En septembre 2017, feu Khalil Hachimi idirissi avait animé, à coté de Moulay Ismaïl Alaoui, ancien président de la fondation Ali Yata, et de Mohamed Abderrahmane Berrada, qui a dirigé pendant longtemps le principal réseau de distribution des journaux au Maroc, une conférence débat autour de l'expérience du leader progressiste entre la politique et le journalisme. Voici quelques extrait de son intervention : Fermeté sur ses valeurs et ouverture sur l'environnement Le directeur général de la MAP, s'est attelé au début de son intervention sur les contraintes structurelles qui entravaient l'action du leader emblématique de la gauche marocaine. D'ailleurs, explique-t-il, Ali Yata était un humaniste, un homme de progrès, incarnant les principes de la mouvance de la gauche, mais pas n'importe quelle gauche ! Il représentait un courant communiste dans un pays arabe et musulman doté d'une monarchie ; d'où la difficulté de faire émerger sa pensée politique, a-t-il laissé entendre. Cependant, cela n'a rien entamé de sa détermination. Son habileté d'adaptation et son intelligence ont fait de lui une personnalité dont l'action politique est originale. « Il était à la fois ferme sur ses valeurs et ouvert sur son environnement, ce qui lui permettait d'aller de l'avant. Sans cette capacité d'adaptation et l'ouverture de son esprit, le mouvement politique qu'il incarnait n'allait pas durer trop longtemps », a souligné le conférencier. En sus, Feu Si Ali a inscrit pleinement son action politique dans le cadre de la nation marocaine. Il avait la finesse de confronter ses valeurs à une réalité complexe. Certainement, cette confrontation au réel exigeait parfois des révisions politiques. Pour le DG de la MAP, cela dénote de son intelligence et de sa clairvoyance qui lui ont permis d'ancrer sa formation politique dans la vie politique nationale. Autrement dit, si la politique est l'art du possible, Ali Yata assumait parfaitement ce choix et ce, en agissant avec les pouvoirs constitués. Cela débouche sur l'idée du compromis historique dont le regretté était l'initiateur dans le monde arabe. Qui dit compromis, dit une posture, voire un acte intelligeant contenant un ensemble de décisions pour s'adapter à l'environnement et visant à débloquer la situation mais surtout, permettre à l'action politique de sortir du statu quo, a expliqué l'ancien fondateur et ancien directeur de la publication du quotidien «Aujourd'hui le Maroc». Il est probable que l'expérience italienne ou celle du Chili y ont été pour quelque chose, mais le plus important, c'est que le leader historique du PPS a vu qu'il était possible, grâce à l'adoption du concept du compromis historique, de développer ses analyses politiques afin de conduire aux dépassements des contradictions. En fait, il a utilisé l'idée du compris pour créer un rapprochement entre les différents acteurs du champ national (Koutla) et l'Institution Monarchique. Autrement dit, il inscrivait son action dans une logique visant à construire des ponts et établir un consensus entre les acteurs concernés, tout en ayant la volonté de développer une plateforme pour débloquer la situation politique. Pour Khalil Hachimi Idrissi, cette idée du compromis a été, les variables qui ont conduit à un ensemble de réformes politiques. Cela étant, Feu Ali Yata était un acteur de la transition car il savait bien trouver ses partenaires, a-t-il ajouté. L'intelligence politique d'Ali Yata s'expliquait également par sa capacité à impliquer parfaitement la presse dans ce débat. Le journalisme était l'un des vecteurs qu'Ali Yata utilisait pour concrétiser son projet politique. En termes plus clairs, les journaux du Parti sont devenus les vecteurs de son projet historique qui consistait à la fois de rassurer ses partenaires, mais aussi de mettre l'accent sur les exigences de la démocratie... Cela avait permis aux journaux du Parti de devenir un forum politique où les acteurs de la Cité sont impliqués. D'une manière ou d'une autre, Il s'agissait d'un journalisme politique professionnel qui s'inscrivait aux antipodes de la diffamation, doté d'une vision du monde et d'une déontologie qui était respectueuse du métier de journaliste, a indiqué l'intervenant ; «Un journalisme bâti qui avait une ligne éditoriale audacieuse, construite sur des principes, des valeurs et une capacité à prendre acte du réel et le restituer», a souligné Khalil Hachimi Idrissi.