Dix-neuf entrants et cinq partants, dont Damien Abad: le gouvernement a été remanié lundi, deux semaines après les législatives, manière de lancer pleinement un quinquennat qui s'annonce périlleux, les oppositions dénonçant déjà un simple « jeu de chaises musicales » de l'équipe Borne II. Emmanuel Macron réunit depuis 16H00 la nouvelle équipe gouvernementale pour un premier Conseil des ministres. « Il convient de prendre acte de l'absence de volonté des partis de gouvernement de participer à un accord de gouvernement ou toute forme de coalition », a déclaré le chef de l'Etat en préambule du Conseil, alors que le président et sa cheffe du gouvernement avaient ces derniers jours chacun consulté les différentes forces politiques représentées à l'Assemblée nationale. Le chef de l'Etat a également souligné la « période exceptionnelle » que le nouveau gouvernement doit affronter, notamment « la guerre revenue sur le sol européen ». La réunion doit se conclure par une conférence de presse du nouveau porte-parole du gouvernement, Olivier Véran, remplaçant à ce poste Olivia Grégoire. M. Véran, qui conserve le portefeuille du « Renouveau démocratique », abandonne en revanche le particulièrement exposé ministère des Relations avec le Parlement, qui échoue à Franck Riester, jusqu'alors titulaire du portefeuille du Commerce extérieur. Mme Grégoire devient pour sa part ministre des PME, du Commerce, de l'Artisanat et du Tourisme. Caillou dans la chaussure de l'exécutif, Damien Abad (Solidarités et personnes handicapées), visé par une enquête pour tentative de viols après la plainte d'une femme et d'un troisième témoignage à son encontre lundi, sort du gouvernement. Il est remplacé par le patron de la Croix-Rouge, Jean-Christophe Combe. Alors que le camp macroniste ne compte plus qu'une majorité relative à l'Assemblée nationale après la claque des législatives, la nouvelle équipe reflète un subtil dosage des représentants de ses différentes forces politiques. Christophe Béchu, un proche d'Edouard Philippe, allié de LREM avec son parti Horizons, est promu ministre de la Transition écologique – en remplacement d'Amélie de Montchalin, battue aux élections législatives – en plus du portefeuille de la Cohésion des territoires qu'il occupait déjà. La députée Horizons Agnès Firmin Le Bodo, une autre proche de M. Philippe, est nommée ministre déléguée à l'Organisation territoriale et aux professions de santé. Le MoDem gagne pour sa part trois postes: Sarah El Haïry (Jeunesse et Service national universel) ; Geneviève Darrieussecq (Personnes handicapées) ; et Jean-Noël Barrot (Transition numérique et Télécommunications). Olivier Becht, pilier du parti de centre droit Agir, hérite du Commerce extérieur. Sur le flanc gauche de la macronie, le maire de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis), Olivier Klein, passé par le PCF et le PS, est nommé ministre délégué à la Ville et au Logement. Parmi les entrants issus de la société civile, l'urgentiste François Braun devient ministre de la Santé et de la Prévention en remplacement de Brigitte Bourguignon, battue aux législatives. La cheffe économiste de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Laurence Boone, devient secrétaire d'Etat chargée de l'Europe, en remplacement de Clément Beaune, qui part aux Transports. L'ancien préfet Jean-François Carenco obtient le portefeuille des Outre-mers en lieu et place de Yaël Braun-Pivet, élue présidente de l'Assemblée nationale la semaine dernière. Chez La République en marche, le député Roland Lescure est chargé de l'Industrie, Bérangère Couillard de l'Ecologie, et Hervé Berville nommé secrétaire d'Etat à la Mer en remplacement de Justine Benin, elle aussi battue aux législatives. C'est aussi le retour de l'ex-ministre Marlène Schiappa, nommée secrétaire d'Etat chargée de l'Economie sociale et solidaire et de la vie associative. L'opposition a accueilli sévèrement l'annonce de la nouvelle équipe. Au RN, la députée et ex-finaliste de la présidentielle Marine Le Pen a déploré sur Twitter que « ceux qui ont échoué (soient) tous reconduits », estimant qu'Emmanuel Macron « ignore ainsi une nouvelle fois le verdict des urnes ». « La macronie en galère de recrutement », c'est-à-dire le « signe d'un pouvoir en voie de décomposition », a pour sa part réagi la présidente du groupe LFI à l'Assemblée nationale Mathilde Panot, tandis que le porte-parole du PCF Ian Brossat critiquait un « nouveau jeu de chaises musicales ». Côté parité, le nouveau gouvernement rassemble 21 hommes et 21 femmes en comptant sa cheffe Elisabeth Borne, mais ces dernières sont sur-représentées aux postes de secrétaires d'Etat.