Petit pays des Balkans de 7 millions d'habitants, issu du démantèlement de l'ex-Yougoslavie, qui, bien qu'étant réputé pro-russe, revendique une certaine neutralité dans le conflit qui oppose Moscou à Kiev tout en réclamant, néanmoins, son adhésion à l'Union européenne, la Serbie a fait l'objet, ce mercredi 12 Octobre, d'un violent réquisitoire de la part de la Commission européenne au motif qu'elle continuerait «à entretenir des relations intenses avec la Russie». Considérant que les pays qui souhaitent adhérer à l'UE doivent impérativement aligner leur politique étrangère sur celle de l'Union, dans son dernier rapport évaluant les évènements et les progrès réalisés au cours de l'année écoulée, la Commission européenne a reproché à la Serbie et à son président Aleksandar Vucic, triomphalement élu en Avril dernier, de n'avoir pas «condamné explicitement l'agression russe», d'avoir «refusé d'imposer des sanctions contre la Russie» et d'avoir reçu, à Belgrade, des responsables russes alors même qu'ils sont sous le coup de sanctions de la part de l'Union européenne. Il est également reproché à la Serbie, qui dépend presque totalement du gaz russe, de continuer à entretenir de bonnes relations avec la Russie sur les plans historique et culturel et de n'avoir pas fait de progrès en matière de lutte contre la corruption ou de respect des principes liés à l'Etat de droit depuis qu'elle avait déposé, en 2013, sa demande d'adhésion auprès des instances de l'Union européenne. En rappelant, par ailleurs, que le Parlement européen avait adopté, en 2021, une résolution indiquant que la position de Belgrade porte atteinte à ses avancées dans le cadre de l'adhésion à l'UE et que cette situation n'a pas cessé de se dégrader depuis lors, le rapport indique clairement que la Serbie est sommée de redoubler d'efforts pour s'aligner sur l'UE et de se joindre aux sanctions imposées par cette dernière à l'encontre de la Russie. L'autre fait marquant ayant constitué la goutte qui a fait déborder le vase a trait au fait que, ces derniers mois, la Serbie a été le théâtre d'une multitude de manifestations pro-russes et anti-européennes durant lesquelles, en brandissant des bannières à l'effigie de Vladimir Poutine et en faisant l'éloge du président russe, les protestataires en sont arrivés jusqu'à piétiner des drapeaux européens. Mais si, pour la Serbie, l'heure du choix a sonné et que, pour adhérer, comme elle le souhaite, à l'Union européenne, elle doit impérativement changer de camp et accepter de condamner explicitement la Russie et de la «sanctionner», rien n'indique, pour autant, qu'elle va changer son fusil d'épaule tant les liens «historiques» qui l'unissent à Moscou sont profonds. En considérant, enfin, que la Serbie n'est pas en mesure de faire le grand écart entre Bruxelles et Moscou tout en exécutant le parfait numéro d'équilibriste qui lui permettrait de répondre aux exigences de la Commission européenne sans attirer les foudres de l'ours russe, attendons pour voir....