Nabil El Bousaadi La Finlande et la Suède avaient émis le souhait d'adhérer à l'OTAN deux mois à peine après le déclenchement de l'offensive russe contre l'Ukraine. Cette intégration étant, toutefois, subordonnée à l'obtention de l'aval des 30 membres de l'Alliance atlantique, à la date de ce jour, seuls 28 d'entre eux ont ratifié cette demande puisque la Hongrie et la Turquie ne l'ont toujours pas validée. Mais si la Hongrie a toujours affirmé ne pas s'opposer à l'adhésion de la Suède et de la Finlande au pacte atlantique, ce n'est point le cas de la Turquie qui rechigne toujours à donner son accord tant que la Suède, qu'elle accuse d'héberger 120 « terroristes » kurdes, n'a pas procédé à leur extradition vers Ankara comme le lui a demandé le président Recep Tayyip Erdogan ; une situation qui a été compliquée par le fait que, dans le cadre d'une manifestation « pacifique » qui s'était tenue, dernièrement, devant l'ambassade de Turquie à Stockholm, un militant de l'extrême-droite suédoise avait eu la fâcheuse idée de brûler un exemplaire du Coran. Aussi, lorsqu'il a été demandé, au président Erdogan, au cours d'une rencontre télévisée, qu'il avait eu avec des jeunes, de s'expliquer sur les candidatures de la Finlande et de la Suède à l'OTAN, ce dernier s'était montré très ferme et avait exigé que ces demandes soient examinées séparément ; laissant entendre, par-là, que la Turquie va faire jouer son droit de véto et bloquer l'entrée de la Suède dans l'Alliance atlantique. Aussi, jeudi dernier, le Premier ministre suédois Ulf Kristersson et son homologue finlandaise Sanna Marin, se sont retrouvés, à Stockholm afin de s'entretenir de la question de leur adhésion à l'OTAN non encore validée par la Hongrie mais, surtout, par la Turquie qui entend dissocier leurs deux dossiers et les examiner séparément. « On a commencé le processus ensemble et on veut le finir ensemble (...) Il est dans l'intérêt de toute l'alliance que nous entrions ensemble dans l'OTAN. Le voyage doit se faire main dans la main » a déclaré la Première ministre finlandaise, Sanna Marin, au cours de la conférence de presse tenue en marge de cette rencontre ; ce qui, d'après un sondage de l'institut Taloustutkimus, publié par le quotidien finlandais « Ilta-Sanomat », n'est pas du goût de 53% des finlandais qui estiment, pour leur part, que leur pays ne devrait pas attendre la Suède et adhérer, sans délai, à l'alliance atlantique. Mais, en rappelant que « le grand souhait » de la Finlande a toujours été « d'adhérer avec la Suède », le chef de la diplomatie finlandaise, Pekka Haavisto, a tenu à préciser que la position de son pays reste « inchangée » et qu'il espère que la Finlande et la Suède seront « membres de l'OTAN » lors du prochain sommet de l'Alliance atlantique qui se tiendra à Vilnius, en Lituanie, les 11 et 12 Juillet prochain. En manifestant un tel optimisme en dépit de la fermeté affichée par le président turc, le chef de la diplomatie finlandaise semble avoir compris qu'Erdogan cherche, à la fois, à montrer à ses électeurs son poids et son influence sur la scène diplomatique à la veille des élections qui se tiendront en Juin 2023 et à monnayer son accord dans l'espoir d'obtenir, de ses partenaires étrangers, quelque chose en échange mais attendons pour voir…