L'évolution de l'amazighité durant l'année 2010 est marquée, essentiellement, par le lancement, le premier mars, de la chaîne de télévision «Tamazight» (La 8). Evénement historique qui constitue une satisfaction de l'une des principales revendications de la mouvance amazighe au Maroc. C'est le Ministre de la Communication, M.Khalid Naciri qui a procédé au lancement de la chaîne par des salutations amazighes «AZUL FELLAWEN» (Salut à vous). Ce canal sert de vecteur à la création artistique, littéraire, intellectuelle…amazighe. Il se veut un moyen de communication et d'information destiné à un pan de la société marocaine, en l'occurrence les amazighophones. Parallèlement au lancement de la chaîne amazighe, il faudrait souligner que les manifestations socioculturelles portant sur la promotion, la revalorisation et le développement de l'amazighité dans ses multiples facettes, ont connu un essor remarquable : rencontres, festivals, journées de réflexion, commémorations et autres célébrations sont l'œuvre d'ONG amazighes. Les activités ont permis de dresser le bilan, pointer les lacunes et les défaillances et formuler un ensemble de propositions et de recommandations à même de permettre à l'amazighité de recouvrir la place qui est sienne dans le paysage culturel, médiatique, et politique national. C'est dans cette perspective que les ONG amazighes ont demandé que soit clarifiée la place dédiée à l'amazighité au niveau du système éducatif national, renforcée la politique d'intégration de l'amazighité dans le paysage audiovisuel national et enfin, reconnue la dimension amazighe de l'identité nationale dans les textes fondateurs du Royaume du Maroc. C'est le cas des ONG mais aussi de cadres politiques qui revendique la protection juridique de l'amazighité et sa reconnaissance dans la constitution du Royaume. Citons à titre d'exemples les positions claires du PPS, du MP et du PRE qui, lors de leurs congrès et dans leur littérature, ont mis l'accent sur la nécessité de reconnaître l'amazighité dans la constitution du Royaume. Au niveau de la presse écrite, l'année 2010 se caractérise par la publication, dans des quotidiens partisans, de pages dédiées à la langue et à la culture amazighe. C'est le cas notamment d'Al Bayane, Bayane Al Youm, Rissalat Al Oumma, Al Mounataf, Al Alam…En plus des périodiques amazighes tels Agraw Amazigh, Le Monde Amazigh et Tawiza. Cette presse œuvre, dans la sérénité, pour permettre aux citoyens marocains de découvrir une des facettes de leur patrimoine civilisationnel et identitaire, renouer avec leurs racines et surmonter un ensemble de malentendus et de préjugés obsolètes. Côté recherche académique, il faudrait souligner le travail accompli par l'Institut Royal de la Culture Amazighe dont le nombre de publication avoisine les 150 titres, tous portant sur le patrimoine amazigh. L'on peut affirmer, sans parti pris, que l'évolution de l'amazighité est un fait palpable. L'amazighité est un chantier riche qui demande du temps, des engagements et des efforts que cadres politiques, associations amazighes et ONG sont sensés déployer. Beaucoup de travaux restent à réaliser. Cependant la réhabilitation de l'amazighité est lancée. Il faudrait que chacun, sans complexe, y apporte sa brique. C'est un chantier de fierté en construction. L'amazighité devra être appréhendée sous l'angle de la citoyenneté et des droits. Il est inconcevable qu'elle devienne un cheval de bataille politique ou objet de polémique stérile. C'est un pan de notre mémoire collective nationale qui doit être développé et sauvegardé. Il en va de notre spécificité identitaire et de notre apport original à la civilisation humaine.