheront dans deux mondes et leur culture sera un cadeau pour leur pays ». Ce vote étant obligatoire, ceux qui s'abstiendront d'y donner suite sans raison valable sont passibles d'une amende de 20 dollars australiens. Aussi, lors d'un meeting organisé, ce mercredi, à Adelaïde, en considérant que « voter non ne mène nulle part » dans la mesure où ce référendum est « une opportunité unique » pour aller de l'avant, Anthony Albanese a exhorté ses compatriotes à « se montrer à la hauteur de la situation » en ne fermant pas « la porte à la prochaine génération d'Australiens aborigènes ». En cas de victoire du « oui », la réforme initiée par le gouvernement de centre-gauche d'Anthony Albanese et afférente aux droits des indigènes dont les ancêtres vivent sur le continent depuis près de 60.000 années et dont le niveau d'éducation et l'espérance de vie sont nettement inférieurs à ceux des autres australiens, va remédier à ces inégalités en accordant, aux communautés autochtones d'Australie, deux siècles après la colonisation de leur territoire par les britanniques, le droit constitutionnel d'être consultées sur toutes les questions sociales ou politiques qui les concernaient. Est-ce à dire qu'à l'issue du référendum du 14 Octobre prochain, les aborigènes d'Australie vont, enfin, pouvoir être reconnus comme étant les peuples premiers de ce continent qu'ils habitent depuis plus de 65.000 ans et, par voie de conséquence, comme étant la plus ancienne civilisation sur terre et avoir, désormais, voix au chapitre pour toutes les questions sociales, juridiques et politiques qui les concernent ? Attendons pour voir... Nabil EL BOUSAADI