Samir : comment le Maroc en est arrivé là ? Dans cette série d'articles, nous allons essayer, dans la mesure du possible, de tracer l'histoire d'un joyau industriel national qui a tant contribué au développement économique du pays, en l'occurrence la SAMIR. Il faut dire que notre véritable souci n'est pas de distribuer des accusations gratuites, loin s'en faut, mais consiste à dévoiler les véritables causes qui ont été à l'origine d'une déconfiture historique. Notre analyse s'étendra également à lever le voile sur la fermeture de l'entreprise et son impact sur le marché des hydrocarbures, entre autres... La mauvaise gestion de la Samir par Al Amoudi et Co n'est pas à démontrer. La révélation du tribunal de commerce de Casablanca lors de la liquidation de l'entreprise constitue un véritable pavée dans la marre. Selon cette instance judicaire, l'entreprise a réparti des dividendes fictifs aux actionnaires pendant la période allant de 2007 à 2014. Ce constat suscite plusieurs interrogations sur la véritable mission des les commissaires aux comptes, qui, en principe, devraient s'assurer de l'exactitude des comptes et non point de masquer la réalité financière de l'entreprise. Point barre ! D'ailleurs, on les accuse d'avoir recours à une « méthode de traitement comptable de la réévaluation des immobilisations non conforme aux lois en vigueur. » Outre la responsabilité des banques et certains départements de l'Etat et les actionnaires de référence de l'entreprise, celle des actionnaires minoritaires n'est point à négliger. D'ailleurs, ils étaient représentés au Conseil d'administration par deux administrateurs et ayant contribué à l'élaboration des plans de développement et ont pris part à toutes les décisions stratégiques. Le rapport du le Front national pour la sauvegarde de la raffinerie marocaine de pétrole (FNSRMP) cite dans ce sens le cas d'un administrateur représentant un groupe familial marocain qui détenait 5% dans la capitale de la SAMIR, qui s'est retiré quelques jours avant l'annonce de la liquidation judicaire, du Conseil d'administration en 2015 après 13 ans de présence dans ce Conseil. Le visa du CDVM Autre acte gravissime, c'est que les décideurs de l'entreprise vont lancer un appel public à l'épargne. Ainsi, la SAMIR va publier une note d'information dans laquelle elle informe le grand public que l'entreprise va réaliser un grain net avoisinant les 526 millions de DH et ce juste avant la clôture de l'exercice 2008. Bien évidemment, la note d'information a été diffusée sous la responsabilité de trois grandes banques du Royaume et a obtenu le visa du Conseil Déontologique des Valeurs Mobilières (CDVM), lit-on en substance dans le rapport du FNSRMP. Trois mois après, ce fut vraiment la cata. Contre toute attente et à la date ultime de publication de l'exercice précédent, la société a annoncé une perte s'élevant à 1,2 milliard de DHs.