Propos recueillis par NES à Essaouira, Mohamed Nait Youssef Vieux Farka Touré a livré un concert électrique en ouverture du Gnaoua festival Tour. A la place Moulay El Hassan, le musicien et artiste malien a partagé la scène avec le maâlem Abdeslam Alikane et l'artiste Aziz Ozouss. Ce concert fusion a mêlé les rythmes gnaoua et africains. Dans cet entretien, l'artiste nous parle de sa première participation à ce festival, ainsi que son dernier album «les racines», dont la sortie est prévue pour le 10 juin courant. Rencontre. Al Bayane : Que représente ce festival pour vous, sachant qu'il accorde une attention et une programmation riche que diversifiée à la musique et aux rythmes, surtout africains ? Vieux Farka Touré : En fait, c'est le genre de festival qui mérite d'être à la tête des manifestations musicales. C'est la première fois que je viens à Essaouira ! Je pense que c'est quelque chose d'important. Il faut le prendre comme de l'or. Ils doivent soutenir cet événement et aller de l'avant pour promouvoir notre culture. Je l'ai toujours dit dans mes chansons : il y a certaines choses qu'il ne faut jamais laisser ou abandonner parce qu'un jour, il viendra quelqu'un d'autre qui va les prendre. Ce festival a une âme, et il faut le soutenir pour qu'il puisse perdurer et jouer pleinement ses rôles au niveau national, continental et international. «Les racines» est le titre de votre dernier album qui a pris 5 ans de travail et de recherche. Pourquoi un tel retour aux musiques traditionnelles du Mali ? La vérité, il faut savoir que d'un moment à l'autre, quelque soit cette période d'exil, il faut penser à retourner à la maison. Je vis à Bamako, mais j'ai toujours voulu retourner chez-moi. C'est la même chose quand je fais de la musique moderne ! Je me suis toujours dit qu'il faut que j'arrête et que je reprenne à nouveau cette musique traditionnelle léguée par mon père Ali Farka Touré... et que je continue d'ailleurs, à perpétuer cette tradition. L'album est un hommage à feu Ali Farka Touré. Est-il une continuité artistique sur les pas de votre père? C'est une continuité certes. J'espère qu'il y aura derrière moi, des gens qui vont continuer à porter cette tradition, parce que c'est une musique qui a été faite pièce par pièce par Ali Farka. C'était une musique qui était méconnue. Or aujourd'hui, c'est une musique qui est devenue connue grâce à lui. En effet, notre tâche actuellement est de continuer à la sauvegarder et de la promouvoir davantage. Vous êtes l'une des vedettes ayant ouvert le bal de ce festival qui prend cette année un format itinérant. Pensez-vous les fusions ont joué des rôles dans le rayonnement de la musique africaine à l'international? Vous savez, il y avait un moment où on ne connaissait pas les Gnaoua. Mais grâce à ces traditions et c'est grâce à ces fusions que les musiques africaines sont connues partout dans le monde et elles sont surtout aimées par les publics. C'est très important de soutenir ce festival et ses musiques. Pour moi, faire une fusion en tant que musicien traditionaliste même si je suis guitariste, est une chose indispensable, et je suis heureux de faire partie de ce groupe et de cette fusion. La musique africaine a connu une évolution ces dernières années. Pensez-vous que ce mélange d'instruments, d'influences surtout occidentales ont donné à cette musique, un certain universalisme ? A votre avis, l'écriture est-elle aussi importante dans votre démarche artistique? Effectivement, les rythmes et les mélodies sont importants. Le texte et l'écriture aussi. On a beaucoup travaillé sur ça d'ailleurs, parce qu'on essaye de garder et de soigner notre écriture. Comme vous l'avez dit, l'écriture musicale est très importante pour nous. Donc, on essaye surtout de traduire et de montrer le talent et le génie poétique africain dans nos musiques.