Journée internationale des infirmières en 2023 Ouardirhi Abdelaziz Comme chaque année depuis 1965, les infirmiers et infirmières du monde entier fêtent ce vendredi 12 mai 2023, leur journée internationale. Cette date n'était pas choisie au hasard, mais retenue en hommage à Florence Nightingale, cette infirmière britannique née le 12 mai 1820, pionnière des soins infirmiers modernes. Depuis la notification du premier cas de la Covid-19 dans notre pays en 2020, les infirmiers et infirmières ont été en première ligne de jour comme de nuit, 24 H / 24 H. Ces femmes et ces hommes en blouse blanche, ont tout donné dans la lutte contre la Covid-19, pour soigner et sauver des milliers de vies. Ils ont travaillé dans des conditions très difficiles, ils ont été séparés de leurs familles, de leurs enfants pendant de longues semaines, se consacrant exclusivement aux citoyens malades au niveau des urgences, dans les services de réanimation, de soins intensifs ....... Ces infirmiers et ces infirmières ont du faire face à des charges de travail très lourdes, éreintantes et rebutantes, au moment où notre pays se trouvait confronté à un manque de personnels infirmiers. Aujourd'hui alors que nous célébrons la journée internationale des infirmiers (ères) 2023, force est de constater que la situation n'a pas changé, la pénurie d'infirmières et d'infirmiers au Maroc est toujours aigue. Le manque de ces professionnels de santé est estimé à plus de 60.000, la charge de travail est trop lourde, difficile, au moment où les salaires des infirmières et infirmiers (BAC + 3) sont trop bas. Un constat d'alerte Aujourd'hui, en 2023 après 67 ans d'indépendance, le Maroc compte 30.000 infirmiers et infirmières, tous grades et profils confondus. Notre pays enregistre un manque de cette catégorie de professionnels de santé estimée à 62.000 infirmiers (ères) selon les propres déclarations du ministre de la Santé devant les parlementaires. Par son ampleur, la pénurie d'infirmières est l'une des plus grandes menaces pour la santé de nos concitoyens, si à Dieu ne plaise des calamités, de nouvelles vagues épidémiques venaient à se déclarer, car nombreux seront celles et ceux qui ne pourront pas avoir accès aux soins, qui ne seront pas pris en charge, et ce à, cause du manque de professionnels de santé. Il faut reconnaitre que notre système de santé tel qu'il est organisé aujourd'hui, avec de nombreux intervenants ici et là , sans une réelle et véritable complémentarité entre public et privé, chacun agissant selon sa propre vision, employant qui il veut aux conditions qui l'arrangent sans respect pour les lois en vigueur, imposant sa propre tarification. Pouvons- nous dire en notre âme et conscience que le système de santé, tel qu'il est organisé aujourd'hui, soit en capacité de répondre aux grands enjeux sanitaires de demain ? Les responsables et décideurs doivent répondre à cette question en tenant compte de l'offre de soins actuelle et future, des disparités régionales, des ressources humaines (médecins-infirmiers ) qui existent en milieu urbain et milieu rural. Il s'agit de respecter les normes de ces mêmes professionnels de santé, dont l'écrasante majorité n'hésite plus à dire que le métier d'infirmier est ingrat, dévalorisant, sous payé. Nombreux sont les infirmières et infirmiers qui aujourd'hui s'en vont travailler au Canada, aux états- Unis, en Angleterre, en Allemagne.... Il est grand temps de revoir la copie, de s'asseoir autour d'une table avec les infirmiers et infirmières, d'ouvrir un débat serein, sincère, franc, avec ces acteurs essentiels de notre système de santé. Il s' agit de chercher ensemble quels sont les moyens à mettre en place pour faire évoluer la profession infirmière, une meilleure reconnaissance des infirmiers,unevéritable évolution et perspectives de carrière et tout cela pour faire évoluer notre système de santé de manière significative, afin de mieux servir nos citoyens Un problème de volonté politique Nous sommes tous d'accord pour dire que l'accès aux soins de santé est essentiel, à la réussite économique et à l'équité des sociétés, à la sécurité, à la sureté. Cependant, cet objectif ne sera atteint que si nous disposons d'assez de professionnels de santé au niveau des différentes structures hospitalières, des réanimations, des services de soins intensifs, des urgences, des blocs opératoires, des maternités, mais aussi au niveau des centres de santé, et cela au niveau de toutes les régions du Maroc. des infirmiers et infirmières en nombre qualifiés pour prodiguer les soins de qualité nécessaires. Mais force est de constater que rien n'est entrepris pour remédier à cette situation qui perdure depuis des décennies. Tous les gouvernements qui se sont succédés ont fait le même diagnostic : le Maroc connaît une pénurie d'infirmiers et infirmières. Tous sont conscients de cette réalité choquante et pénalisante, dont les premiers à en souffrir, sont les malades démunis. Il faut en finir avec le replâtrage, il ne faut pas hésiter à dire qu'il s'agit d'un problème de volonté politique, mais le gouvernement ne lui accorde pas l'attention qu'elle mérite,dans la mesure où les solutions qui permettraient de remédier à cette situation déplorable existent, mais ne sont pas appliquées. Susciter de l'espoir et redonner envie ....... Aujourd'hui, les responsables du département de la Santé se doivent de se pencher sérieusement sur la situation des infirmiers et infirmières, des ressources humaines qui constituent la véritable richesse de ce département. Ils sont la pierre angulaire de notre système de santé, et sans infirmiers, infirmières il n'y aura pas de santé. Et sans santé, il n'y aura pas de production, pas d'essor, pas de développent ..... Donc pour pouvoir réellement promouvoir et garantir des soins de qualité pour l'ensemble de nos concitoyens, il est capital d'améliorer la qualité de vie des infirmiers et des infirmières et de créer de bonnes conditions de travail pour l'exercice de cette fonction à vocation humanitaire. Pour rester sur une note optimiste, nous ne dirons pas que tout est à revoir, que ça va mal. Par acquis de conscience, beaucoup de progrès sont réalisés, de gros moyens sont consentis. Il y a des acquis, nous souhaitons que d'autres suivront, ils seront de nature à redonner plus d'espoir, à susciter l'envie de participer à cette noble et merveilleuse mission qui consiste à soigner, à soulager, à réconforter, à assister celles et ceux qui sont malades. En conclusion, je tiens à rendre, encore une fois, un très grand hommage à toutes ces femmes et à tous ces hommes qui sont mobilisés, prêts à donner le meilleur d'eux-mêmes pour accompagner ces changements afin de permettre à l'ensemble de nos concitoyens de pouvoir bénéficier des meilleurs soins possibles, des soins de qualité dans des structures adaptées. Les Marocains méritent amplement ce droit.