La Super Ligue s'est dégonflée: le renoncement des clubs anglais, puis de l'Atlético, suivi du constat d'échec des trois équipes italiennes, a précipité l'échec de cette compétition dissidente mercredi, après seulement 48 heures d'existence. Soulagé, le football européen espère désormais « rebâtir » son unité. Par un retournement de situation aussi tonitruant que son irruption lundi dans le paysage, ce tournoi privé et quasi fermé, imaginé par de grands clubs pour supplanter l'historique Ligue des champions de l'UEFA, a perdu dix des douze sécessionnistes, deux jours après son lancement ! L'Atlético Madrid, premier club espagnol démissionnaire, a emboîté le pas des clubs anglais mercredi matin. C'est ensuite l'Inter Milan qui a donné le signal du retrait de tous les clubs italiens. Il ne reste donc plus que le Real Madrid et le FC Barcelone à ne pas avoir renoncé publiquement ! C'est dire si l'ambitieuse tentative de sécession a viré au fiasco. La Juventus, présidée par Andrea Agnelli, l'un des principaux instigateurs du projet avec le patron du Real Florentino Pérez, a reconnu que la Super Ligue avait désormais « peu de chances » de voir le jour en l'état. Il est « admirable de reconnaître une erreur, et ces clubs ont fait une grosse erreur », a souligné mercredi Aleksander Ceferin, le patron de l'UEFA qui avait multiplié les menaces envers les sécessionnistes depuis 48 heures et notamment contre Agnelli, son ancien ami. L'UEFA va pouvoir compter sur des partenaires de confiance, avec la nomination mercredi du patron du Paris SG, Nasser Al-Khelaïfi, à la présidence de l'Association européenne des clubs (ECA), succédant à Andrea Agnelli (Juventus Turin) démissionnaire. Le patron du PSG, déjà reconduit mardi comme représentant de l'ECA au comité exécutif de l'UEFA, était l'un des seuls patrons de clubs parmi les plus riches d'Europe à ne pas avoir fait partie du projet de Super Ligue. Dos au mur, les promoteurs de la Super Ligue ont publié un communiqué s'apparentant à une mise en pause de leur projet, en plein milieu de la nuit en Europe, en annonçant qu'ils allaient « reconsidérer les étapes les plus appropriées pour remodeler le projet ». L'heure du mea culpa a commencé pour ces dissidents repentis. Le propriétaire américain de Liverpool John Henry a ainsi publié une vidéo d'excuses, se disant « seul responsable » de la situation, tandis que son compatriote Joel Glazer, co-propriétaire de Manchester United et vice-président de l'éphémère Super Ligue, a reconnu avoir eu « tort ». Dans la nuit, Arsenal avait aussi fait machine arrière sur Twitter: « Nous avons fait une erreur et nous nous excusons pour cela », a écrit le club londonien. Et les joueurs de l'Atlético ont affiché leur « satisfaction » à propos du renoncement de leur club. En attendant de savoir ce qu'il adviendra des derniers représentants de cette Super Ligue, Real Madrid et FC Barcelone, cet épisode rocambolesque place le foot européen face aux immenses divisions qui le traversent, entre riches clubs avides de bénéfices et nécessaire maintien d'une forme d'équité et d'incertitude sportives. Les dissidents seront-ils punis pour avoir envisagé une telle révolution ? La réforme de la Ligue des champions à l'horizon 2024, adoptée lundi, sera-t-elle maintenue alors qu'elle ne semblait pas les satisfaire suffisamment, tout en étant critiquée par certains supporters comme étant peu lisible ? Autant de questions dont l'Union européenne de football (UEFA), qui réunit à nouveau vendredi son comité exécutif, devra se saisir, elle qui a pourtant lâché du lest ces dernières années face aux plus gros.