Nabil El Bousaadi Après une rupture qui aura duré un peu plus de sept années, les relations entre Ryadh et Téhéran vont être rétablies avec la réouverture des représentations diplomatiques des deux pays «dans un délai maximum de deux mois». C'est ce qui ressort du communiqué de l'agence de presse iranienne (IRNA), en date de ce vendredi, tel qu'il a été publié par les médias d'Etat des deux pays. Après avoir signalé que cette décision a été prise à la suite des pourparlers irano-saoudiens qui ont eu lieu, ce lundi, sous l'égide de la Chine, lorsque le secrétaire du Conseil suprême de la sécurité nationale iranienne, Ali Shamkhani, est venu à Pékin « pour la tenue de négociations intensives avec son homologue saoudien » en vue de résoudre les différends entre les deux pays, ce communiqué a précisé que les chefs des diplomaties des deux pays veilleront à la mise en œuvre de cette décision en prenant «les dispositions nécessaires pour l'échange des ambassadeurs». Mais, si tout en saluant l'annonce du rétablissement des relations diplomatiques entre Ryadh et Téhéran, un porte-parole de la Maison Blanche a fait part de son incertitude de voir l'Iran «remplir ses obligations», à Tel Aviv, en dénonçant ouvertement la reprise des relations diplomatiques entre Ryadh et Téhéran, l'opposition israélienne a reproché au Premier ministre Benjamin Netanyahou de l'avoir implicitement encouragée lorsqu'il a négligé la diplomatie et qu'il s'est focalisé sur la réforme judiciaire qui «déchire» le pays. Pour rappel, l'Arabie Saoudite, sunnite, et l'Iran, chiite, deux pays musulmans qui se sont toujours disputé le leadership dans la région, avaient rompu leurs relations bilatérales lorsqu'en riposte à l'exécution, par Ryadh, du célèbre religieux chiite Nimr Al-Nimr, des manifestants iraniens s'étaient attaqués aux missions diplomatiques saoudiennes ouvertes en République islamique. Mais en avril 2021, les dirigeants de Baghdad tentèrent de rapprocher les deux pays en accueillant une série de tables rondes entre des responsables sécuritaires iraniens et saoudiens. La même démarche a été effectuée, par la suite, par les autorités du Sultanat d'Oman. Aussi, dans ce communiqué, l'Iran et l'Arabie Saoudite n'ont pas manqué de remercier «la République d'Irak et le Sultanat d'Oman pour avoir accueilli des pourparlers entre les deux parties en 2021 et 2022 mais aussi les dirigeants et le gouvernement de la République populaire de Chine pour avoir accueilli et soutenu les pourparlers menés dans ce pays» et les trois pays (Iran, Arabie Saoudite & Chine) ont fait part de «leur ferme volonté de déployer tous les efforts pour renforcer la paix et la sécurité régionales et internationales». Mais il y a lieu de rappeler, tout de même, qu'en dépit de ce rapprochement, l'Arabie Saoudite et l'Iran continuent de soutenir des parties rivales dans plusieurs conflits comme c'est le cas dans la guerre qui déchire le Yémen, et l'Iran, qui a une influence prépondérante en Irak et au Liban soutient militairement et politiquement le régime de Bachar Al-Assad en Syrie, ennemi-juré des dirigeants saoudiens. La reprise des relations diplomatiques entre Ryadh et Téhéran va-t-elle baliser le chemin menant vers la paix dans la région ? L'espoir est de mise mais attendons pour voir...