Bien qu'elle ait remporté les élections législatives qui se sont déroulées, dimanche dernier, en Grèce, au titre du renouvellement des 300 sièges du Parlement monocaméral du pays, en s'emparant de 40,8% des suffrages exprimés, la droite conservatrice «Nouvelle Démocratie», du Premier ministre sortant Kyriakos Mitsotakis, 55 ans, aux commandes du pays depuis 2019, n'est pas parvenue, pour autant, à recueillir la majorité absolue, puisqu'elle ne s'est emparée que de 145 sièges alors qu'il lui en faudrait 151 pour pouvoir gouverner seule et qu'elle a fermé la porte à un gouvernement de coalition. Ce résultat montre, à l'évidence, que les grecs auraient facilement oublié la «gestion calamiteuse», par le Premier ministre, de la catastrophe ferroviaire qui avait fait 57 morts fin Février dernier et qu'ils auraient été particulièrement sensibles à son bilan économique après des années de crise. Mais s'il est sûr que le bilan économique de Kyriakos Mitsotakis a été marqué par une baisse du chômage, une croissance qui avait avoisiné 6%, en 2022, un retour des investissements et une indéniable envolée du tourisme même si, avec une baisse de leur pouvoir d'achat, les grecs éprouvent encore de sérieuses difficultés à boucler leurs fins de mois, ses détracteurs lui reprochent, néanmoins, une certaine dérive» autoritaire et le fait que son mandat ait été secoué par le scandale des écoutes illégales, les refoulements de migrants et les violences policières. Aussi, tout en étant inédite, cette situation ouvre la voie à un nouveau scrutin obéissant à de nouvelles règles, qui, aux dires du Premier ministre sortant, se tiendra « peut-être le 25 Juin » et à l'issue duquel en ayant la possibilité de se voir attribuer un « bonus » pouvant atteindre 50 sièges, le vainqueur pourra donc s'appuyer sur une confortable majorité. Reconnaissant que son parti a décroché une «grande victoire» qui a dépassé toutes les attentes, le leader de «Nouvelle Démocratie» s'est dit prêt à se «battre dès (le len) demain pour qu'aux prochaines élections, ce que les citoyens ont déjà décidé, à savoir une ND autonome, soit mathématiquement confirmé». L'autre particularité de ce scrutin a trait au fait qu'après avoir incarné tous les espoirs de la gauche radicale européenne, lors de son accession au pouvoir, en 2015, le parti «Syriza» de l'ancien chef de gouvernement, Alexis Tsipras, 48 ans, a essuyé, cette fois-ci, une cinglante défaite en s'adjugeant 20% des voix, même s'il est resté bien loin devant le parti socialiste « Pasok-Kinal » de Nikos Androulakis qui, bien qu'il n'ait été soutenu que par 11,5% des votants, est resté sourd aux appels du pied qui lui ont été faits par la gauche radicale pour la constitution d'un gouvernement de coalition. Aussi, tout en «acceptant» sa défaite avec une grande amertume, Alexis Tsipras, à qui ses compatriotes n'ont jamais pardonné d'avoir «croisé le fer», en 2015, avec l'Union européenne au moment des pourparlers afférents à l'octroi d'un plan de sauvetage puis d'avoir «capitulé» et mis en œuvre des mesures d'austérité drastiques dont ils ressentent encore aujourd'hui les effets dévastateurs, a appelé ses partisans et ses sympathisants à être prêts à mener une « deuxième bataille électorale cruciale » pour l'avenir du pays. Au vu des difficultés rencontrées pour la formation d'un gouvernement de coalition dans les deux prochaines semaines, tous les observateurs s'accordent à dire que la Grèce se dirige vers la tenue d'un nouveau scrutin entre fin Juin et début Juillet mais attendons pour voir... Nabil El Bousaadi