Rivaux sur la question de l'éphémère Super Ligue, Nasser Al-Khelaïfi et Giovanni Agnelli, devenus à un an d'intervalle présidents du Paris SG et de la Juventus Turin, s'affrontent cette fois sur le terrain sportif, mardi pour la 1re journée de la Ligue des champions (21h00). Leurs trajectoires se ressemblent: ils écrasent leur championnat, bien que la Juve ne l'ait plus emporté depuis deux ans, et échouent régulièrement en Ligue des champions. Mais en avril 2021, lors du lancement rapidement avorté de la Super Ligue, ils se sont opposés assez sèchement sur la question de ce championnat quasi fermé des géants européens dont Agnelli, comme les présidents du Real Madrid et du FC Barcelone, était un farouche partisan. Al-Khelaïfi, avec les dirigeants du Bayern Munich, reste le meneur de l'opposition, chez les grands clubs, à ce projet concurrent la Ligue des champions de l'UEFA. Après cette scission entre mastodontes européens, le Qatarien a pris la succession de l'Italien à la tête de la puissante Association européenne des clubs (ECA), en avril 2021. Pourtant, au début les deux dirigeants se passaient rhubarbe et séné. En 2019, Agnelli qualifiait Nasser de « professionnel exceptionnel ». Les deux jeunes présidents ont fait leurs armes à peu près ensemble. L'Italien (46 ans) est arrivé à la tête de la Juve en 2010, un an avant que le Qatarien (48 ans) ne prenne en mains le nouveau PSG super puissant. Mais aucun des deux n'est parvenu à remporter l'objectif principal, la Ligue des champions, avec des défaites en finale en 2015 et 2017 pour la Juve, et en 2020 pour le PSG. Ils connaissent également quelques soucis avec le fair-play financier de l'UEFA. Le PSG d'Al-Khelaïfi a été sanctionné vendredi d'une amende de 10 millions d'euros, et la Juve de 3,5 M EUR. S'ils restent plutôt fair-play eux-mêmes, il leur est arrivé à tous deux de craquer un peu après une élimination cuisante. Agnelli avait tonné contre les arbitres après l'élimination face au Real (0-3, 3-1), pour un penalty de dernière minute en faveur des Madrilènes alors que les « Bianconeri » avaient réussi l'exploit de remonter le 3-0 de l'aller. Devenu un des hommes forts du football européen, Al-Khelaïfi a lui été mis en cause au printemps par l'UEFA pour avoir « montré un comportement agressif et essayé de pénétrer dans le vestiaire des arbitres », également à Madrid (1-0, 1-3). Mais seul le directeur sportif Leonardo a finalement été sanctionné d'un match de suspension. Ces deux dernières années, cependant, les trajectoires des deux quadras semblent commencer à diverger. Nasser a réussi le tour de force de conserver son joyau, Kylian Mbappé, qui était bien tenté par le Real, et son club a reconquis le titre de champion de France abandonné en 2021 à Lille. Le Turinois lui a perdu les deux derniers « scudetti » après en avoir remporté neuf de rang. Et le pari Cristiano Ronaldo ne lui a pas permis de remporter une troisième C1 pour son club et en a plombé les comptes. Le descendant de la dynastie Agnelli (qui tient les rênes du constructeur automobile Fiat) s'est fait plutôt discret médiatiquement depuis le faux-départ de la Super Ligue. Il est en difficulté aussi en raison des résultats en berne de la Juve, sortie dès les 8e de finale des trois dernières éditions de la C1 et seulement quatrième ces deux dernières saisons en Italie. La vénérable « Vieille dame » a notamment été prise d'une frénésie assez inhabituelle en changeant trois fois d'entraîneur en trois ans – Maurizio Sarri en 2019, Andrea Pirlo en 2020 puis le revenant Massimiliano Allegri en 2021. Un activisme dont « Nasser » est lui aussi coutumier après avoir débarqué tour à tour Thomas Tuchel (décembre 2020), Mauricio Pochettino (été 2022) et intronisé Christophe Galtier. Les deux présidents ont fort à faire, mais le téléphone fonctionne toujours entre eux, ils ont conclu le prêt de Leandro Paredes de Paris vers Turin cet été…