Après s'être rendu sur les lieux du séisme et avoir annoncé une aide supplémentaire Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken rencontre lundi à Ankara le président turc Recep Tayyip Erdogan, après s'être rendu sur les lieux du séisme et avoir annoncé cent millions de dollars d'aide supplémentaires. Il s'agit du premier déplacement du secrétaire d'Etat américain en Turquie depuis sa prise de fonction il y a deux ans. Le conflit en Ukraine devrait figurer à l'ordre du jour. Antony Blinken a déclaré dimanche que la Chine envisageait de fournir « des armes » à la Russie et qu'il avait fait part, la veille, à son homologue chinois Wang Yi, des inquiétudes de Washington à ce sujet. Dans ce contexte de tension croissante, les Etats-Unis reconnaissent à leur allié turc un rôle constructif: depuis le début du conflit le 24 février 2022, Ankara – qui maintient de bonnes relations avec Kiev et Moscou – a offert sa médiation pour y mettre fin. Les Etats-Unis et la Turquie, alliés au sein de l'Otan, entretiennent des relations parfois tendues, et leurs différends devraient être abordés lors de la rencontre. En priorité, le blocage turc de l'adhésion à l'Alliance de la Suède et la Finlande, dont les candidatures sont en suspens depuis mai. Jeudi, le chef de l'organisation Jens Stoltenberg avait même considéré, lors d'une visite à Ankara, qu'il était « temps maintenant » d'y intégrer ces deux pays d'Europe du Nord. Parmi les autres dossiers géopolitiques, la vente potentielle d'avions de chasse F-16 promis par le président Joe Biden à la Turquie. Cette vente est bloquée par le Congrès à Washington en raison des inquiétudes suscitées par le bilan de la Turquie en matière de droits de l'homme et des menaces pesant sur la Grèce. Autre point de discorde, la milice kurde des Unités de protection du peuple (YPG) que la Turquie considère comme « terroriste » et qui a été l'une des principales forces combattant le groupe jihadiste Etat islamique (EI) avec l'appui aérien de la coalition internationale menée par les Etats-Unis. La visite d'Antony Blinken s'inscrit aussi dans le contexte du séisme qui a frappé la Turquie et la Syrie le 6 février. Quatorze jours après ce séisme d'une magnitude de 7,8 qui a dévasté le sud de la Turquie et le nord de la Syrie, les dégâts restent considérables et le bilan très élevé: plus de 44.000 personnes au total y ont perdu la vie, selon les dernières données. Sur le terrain, 265.000 secouristes turcs travaillent sans relâche, accompagnés de près de 11.500 secouristes venus de l'étranger. Mais la Turquie a annoncé dimanche mettre un terme à la majorité de ces recherches. Aucun nouveau survivant n'a été dégagé des ruines depuis plus de 24 heures, après le sauvetage d'un couple à Antakya, capitale de la province d'Hatay, samedi, 296 heures après le tremblement de terre. Les Etats-Unis avaient déployé, dès le lendemain du séisme, plusieurs équipes de recherche et secours en Turquie soit environ 200 personnes, et débloqué une première tranche de 85 millions de dollars en aide humanitaire. Dimanche, M. Blinken a annoncé une aide supplémentaire au pays. « Nous ajoutons 100 millions de dollars pour venir en aide à ceux qui en ont désespérément besoin » a-t-il déclaré. Le chef de la diplomatie américaine a rencontré son homologue turc Mevlut Cavusoglu sur la base aérienne d'Incirlik, dans le sud-est du pays avant de se rendre à Ankara, où il doit rencontrer M. Erdogan. C'est de cette base d'Incirlik qu'est acheminée une partie de l'aide humanitaire, notamment américaine, vers les zones sinistrées par le séisme, qui est la pire catastrophe pour la Turquie contemporaine. Le secrétaire d'Etat américain a ensuite accompagné M. Cavusoglu pour un survol en hélicoptère de la province dévastée de Hatay, dans le sud-est du pays. Il a également rencontré, en Turquie, des représentants du groupe de sauveteurs syriens des Casques blancs, qui opère dans les zones tenues par les rebelles en Syrie. Après la Turquie, M. Blinken achèvera sa tournée européenne à Athènes où il aura lundi soir et mardi une série d'entretiens avec les autorités de ce pays, rival historique de la Turquie mais également partenaire au sein de l'Otan.