Le tout nouveau Premier ministre conservateur britannique Rishi Sunak vit mercredi son baptême du feu au Parlement, face à une opposition travailliste au plus haut dans les sondages qui réclame des élections anticipées. Pour la première fois, un chef de gouvernement originaire d'une ancienne colonie britannique fera face à la mi-journée aux députés de la chambre des Communes, lors de la traditionnelle séance de questions au Premier ministre, souvent très animée. Le chef du Labour Keir Starmer l'a félicité mardi sur Twitter, mais sans ménagement: les Britanniques « ont besoin d'un nouveau départ et de s'exprimer sur l'avenir » du pays, confronté à une profonde crise sociale. L'opposition travailliste, largement en tête dans les sondages, réclame quasiment tous les jours ces législatives anticipées, sans attendre fin 2024 ou début 2025 comme prévu, dénonçant la politique des conservateurs qui « ont mis en pièces l'économie ». Devenu mardi le troisième Premier ministre britannique en 50 jours et le cinquième depuis le Brexit en 2016, Rishi Sunak exclut un retour aux urnes qui se traduiraient quasi assurément par une cinglante défaite pour les conservateurs, depuis 12 ans au pouvoir. Selon un sondage Ipsos publié lundi, 62% des électeurs souhaitent un tel scrutin avant la fin 2022. Rishi Sunak a présenté mardi son gouvernement, pour lequel il a repris plusieurs ministres de Boris Johnson et Liz Truss. Le Mail salue « un cabinet d'unité » et décrit la performance de Sunak comme « digne d'un homme d'Etat et éloquent ». C'est « le calme après la tempête – nous l'espérons », est-il écrit. Le Times estime que la plupart des ministres choisis ont « fait preuve de compétence dans l'exercice de leurs fonctions » et que le premier jour de Rishi Sunak « donne un sentiment de sérieux ». « Pendant ce temps, dans le monde réel », titre en Une le tabloïd The Mirror qui donne la parole à des Britanniques durement frappés par l'inflation, qui dépasse les 10%. Après avoir rencontré le roi Charles III qui l'a chargé de former un gouvernement, Rishi Sunak a annoncé mardi des « décisions difficiles » face à la crise économique et a promis de « réparer » les « erreurs » de Liz Truss, qui a quitté Downing Street après 49 jours au pouvoir, un mandat d'une brièveté sans précédent. « Sunak et sa femme sont assis sur une fortune de 730.000.000 de livres. C'est deux fois la fortune estimée du roi Charles III. Ayez ça en tête quand il parle de prendre des +décisions difficiles+ », a taclé la députée travailliste Nadia Whittome. Partisan d'une réduction des dépenses pour freiner l'inflation, plutôt que d'un recours à la dette pour soutenir les ménages – politique privilégiée par Liz Truss, Rishi Sunak a reconduit à son poste le ministre des Finances Jeremy Hunt qui depuis sa nomination en catastrophe mi-octobre a ramené un semblant de calme sur les marchés. Ce dernier doit présenter de nouvelles mesures budgétaires le 31 octobre, une date qui reste à confirmer par la nouvelle administration qui se met en place. Rishi Sunak cherche à rassembler des députés conservateurs très divisés. A l'inverse de Liz Truss qui avait composé un gouvernement avec des figures loyales, il a rappelé au gouvernement les barons de son parti, y compris des soutiens de celle qui l'a précédé ou de Boris Johnson. Dominic Raab – proche allié de M. Sunak – a quant à lui retrouvé son rôle de vice-Premier ministre et ministre de la Justice qu'il avait dû abandonner après la démission de Boris Johnson. Suella Braverman, nommée en septembre ministre de l'Intérieur par Liz Truss et qui avait démissionné mercredi retrouve elle aussi son poste. Influente dans l'aile droite du parti, elle a une position très dure sur l'immigration. En pleine guerre en Ukraine, les ministres de la Défense Ben Wallace et des Affaires étrangères James Cleverly ont également conservé leur portefeuille. Pour son premier appel à un dirigeant étranger, Rishi Sunak s'est d'ailleurs entretenu avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky mardi soir et lui a assuré du « soutien inébranlable » du Royaume-Uni face à l'invasion russe. Il a aussi échangé par téléphone avec le président américain Joe Biden.