Les jeunes marocains d'Europe demeurent très attachés à leur pays d'origine même s'ils s'identifient à leur seconde nationalité. Ils communiquent parfaitement dans la langue du pays de résidence, mais ils se sentent Marocains, pratiquent plus ou moins bien la langue arabe et préservent la solidarité avec leurs familles. C'est ce qui ressort d'une enquête réalisée par l'institut BVA auprès de jeunes marocains ou d'origine marocaine (18 – 34 ans) résidant dans six grands pays européens d'immigration. Cette enquête, réalisée à la demande du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) et du Ministère délégué auprès du premier ministre chargé de la communauté marocaine résidant à l'étranger, montre aussi que les jeunes marocains sont touchés par la discrimination au travail et notamment l'accès à l'embauche. Cette enquête, dont les résultats ont été présentés lundi à Casablanca lors d'une rencontre avec les médias, a été menée auprès des échantillons représentatifs (2610 personnes) selon la méthode des quotas au sein de chaque pays en termes de lieu de naissance (Maroc ou pays d'accueil), sexe, âge et répartition géographique selon les données statistiques officielles disponibles dans chaque pays. Le questionnaire a été réalisé par téléphone dans les pays européens ciblés par l'enquête, la France, la Belgique, les Pays-Bas, l'Allemagne, et par contact direct dans l'Espagne et l'Italie. 54% des jeunes sondés sont installés dans leur pays de résidence depuis seulement 10 ans ou moins, 80% y vivent depuis vingt ans et 56% d'entre eux sont nés au Maroc. Il s'agit donc d'une population d'émigration majoritairement récente. Les résultats de l'enquête dégagent deux enseignements. Il y a d'abord ce lien d'attachement au Maroc. En effet, les jeunes marocains d'Europe préservent un lien très fort avec le pays d'origine tout s'en étant de fait intégrés dans leurs pays d'accueil. Ils sont 97% à déclarer se rendre au Maroc, dont 69% de manière régulière une ou même plusieurs fois par an. Les rares cas qui ne viennent jamais en sont empêchés par manque de connaissances au Maroc ou de moyens financiers ou de temps. Il en résulte ainsi un sentiment d'identité duale particulièrement marqué pour les deuxièmes générations. Nos jeunes se sentent à la fois des Marocains mais aussi de leurs pays d'accueil où ils se sentent «chez-eux», selon les termes de l'enquête. Il y a ensuite cette dualité identitaire qui a été soulevée par les résultats de l'enquête. Certains de ces jeunes se sentent parfois déracinés. Par exemple, ils sont vus comme des Marocains en France, mais comme des Français au Maroc. Une délégation du NSC au Maroc